vendredi 29 juillet 2022

Restée couchée!

 Il y a des jours où on ferait mieux de rester couchée! 

Moi, la mouette, ... Gaston, mon rêve du jour! 


Ainsi donc, d'humeur à jeter le merdier qui traîne un peu partout, je décide au retour de l'Ehpad d'aller à la déchèterie. Pour une fois ma mère ne m'a pas mis dehors, comme elle le fait habituellement la main sur la télécommande,  elle souhaitait que je reste plus longtemps! Sue Helen était morte le matin dans les bras de Pablo en se pâmant, l'après-midi de rudes gaillards en danseuse sur la route des cols ne passionnent guère ma mère! Elle était disponible pour me raconter que son curé préféré ne pouvait plus conduire, que José son voisin avait rendu l'âme, et que Dédé ne répondait pas au téléphone mais qu'hier un inconnu l'avait appelée, qu'elle avait noté le numéro (le mien avec un 0 à la place du 9) et que depuis elle tentait de savoir qui ça pouvait être, qu'à 9h30 juste à la fin des actualités elle était allée aux toilettes (j'étais ravie). 

Cependant, pour une fois, je n'étais pas seulement pourvoyeuse de fruits mais j'étais pressée de vider mon coffre! De jeter avec bonheur, comme le semeur au lever du soleil dans les bennes étiquetées, la vieille cafetière, la couette de trente ans d'âge qui pue et couverte de poils de chat, le râteau à gazon et ma mauvaise humeur!

Faire d'une pierre deux coups. 

A la déchèterie, pas de queue mais un aimable foutoir de voitures et de remorques, m'obligeant à me garer comme tout le monde, en vrac! 

Sous le cagnard de juillet, je sors prestement  de mon carrosse qui, sans prévenir,  se referme, clic clac! 

Tout fermé! Les clés, le sac et le téléphone à l'intérieur! 

Grand grand moment de solitude où tu te dis que la maison est à cinq kilomètres, que tu n'as plus rien pour rentrer chez toi, ni voiture, ni les numéros de téléphone des copines qui gardent tes clés (d'ailleurs seront-elles chez elles?), des chaussures pas faites pour la marche, le dénuement total, la loose... Je fais le tour plusieurs fois, j'appuie sur les poignées! Que dalle! La bagnole reste fermée comme si elle était vivante et qu'elle me faisait un grand bras d'honneur. 

Je la maudis et me dis que je vais aller demander au gars qui lui sait sûrement comme tous les gars qui savent! Quand, à mon grand soulagement,  j'entends le clic clac salvateur! Ne supportant pas l'idée de la profanation, (car j'avais bien envisagé de forcer la serrure avec un passe, ou un tournevis voir même un canif, une pelle, une pioche ou un marteau) elle avait le bon goût de s'ouvrir ! Je me précipite sur la première portière, je tire,  je prends les clés que je glisse prestement dans ma poche, soulagée... que dis-je, sauvée! 

L'affaire m'a rendue de meilleure humeur mais n'a pas enlevé mes maux de tête et l'envie de m'allonger sur le canapé en écoutant la mer et le vent dans les branches, un vent tout juste levé avec la marée! 

vendredi 13 mai 2022

Revenir aux fondamentaux!

Addicte depuis près de 30 ans à la lecture matinale de Ouest-France, premier quotidien en France avec environs 637000 lecteurs du journal en  papier  (tous bretons ou du grand ouest) malgré un format hors norme qui oblige le presbyte à remettre à plus tard la lecture des articles du haut de la page quand le bol du petit déjeuner occupe une partie de la table .... 

Je dis addicte car cette lecture est comme une drogue, le canard n'est pas très bon mais on ne peut s'en passer, ..... d'autant qu'il nous réserve parfois quelques pépites qui ont failli me faire avaler de travers ma crêpe à la confiture d'oranges amères. 



Joie! 
L'article fleure bon la bouse! Il ne reste plus à espérer qu'elles seront prolifiques et généreuses. 

