vendredi 5 janvier 2018

Saint-Malo

Saint-Malo est la ville de mon enfance, celle où je rêvais d'habiter un jour... Là où je vis aujourd'hui ne constitue pas un ersatz de ce rêve, j'ai la mer, j'y suis bien, la ville n'est pas trop grosse, l'urbanisation raisonnable, à quelques encablures de Quimper, j'aime, mais la cité malouine reste le graal où j'adore me rendre en pèlerinage. 
Bon-Secours et le Grand Bé

Jusqu'à ce que j'ai 7 ans, nous passions, tous les étés,   de longues vacances à Saint-Malo.
Nous allions chez ma tante et mon oncle, villégiature qui était pour moi le comble du bonheur. J'en garde de merveilleux souvenirs.  
Tout me faisait rêver, tout ...
L'odeur  des chambres et du grenier sous l'étouffoir des poutres dans la maison de mes cousines, les semaines de Suzette que je pouvais lire, la propreté du sous-sol, l'établi tout bien rangé de mon oncle,  la raideur de l'escalier pour arriver à la cuisine. 
Les noms, tous les noms que j'entendais, enchantaient mon imagination: Saint-Coulomb, la Guimorais, Paramé, Rothéneuf, la Découverte, Jacques Cartier, la tour Solidor, Rocabey, les Bas-sablons, Bon Secours, le Sillon, Intra-Muros, quic-en-groigne, la pointe du Grouin, Cancale ... Ces mots évoquaient la liberté et les voyages sur toutes les mers du monde. 
J'adorais aller à la plage de Bon-Secours (le matin nous fréquentions celle des Bas-Sablons plus près, à Saint-Servan), la piscine était magique et permettait de se baigner même à marée basse, on pataugeait à côté dans un marouilleau de rochers, au retour je faisais deux tours de manège juchée sur l'autruche d'où je pouvais attraper la queue du Mickey. 
Mes parents, mon oncle et ma tante riaient aux souvenirs communs vécus à Saint-Coulomb, des vagues de la Guimorais, des films qu'ils allaient voir comme la Grande vadrouille (1966). Régulièrement mon oncle achetait des Cancalaises qu'on allait chercher directement dans les parcs à huîtres, l'ostréiculteur les sortait des bassins. Jacques nous offrait des craquelins et du pschitt à l'orange.
J'aimais me promener dans Saint-Malo, entrer par la porte Saint-Vincent, traverser jusqu'à la porte de Dinan, revenir par les quais. Le port sentait la morue séchée. Le pont se levait devant la voiture pour rentrer sur Saint-Servan.
On allait, par forte tempête, sur le sillon prendre les vagues, j'adorais quand mon père ne pouvait y échapper et finissait trempé. A tout bien réfléchir, il devait faire exprès pour nous faire rire.

Je reviens de ma virée annuelle au pays malouin, j'ai fait la totale, y compris le cimetière sur la tombe de ma famille où officiait une voisine. Elle y vient chaque jour entretenir la tombe de ses parents ce qui profite à la notre. Elle enlevait les décorations de Noël et astiquait les plaques commémoratives. J'ai particulièrement apprécié les deux mètres de gravillons sur le chemin, qui ponctue le sable.

En cette saison, avec un TGV à deux heures de Paris, la ville grouille de touristes qui arpentent le Sillon, luttent contre le vent, sur la plage. Les hôtels étant pleins, j'ai opté pour une nuit en chambre d'hôtes (ici), à Rothéneuf dont je n'avais aucun souvenir. Au petit matin, j'ai cherché le chemin côtier, quasi inexistant, puisque  les propriétaires de belles villas du siècle dernier ont privatisé le littoral, privatisation qui perdure, transformant le sentier en pointillés. Les plus laides maisons sont détruites au profit de bas immeubles rompant l'harmonie du littoral.
Le Sillon


Le phare des Bas-Sablons


1 commentaire:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...