lundi 8 mars 2021

Bernard G. professeur!

Bernard est mort, j’aimais bien ce type! 

Quand j'ai vu son nom dans la rubrique des obsèques du Ouest-France, j'ai immédiatement pensé au théâtre de la Huchette qu'il m’a fait découvrir et à son humour très doux, étayé par un rire éclatant. 

Avec lui, j'ai organisé mon premier voyage scolaire à Paris dans mon lycée breton, avec des élèves très attachés à leur rocher, façon berniques. On était allé voir La leçon d'Eugène Ionesco, qui le faisait beaucoup rire, spectacle qui fut une révélation pour moi. 

J'ai toujours admiré sa constance. Il se levait très tôt le matin, pour venir au bahut, après une bonne heure de trajet! Il passait beaucoup de temps à corriger des copies disant que c’était l’essence et l’essentiel de son métier si on voulait que les élèves progressent. 

Bernard était réellement toujours d’égale humeur, sans un mot plus haut que l’autre, consensuel, liant, apaisant. Il ne manquait aucune récréation où il arrivait le sourire aux lèvres. Il avait un côté vieux beau, ancien jeune premier, il conservait une  mèche grise qui lui balayait le front. 

Je me souviens d'un discours d’adieu hilarant pour un professeur de lettres classiques, dans un sabir mêlé de mots grecs et latins, un délice d’humour. 

Bref, il faisait partie de la clique des vieux professeurs hommes bourrus et impolis que j’ai connus en arrivant au lycée et assurément il était le moins sexiste. Les autres ne me disaient pas bonjour, ils se sont réveillés à la lecture de mon grade! 

Il fumait beaucoup, à cette époque où c’était encore permis de tirer sur sa clope en cours ou en salle des profs, de la vieille clope brune, puante, qui jaunissait les doigts et les dents, je me demande s’il ne puait pas un peu du bec ? En tout cas j’étais fascinée par se dents pourries et jaunies qui entâchaient grandement le charme qu'il avait dû afficher dans sa jeunesse. Je me demandais comment il pouvait supporter cette image, persuadée que la mutuelle de l’éducation nationale réparait sans compter les ratiches des profs afin qu’ils offrent à leur public un sourire du plus bel effet. 

Je pense qu’il est parti en retraite, malade et fatigué … Il meurt jeune, 77 ans . 

Je ne sais pas vers qui me tourner pour partager ma peine bien que je ne l’ai vraiment jamais fréquenté en dehors du lycée . Sa mort me rappelle à quel point, passé un certain âge notre existence devient fragile, la machine se déglingue. 
Amis lecteurs (qui êtes peu nombreux), n’attendez pas la retraite pour faire ce que vous voulez, profitez-en tout de suite! Après 60 ans, c’est le début de la fin! 


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