samedi 17 janvier 2015

Michel!

Michel aurait probablement aimé son enterrement! 

Tout y était, la foule, les très beaux textes lus par ses fils, la jolie petite église et les gags de la cérémonie! 
Pas de curé puisque l'espèce se fait rare, mais un diacre, bafouilleur et ses acolytes, un pseudo bedeau et un chanteur qui a dû rêver toute sa vie d'être chanteur pour dame, veste bleu ciel et cravate rose. Il   détonnait franchement par rapport à la foule en noir, il ne manquait plus que les claudettes. 
Le diacre ne savait jamais qui devait lire les textes, perdait ses papiers, s'est trompé dans le lancement des musiques, mais comme il l'a si gentiment signalé, ça n'avait aucune importance! Il s'est fendu d'une belle paraphrase d'un texte de Saint-Jean qu'il avait lu au préalable, atteignant probablement à ce moment son heure de gloire écclésiale!
Le bedeau vers la fin de la cérémonie a passé la panière afin que tous nous participions au paiement du chauffage qui soufflait derrière notre dos! Une fois la quête achevée, il s'est empressé d'aller l'éteindre tandis que nous sommes restés encore un bon quart d'heure à nous peler les miches, un poil cocufiés par tant de fourberies! Il n'y a décidément pas de petits profits! Le maintien en vie des petites églises paroissiales en terre impie, les garder hors d'eau, ne s'embarrassent pas du confort des fidèles!
Puis, nous avons défilé afin de rendre un dernier hommage au défunt, mais, je ne sais pas pourquoi l'énorme goupillon n'a jamais voulu tenir dans le bénitier quand je l'y ai replongé après avoir copieusement arrosé le couvercle et sa croix. L'émotion sans doute! J'ai  tout fait valdinguer au pied du cercueil dans un tintamarre de gamelles qui a dû faire sourire Michel! Ma première idée fut d'aller au robinet tout en réalisant que c'était loin d'être de l'eau bénite qui en sortait! Michel a dû penser qu'il ne méritait pas de finir à sec! 
Repose en paix, Michel dans le très beau cimetière de Tréboul, face à la mer, sous les coups de suroît!  Tu fus le premier concarnois que je rencontrai, (enfin né à Bamako), l'indéfectible ami débrouillard et débrouilleur de cafouillages. Tu n'hésitais pas à tes risques et périls à monter sur une chaise branlante afin de consolider une tringle de rideau et dieu sait, si j'en avais, après le récit que tu en faisais, des sueurs froides! 
Je me demande aujourd'hui comment je vais faire sans toi, sur qui je me déchargeais entièrement des situations que je détestais! Qui va me donner les doubles des contrats que j'entasse n'importe où au fur et à mesure qu'ils arrivent  mais que tu gardais précieusement au cas où je t'appelle pour que tu me sauves de ma phobie administrative? Certes,  j'en rajoute un peu et c'est plus par paresse que je me reposais sur toi. Je te savais présent, j'aimais aussi ta philosophie de la vie face à ces soucis de santé que tu connaissais espérant avoir tout le rab qui est bon à prendre et qui se sirote en père peinard,  ta façon de descendre la rue de la gare, avec ton écharpe au vent, ton habitude de tout noter pour ne pas te perdre, ton honnêteté, ta gentillesse dont tes fils sont aujourd'hui, à n'en pas douter, les dépositaires. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...