Sur la même page, le boulodrome de Mellac fait polémique! Il ne servira qu'aux initiés, encartés à l'association! Pas question d'aller taper la boule après le gueuleton du dimanche midi. Les contribuables sont vent debout! 
Que devrait-on dire ici, en ville, où la mairie investit 3 millions pour mettre aux normes le stade de foot du club sensé atteindre la ligue 2 qu'il a ratée cette année? Transformer le stade avant la montée va peut-être les motiver un peu! En attendant, la pelouse et les tribunes profiteront à quelques contribuables et une douzaine d'abrutis de gars en short! 







mardi 26 avril 2022

Jeune fille en bleu à la fenêtre au crépuscule Alena Schröder

Jeune fille en bleu à la fenêtre au crépuscule d'Alena Schröder (roman traduit de l'allemand par Marie-Claude Auger, Chambon, Actes Sud, 2002, 292 pages) est un livre bien "foutu". Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais sa lecture est plaisante et il se lit comme un thriller. 



Berlin 2017. Lors d'une visite à la maison de retraite où réside sa grand-mère, Hannah 27 ans, trouve la lettre d'une firme d'avocats israéliens les identifiant, elle et sa seule parente encore vivante, comme les possibles héritières d'une collection d'art qui aurait été cachée pendant le régime nazi. 

Depuis le non de Klara de Soazig Aaron (Nadeau, 2002) les romans qui touchent de près ou de loin à la Shoah se sont multipliés faisant entrer la thématique, depuis une vingtaine d'années, dans une nouvelle ère moins sacralisée. 

Ici il s'agit de pure fiction mais le propos reste néanmoins plausible mêlant le sort de plusieurs générations de femmes depuis 1924 jusqu'à nos jours. J'apprécie tout particulièrement le fait que l'autrice n'en fait pas des tonnes (cf la carte postale d'Anne Berest) concernant la Shoah, fasse confiance au lecteur concernant ses connaissances sur le sujet, soit aussi à l'aise pour évoquer les années 30 que les années 70 ou la vie d'Hannah aujourd'hui. La structure du roman reste classique, chaque chapitre étant consacré à un personnage mais après un début un peu laborieux on se laisse facilement emporter par l'histoire. 

J'ai apprécié tout particulièrement les descriptions de Berlin, la tante Trude devenue nazie, les portraits des vieilles personnes et la personnalité attachante de l'héroïne. 

Je conseille toutefois de l'emprunter dans une bibliothèque ou d'attendre qu'il paraisse en poche.  Il ne m'a pas autant emballé que la maison allemande d'Annette Hess, actes sud, 400 pages, 2021. 

PS: je commence la lecture de la collection disparue de Pauline Baer de Pérignon, (folio, 2020), laborieux et scolaire, touffu ou foutraque, façon "pauvre petite fille riche ruinée mais néanmoins mondaine ". Je ne suis pas certaine de le finir! 

mercredi 16 mars 2022

Trois jours à Lille (et Roubaix)

Visiter Lille (et Roubaix) début mars sous le soleil fut une vraie bonne idée! Je recommande vivement pour qui ne saurait pas quoi faire de très longues journées de vacances! 

Porte de Gand, Lille 


J'évoquerai mes coups de coeur absolus, et quelques atouts qui peuvent vous pousser vers ces Hauts de France bizarrement nommés (ex Nord Pas de Calais) ... 

