samedi 29 mai 2021

Xavier Cercas Terra Alta

J'ai aimé ce premier livre policier de Xavier Cercas, Terra Alta 


Je n'avais pas lu de roman policier depuis des lustres et c'est avec bonheur et avidité que j'ai renoué avec ce genre! Le livre me suit alors partout, du lit au canapé, du salon de jardin au train pour Paris, me permettant de ne pas entendre le vieux qui, pendant trois heures, a raconté sa vie à la voisine qui l'accompagnait, d'une voix tonitruante. La belle personne qui est en moi s'est concentrée sur la lecture au lieu d'aller lui clouer le bec! Mieux que des boules quies! 

On retrouve dans l'ouvrage de Cercas, tout ce que j'aime: la beauté et l'aridité des paysages, la complexité d'une histoire douloureuse qui a marqué à jamais les Espagnols, le brouhaha des places de village le soir, la violence latente, sourde qui, pour moi, a toujours marqué mes voyages en Espagne. 

J'ai écumé et aimé l'Espagne y voyageant régulièrement mais mon premier séjour m'a marqué à jamais. Dans les années 70, mes parents qui ne parlaient pas un mot d'espagnol, ont accepté pendant deux ans d'aller goûter aux chaleurs de la Costa Brava malgré la crainte qu'ils avaient. Ils ont laissé en moi la peur de la dictature et de ses violences policières. Nous étions marqué par la misère alors visible en dehors du littoral. Je crois bien que le pire était le passage des ponts, à une seule voie, sans rambardes  dans la Citroen ID (équivalent de la DS mais pour les moins riches) avec le sentiment que mon père n'arriverait jamais à viser droit et que nous finirions écrabouillés dans les lits asséchés et caillouteux. Je pense n'avoir jamais autant serré les fesses qu'alors, respirant à grands bruits avant le prochain pont! A l'arrivée, il garait la voiture pour un mois et nous la reprenions couverte de poussière et de sable pour le retour. Je me demande si je ne vivais pas ce mois de vacances et ces longs trajets, en apnée tellement ils réussissaient à transmettre leur peur. 

Même si je suis un peu déçue par l'intrigue sans doute pas assez développée et subtile comme savent les écrire les grands maîtres du polar, Cercas sait mieux que personne évoquer l'Espagne, une ambiance. On se régale à lire la description qu'il fait des personnages et de leur complexité, qui à elle seule font la qualité du bouquin. 

J'attends avec impatience la suite qui vient déjà de sortir en Espagne! 

mercredi 19 mai 2021

RIP mes rosiers!



Ce matin, l'air était frais mais doux, le soleil déjà chaud,  je sortais benoîtement de mon cagibi, me dirigeant vers mon potager où cette année j'ai décidé de planter des fleurs: oeillets d'Inde et rosiers! Damned, un grand bruit de feuillage le long de la haie du voisin, un cul brun un peu haut, une silhouette toute fine, le chevreuil!! Mon sang n'a fait qu'un tour! Ayant constaté le veille que le magnifique rosier "Jacqueline Maillan" portait un grand nombre de boutons prêts à éclore, je me réjouissais de pouvoir enfin les admirer .. Las! Plus rien, coupés nets, nada, peau de zébu, la razzia!



Je venais enfin de comprendre pourquoi le rosier devant ma chambre semblait être devenu stérile! Je subodorais une taille trop rase, trop tardive ... Que nenni, la bestiole a déjà tout raccourci! Cette année sera sans roses! 

Dommage! 

J'avoue avoir eu des envies de chasse, de cuissot au vin rouge dans mon four, de tête empaillée au dessus de la cheminée, de descente de lit sous mes pieds devant le canapé.... Il n'y a guère de solutions sauf à s'armer d'un flingo ou de transformer son jardin en bunker grillagé: faire en sorte qu'ils ne puissent entrer, ne tolérer que les blaireaux, les souris, les rats, les crapauds et parfois le héron. 

L'espèce pullule cette année, les familles sont peu farouches, les membres batifolent au grand jour dans les jardins des résidences secondaires, au stade ou dans le petit bois public, peinards la majeure partie de l'année, bien planqués. Ils se régalent des haies et des boutons de roses. 

La haie taillée à hauteur de museau! 


La nature saura je pense liquider le trop plein, comme les lapins de Ouessant, morts, une année, de myxomatose ou les renards qui pullulaient, de la gale sacorptique. En attendant les chevreuils écument les jardins, se gavent et taillent les haies à hauteur de museaux. 

A écouter "les pieds sur terre " sur France Culture : l'homme chevreuil... 

PS On me dit que je peux acheter une arbalète pour tirer en toute discrétion, que le cuissot aura le goût de la rose une fois la bête vidée à la dague...

PPS: On me conseille du répulsif pour chevreuils, cerfs, biches et autres cervidés à base de graisse de mouton dont le fumet les tient à l'écart. Il  dure au moins 6 semaines en pulvérisation sur les plans à protéger...  J'y penserai l'année prochaine car aujourd'hui il y a fort à parier que mon rosier "Meilland" et non Jacqueline Mailland ne fera plus de fleurs ... 

mercredi 5 mai 2021

Tristes grossesses

Tristes grossesses (l'affaire des époux Bac, 1953-1956) de Danièle Voldman et Annette Wiervorka est un remarquable livre d'histoire qui m'a terriblement intéressée mais je me demande s'il pourrait être apprécié par des lecteurs non spécialistes ? 



Les auteurs racontent comment un fait divers a pu être à l'origine de la création du planning familial appelé alors la Maternité heureuse et comment il a pu être un point de départ dans la lutte pour la suppression de la loi de 1920 qui interdisait la contraception et sa promotion! 

Il rend hommage aux femmes et aux hommes à l'origine du combat: Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé notamment, gynécologue qui intervient dans le procès des époux Bac. Elle sut bouleverser l'opinion concernant les souffrances des femmes. 

L'abrogation de la loi de 1920 a rencontré l'opposition farouche des catholiques et des communistes dont le parti à l'assemblée nationale est alors puissant, ils y voyaient une lutte petite bourgeoise, destinée à aliéner une fois de plus la classe ouvrière. La loi Neuwirt n'est votée qu'en 1967, la loi sur l'IVG en 1975. 

L'accès à la pilule contraceptive fut une véritable libération pour les femmes. Et l'on faisait fi (aujourd'hui encore) des risques de tromboses qui font pousser des cris d'orfraies aux anti-vaccins. 

Dans les années 60, certains médecins conscients des difficultés des femmes qui enchaînaient grossesse sur grossesse se la procuraient et les donnaient aux patientes les plus fertiles de leur clientèle afin de leur éviter des avortements dangereux. J'ai toujours entendu dire par ma belle-mère qu'avec la pilule elle avait cessé d'avoir peur, elle qui a enquillé à partir de 19 ans trois grossesses successives. "Une goutte suffit" disait-elle à l'encan! Je supposais alors que la méthode Ogino et le coït interrompu n'avaient pas été efficaces.

Par contre je ne sais pas comment ma mère et mon père ont fait pour attendre 5 ans avant d'avoir un premier enfant et s'être ensuite arrêtés au deuxième! Il semblerait que mon grand-père, préparateur en pharmacie, ait pourvu mon père en préservatifs selon ma mère.  Elle y voit encore une trahison masculine puisqu'elle était en désir d'enfants! En gros je suis née parce que ma mère a "attrapé mon père" et mon frère "par accident"!  

Le livre est intéressant concernant les années 50, Paris et ses quartiers populaires et découvrir l'émergence du combat pour une maternité désirée et heureuse. 



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