jeudi 19 février 2015

Une virée en Lituanie par procuration

Voici la suite des aventures de nos deux globe-trotters en Lituanie, polyglottes (enfin un ) et historien dans l'âme (l'autre) . 

Kaunas, Lituanie. Deuxième jour. Kaunas se laisse plus lentement apprivoisée que Vilnius. Est-ce parce que c’est la deuxième ville que je découvre en Lituanie ? En tout cas, la ville commence à prendre sens. Kaunas était la capitale de la Lituanie dans l’entre-deux guerres et s’en souvient avec nostalgie. On peut y voir l’ancien palais présidentiel avec la statue du président A. Smetona. 
Nous avons roulé nos valises depuis le quartier de la gare jusqu'à lasvaie aleja, tout en longeant un mémorial en l’honneur de Romas Kalanta, jeune lituanien, qui s’est immolé par le feu en 1972 pour l’indépendance de la Lituanie.
L’allée de la liberté organise aujourd’hui les 2/3 du centre ville. Il s’agit d’une longue et large avenue piétonne sillonnée par les gens en doudoune, parka ou fourrure. La perspective de l’avenue de la liberté est fermée d’un côté par une énorme église de style byzantin, l’église Saint-Michel Archange, autrement connue sous l’appellation église de la garnison. En effet, en 1919, l’armée lituanienne l’acheta aux orthodoxes, sans doute partis avec l’armée russe et y installa son lieu de culte catholique. Fermée en 1962, elle a été rendue au culte en 1990.
L’allée de la liberté présente un bel alignement d’arbres, une piste cyclable que personne n’utilise, des immeubles de deux étages, (datant de l’époque où la loi limitait la hauteur) et des bâtiments récents tel que la banque suédoise. On y trouve aussi comme monuments, le théâtre d’art dramatique, le théâtre de musique, les bureaux de la Ville et de nombreuses boutiques : cafés-restaurant, librairie, magasin de décoration ou de fringues, épiceries. Ce qui est frappant est de voir comment les produits et les marques de l’occident ont remplacé ce qui devait être russe auparavant. 
On peut, à peu près, se débrouiller en anglais à l’hôtel et dans certaines boutiques, mais chez le bouquiniste, il fallait parler russe ou lituanien, sinon rien. J’ai trouvé une belle – et dramatique- photo de détenus à la cantine du goulag, mais je n’ai pas voulu lâcher les 37 euros du prix. En revanche, j’ai acheté par inadvertance dans un paquet, une photo de « Osteebad NeuKuhren », plages surmontées de quatre drapeaux nazis qui flottent dans le vent. En fait, Michaël aborde tout le monde en lituanien, ce qui me dédouane de beaucoup d’efforts. Le passage à l’euro ce premier janvier enlève aussi bien des difficultés. Les prix sont inscrits dans les deux monnaies, on voit encore dans les banques de grandes affiches expliquant le passage d’une monnaie à une autre et montrant les billets et les pièces. Michael est allé changer ses derniers litas à la banque pour récupérer 60 euros.
Au bout de l’avenue de la liberté commence la vieille ville proprement dite. On remonte la rue de Vilnius. En déambulant dans la vieille ville, nous sommes tombés sur les maisons remarquables, quoiqu’en brique : la maison Perkunas, en style gothique flamboyant, ancien siège de la Hanse, la maison du consistoire des luthériens et celle d’un collège jésuite, ces derniers étant très présents en Lituanie. La rue de Vilnius débouche sur une grande place avec l’ancienne mairie de Kaunas et son beffroi, la cathédrale et l’église de la Trinité, tout en sobriété,  l’extérieur, car nous n’avons visité aucune église. A chaque fois que nous avons tenté d'y pénétrer, nous nous sommes heurtés à une porte fermée. On n’ouvre que pour le culte, en tout cas, en février. Sur cette grande place se trouve aussi, la statue de 1977 du poète Maronis, qu’on pourrait un peu rapidement confondre avec une statue de Jean-Paul II.
A partir de cette place, on peut aisément atteindre une des limites de la ville, où se trouvait la château-fort de la ville, dont la motte castrale est toujours en place surmonté d’un donjon de briques rouge flambant neuf, qui tranche sur la grisaille et le vert environnant. Ici, on ne néglige pas les monuments médiévaux, on construit l’identité nationale avec.
Hier soir, en poursuivant nos pérégrinations, nous sommes aussi passés devant l’un des deux hôtels Intourist, resté en l’état des travaux infinito, structure de bétons aux ouvertures béantes de vingt étages, momifiés le 11 mars 1990, quand un peuple et un petit territoire de 65000 km2 ont fait sécession de l’Urss. Urate, la soixantaine, nous a chanté hier soir un hommage à Lénine, qu’elle avait appris à l’école, nous disant, que si on a le sens de l’humour, on peut survivre à tout, et que Poutine est le nouveau Lénine des Russes. On parle de transformer l'intourist en résidence étudiante, mais cela coûterait sans doute trop cher et poserait des problèmes de normes aujourd’hui. Comme cela coûterait aussi une fortune de le détruire. Ce vaisseau amiral fantôme flottera encore longtemps sur la ville.
L’économie est en croissance ici, mais les jeunes émigrent pour leurs études et les actifs pour le travail et ils ne reviennent pas forcément, ce qui explique que de beaux immeubles historiques ne soient pas rénovés. A moins, que la bourgeoisie ne préfère les hauteurs de la ville pour construire des maisons individuelles à l’architecture très contemporaine, comme nous l’avons vu. Avenue de la liberté, un autre îlot semble aussi arrêté dans sa construction, un projet occidental cette fois.
D'après l'école d'anglais où est allé Michael, la demande étrangère est faible pour apprendre le lituanien...

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