Ne boudons pas notre plaisir, de Paris (contrairement aux départs de province et quelque soit la destination) il est très facile et relativement peu coûteux de prendre le train pour la gare Lille-Flandre: nombreuses rotations dans des wagons confortables pour une heure et dix minutes de voyage. Le TGV file à travers les champs de betteraves avant de découvrir le long de la voie, quelques terrils herbus. A l'arrivée,  pour deux nuits,  il faut privilégier les hébergements de centre ville qui sont nombreux. Notre hôtel, au personnel charmant, donnait sur la Grand Place, celle de la Vieille Bourse, du Furet du Nord et de la Voix du Nord ; là où le soir, malgré le froid, les étudiants se réunissent pour boire des "coups". 
Tout ce que j'ai aimé : 
* visiter le vieux Lille. Le guide du routard (en version luxe un peu lourde dans la poche du blouson) propose un circuit architectural très intéressant afin de ne rien manquer. Un lundi de froid de gueux, peu de touristes musardent dans les rues et les vieux hôtels particuliers semblent bien vides, souvent occupés par des agences ou des offices notariaux. Proche du centre et au bas de la Rue Royale, le quartier s'anime. Les églises sont malheureusement fermées, les cours des palais du XVII ou XVIIIème fermées également.  
* Le quartier de la République est beaucoup plus foutraque, il convient de flâner le nez en l'air depuis le quartier de Wazemmes. Les halles sont bien vides en semaine; le bar des poissonneries avait l'oeil torve du poisson pas frais! Les architectes ont rivalisé d'imagination, jusqu'à la préfecture et au Palais des Beaux-Arts, 2ème musée de France après le Louvre pour la richesse de ses collections. Je recommande la visite afin de découvrir sa magnifique collection de plans-reliefs des forteresses du nord, extraordinaires plans en trois dimensions! Nous avons même visité la mairie de Lille, au coeur d'un quartier autrefois populaire, rasé par les pelleteuses dans les années 50-60, il est  aujourd'hui truffé de barres d'immeubles immondes. De son passé ouvrier ne subsiste que la minuscule rue des Brigittines aux petites maisons du XVIIème siècle de briques rouges où se seraient déroulées des scènes de sorcelleries et de possessions. L'hôtel de ville est un bunker où l'on n'entre qu'après avoir montré patte blanche, laissé son adresse et ses papiers, alors que l'immense galerie, "la rue municipale", de 107 m sur 14 m de large dessert des pavillons qui  ressemblent davantage à des locaux de la CGT. On y stocke les marionnettes géantes du carnaval! L'hôtel du peuple n'en a que le nom. Méfiance ou peur du terrorisme, on ne risque pas d'approcher Martine Aubry! 
* La villa Cavrois à Croix, mon coup de coeur absolu. On s'y rend en tram depuis la gare Lille-Flandre par la ligne qui mène à Roubaix (14km, 20 Minutes) le long d'un boulevard qui existe depuis une centaine d'années tout comme son tram, il est arboré et bordé de grandes maisons du XIXème siècle. La villa est un bijou! Merci à l'Etat d'avoir investi 23 millions d'euros dans la rénovation de cette maison, la recherche du mobilier d'origine dispersé! S'y rendre est aussi l'occasion d'apercevoir les grandes fortunes de la région dans ce quartier ultra-résidentiel. Dommage toutefois que la commune de Croix ne balise pas davantage le chemin piétonnier pour s'y rendre depuis l'arrêt du tram (un GR)! Avec un GPS défectueux on a vite fait de se perdre dans un quartier bunkerisé ou de marcher trois kilomètres au lieu de 800 m. 
Villa Cavrois


* la Piscine à Roubaix est mon deuxième coup de coeur! Cette magnifique piscine art déco, haut lieu de la sociabilité ouvrière dont l'écho se fait entendre autour du grand bassin (cris des baigneurs et des enfants), abrite un magnifique musée. 
La Piscine 


*J'aurais aimé visiter la manufacture, mémoire ouvrière de l'industrie textile,  malheureusement fermée pour cause d'incident technique inopiné, fermeture apprise à la porte après avoir marché des kilomètres depuis la Piscine! Nous avons toutefois découvert le Roubaix populaire, les rues aux enseignes fermées, les huisseries pourries des petites fenêtres des maisons de briques, les jardins étriqués et peu entretenus dans les arrières cours, les trottoirs étroits et les files d'attente devant les garages où les associations distribuent les vêtements et les victuailles. Les usines sont toutes fermées, tout est produit en Asie, ne subsistent que quelques ateliers de designers, des magasins de tissus, des plaques fixées sur de monuments désaffectés, des cheminées ou des usines reconverties en archives nationales ou en musées. Pour autant la région ne semble pas figée et l'on sent combien, depuis plus de 40 ans, le combat a dû être difficile afin de  sortir de la crise. 
* la bière et les bons restaurants : la Dinette, le comptoir 44, Babe, beer square, l'illustration.  
* les gaufres et les frites toutes servies avec de la mayonnaise, la gastronomie lilloise. 
* les pavés du centre ville 
* le ciel bleu! 

