Mon arrière arrière-grand-père s’appelait Pierre, il était cultivateur et tailleur de pierre, il est mort à Combourg le 22 décembre 1881, il était marié à Françoise Marie Couvert (1827-1893) cultivatrice demeurant à la Basse Epine. La ferme existe toujours sur la commune.
Plusieurs générations de Lefrançois sont originaires de Combourg. Cependant, ils ne s’y installent qu’au début du XVIIIème siècle (1743), à la faveur du mariage de Jean Lefrançois (né en 1726 à Meillac) avec Gillette Lencezeur (1727-1799) originaire et habitant Combourg. Un de leur fils, Julien Lefrançois y naît en 1758.
Meillac et Combourg sont deux villages voisins, aujourd’hui deux communes limitrophes ; Meillac est sur la départementale 794 en direction de Dinan, vers l’ouest. Les centres bourgs ne sont éloignés de 5,7 km que l’on franchit en 7 minutes aujourd’hui.
A partir du milieu du XVIIIème siècle, la famille de Jean Lefrançois ne quitte plus Combourg. Le couple garde pourtant des liens avec Meillac puisque leur fils Julien Auguste (1758-1808) épouse une fille Lafond Anne Françoise. (1771-1821) originaire de cette paroisse.
Ces Lefrançois sont cultivateurs, à la Pérosselais, au sud de Combourg, ou à La Vieux-Cour, à l’est, mais surtout à la Basse épine au nord ouest.
La Basse Epine est un écart qui se distingue lentement d’un écart plus ancien, la Ville en Julien, le nom est ajouté au crayon à papier sur le cadastre napoléonien de 1828. Ces hameaux sont proches de la limite communale avec Meillac.
Cette branche de Lefrançois y reste presque tout le XIXème siècle. D’autres Lefrançois vivent dans les autres écarts de la commune plutôt à l'ouest de la ville mais il n’y a pas de véritable dispersion sur tout le territoire de la commune de Combourg.
Les hommes vont chercher leur future épouse à la Chapelle-aux-Fitzméens : les filles Couvert principalement Rose-marie (1792-1838) et Françoise-Marie (1827-1897) demie nièce de la première puisque le père de Françoise était le demi-frère de Rose Marie. Se marier entre apparentés est une pratique courante des communautés "refermées" sur elles-mêmes (Martine Ségalen, Destins français, Essai d’auto-ethnographie familiale, Lyon, Créaphis éditions, 314p. p.59 ).
A la Basse Epine, il y a une dizaine de maisons, composées d’une cour sur le devant et d’un jardin à l’arrière. On y vit majoritairement en famille, les oncles et leur familles sont voisins. Tous les Lefrançois sont propriétaires de quelques arpents, on peut ajouter quelques terres ou landes, souvent dispersées parfois un peu éloignées de la maison .
Les revenus sont issus de ces petites propriétés insuffisantes pour vivre et de fermage. Les femmes sont ménagères ou journalières.
A la fin du XIXème siècle, la première migration d’envergure se fait vers la ville et le centre bourg, vers un des quartiers les plus pauvres de Combourg. 1880 marque une cassure du fragile équilibre économique fondé sur l’agriculture. Dans le pays bigouden, les plus pauvres se tournent vers les ressources de la mer, en Ile et Vilaine vers les emplois qu’offre la petite ville : cantonnier, domestique.
Les Dupont/Lebaux sont plus mobiles sur l'ensemble du territoire au XIXème siècle mais aussi plus pauvres, ne possédant rien, pas même leur mobilier.
Les revenus des terres étant souvent insuffisants pour faire vivre la famille, les hommes ont développé une deuxième activité: tailleur de pierre, filassier, tisserand par exemple.
Un seul chef de famille à la Basse Epine est uniquement cultivateur, sans doute gagne-t-il suffisamment pour vivre.
Les garçons et surtout les filles quittent la famille afin d’être domestiques chez des agriculteurs plus riches ou chez des notables de Combourg: Aimée Labbé employée chez le notaire maître Brugalé ou l’oncle Désiré, en 1866, domestique chez Fontaine Victor ou Léonie la future d’Emile, placée dès 12 ans chez l’instituteur.
Les générations suivantes, mieux éduquées et dotées du certificat d’étude, apprendront un métier, Léonie couturière ou Emile à la pharmacie.
https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA35017461
La Basse Epine aujourd'hui |