Il aurait fallu aller à Tourcoing et Villeneuve d'Asq, au bord de la mer ... Pour une prochaine fois? 
Les courées, enfin ce qu'il en reste! 

L'usine Mosse- Bossut à Roubaix




La rue municipale à l'hôtel de ville de Lille 

mardi 1 mars 2022

Regardez-nous danser (Le pays des autres, 2) de Leïla Slimani.

J'ai adoré le deuxième tome du Pays des autres de Leïla Slimani, Regardez-nous danser! (2022, Gallimard, 368p.)



Je n'avais pas vraiment accroché à la lecture du  premier tome, trouvant laborieuse la construction, le sentiment permanent de drames éminents, la complaisance pour la violence sociale que j'y sentais. Je n'ai pourtant pas résisté à l'achat du tome 2 afin de connaître le destin de Mathilde, Amin, Selma, Sélim et Aïcha entre 1968 et 1974. Bien m'en a pris, ce deuxième ouvrage ne laisse plus ce sentiment d'application scolaire, de rédaction façon "atelier d'écriture américaine". Le propos est fluide tout en utilisant une langue riche sans être obligée de sortir le dictionnaire, des phrases où les odeurs se révèlent, la douceur de l'eau de la piscine, la rugosité des troncs d'arbres, les murs lépreux des gourbis. Si les chapitres restent majoritairement consacrés à un personnage, l'auteur maîtrise mieux la technique et le procédé se ressent moins, le passage de l'un à l'autre est à peine repérable.

L'histoire du Maroc est évoquée mais sans être pesante, le récit qui en est fait est toutefois très instructif et il s'appuie sur les nombreux témoignages recueillis par l'autrice. Ne faut-il pas avoir quelques idées sur la question pour bien lire entre les lignes ce dont il s'agit (les années de plomb, les arrestations après la tentative d'assassinat du roi)? Elle donne incontestablement l'envie d'en savoir plus. 

J'ai aimé ce livre et je le recommande. C'est une réussite. 

Cette lecture peut utilement être complétée par la visite de l'exposition au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme à paris:Patrick Zachmann, voyage de mémoires (jusqu'au 6 mars) consacrée à son père et un peu à sa mère originaire d'Afrique du Nord. Les photographies de bal lors des mariages sont remarquables. 

samedi 26 février 2022

Une série ratée, Alger confidentiel (Arte)

Faut pas prendre les gens pour des billes, la série Alger confidentiel est ratée.  



L'idée aurait pu être excellente: le mélange des cultures, l'Allemagne, la France, l'Algérie, les paysages, Alger, la mer, le désert mais aussi Berlin. Convoquer l'Histoire, la guerre d'Algérie, la guerre civile! Un peu de France et beaucoup d'Allemagne (une responsable incorruptible forcément menacée). 

Une intrigue crédible au départ qui part en quenouille, à laquelle on ne comprend plus rien. 

Au final, une bouse! 

Une bande de pieds nicklés propres sur eux qui ne quittent pas leur parka à Berlin et s'agitent autour de camionnettes bourrées d'armes, ils sont prêts à tout faire péter mais se font prendre comme des bleus! 

Tous les protagonistes sont armés jusqu'aux dents et tirent à tout va sans qu'on sache  pourquoi et sur qui. Résultat?  Des morts en pagaille, des morts pour rien, certains meurent, d'autres sont épargnés sans que l'on comprenne la raison. 

Un des otages,  contre toute attente, pour fuir le feu des armes,  se jette bêtement sous les balles en courant vers la cour bombardée par des types  vraiment méchants, en hélicoptère, qui sont censés tous les éliminer mais ne viennent pas vérifier si  les deux clampins poursuivis sont morts. Ces deux-là, dont le héros, un enquêteur allemand propre sur lui et complètement crétin, finissent par tomber entre les mains d'Aqmi, les islamistes qui arrivent comme un cheveu sur la soupe. Après avoir couru comme des dératés, le héros et son pote, sont faits prisonniers après avoir passé la nuit à dormir à la belle étoile, les tennis blanches sont toujours immaculées malgré l'ocre de la terre et de la poussière. 

Le flic allemand joue comme un pied, il a le charisme d'une huître et on se demande bien ce que sa copine, juge d'instruction et forcément traumatisée par l'assassinat de son père pendant la guerre civile des années 90, lui trouve. Le meurtre du père semble justifier toutes les actions présentes des protagonistes bien déterminées à faire tomber le régime totalitaire et corrompu algérien. 

Rien n'est crédible, les espions qu'on aperçoit sur les balcons armés de leurs énormes téléobjectifs, des coups de fil passés, en veux-tu en voilà, de téléphones probablement surveillés, du moins c'est ce qui devrait être le cas dans un bon film où CIA, Dgse  et service d'espionnage algérien et allemand  interviennent. 

Des méchants vraiment méchants, forcément algériens ...un peu allemands aussi,  des gros vilains (Bouh on a trop peur) à tel point que leur méchanceté relève plutôt  de la farce et du grand guignolesque! 

Bref, c'est raté, franchement et j'ai perdu mon temps à regarder jusqu'au bout dans l'espoir de comprendre. Heureusement il n'y a que 4 épisodes !!!! 

Un conseil: ne pas regarder .. (Sauf peut-être pour l'acteur Dali Benssala que je trouve beau!).  

mercredi 16 février 2022

Je viens de terminer le nouveau Houellebecq: anéantir.

Je viens de terminer le dernier roman de Houellebecq, Anéantir, énorme pavé au sens propre et figuré de plus de 700 pages (730 pages, 26 euros, Flammarion). Probablement content de lui, l'écrivain publie dans une édition brochée de belle qualité*! 




Je ne me pendrais pas (je n'ai plus de cyprès depuis le 13 février 2016) parce que l'auteur est un peu plus optimiste que d'habitude quand bien même il ne parle que d'attentats, de morts, d'AVC, de cancer et d'Ehpad pourris. 

J'ai aimé et n'ai pas lâché le pavé malgré son poids, j'ai grandement apprécié la qualité de l'écriture. Le bougre écrit bien! 

Le propos est riche, il fait indéniablement réfléchir mais il reste étrange, le lecteur doit se débrouiller seul. Les personnages sont nombreux et attachants, peu de portraits au vitriol hormis une journaliste honnie. On se fiche comme d'une guigne de l'abandon des deux intrigues principales, politique et terroriste, aux deux-tiers du roman qui devient plus humain moins factuel. 

J'ai apprécié le récit des rêves du personnage principal même si je ne comprends pas pourquoi ils figurent dans le livre! Ils arrivent souvent comme un cheveu sur la soupe, aucune interprétation n'en est proposée, d'aucuns pourraient dire que Houellebecque meuble pour faire du poids et ce "collage" peut sembler bâcler tout comme les longues tirades pompées à droite à gauche. 

On peut toujours critiquer mais le livre offre un "je-ne-sais-quoi" qui transporte et qui fait qu'on le lit jusqu'au bout! Allez savoir pourquoi! Si le Monde s'enthousiasme pour l'ouvrage, la critique de Pierre Assouline dans son blog est dure,  à la première lecture elle m'a chagrinée n'ayant pas compris la complaisance qu'il affichait à l'égard de Yoga d'Emmanuel Carrère

*même si, pour ce prix-là on aurait aimé une impression de meilleure qualité souvent pâlichonne par endroit et l'absence de coquilles (fair page 280). 

lundi 14 février 2022

L'évènement de Audrey Diwan (2021)

Enfin un chef d'oeuvre, un film dans lequel on entre sans se poser de questions, ni regarder sa montre, ni penser au quotidien et aux mauvaises herbes qui poussent dans le jardin! Je recommande vivement, l'évènement d'Audrey Diwan (2021) Lion d'or à la Mostra de Venise, récompense hautement méritée.  


J'ai lu tous les livres d'Annie Ernaux,  découverte lorsque mon fils était en seconde ou en première et qu'il devait lire des romans et en faire l'analyse. Comment avais-je fait pour passer à côté de cette écrivaine remarquable dont les écrits résonnaient tant en moi? Les Armoires vides, la Place, l'évènement, la femme gelée, les Années. 

Le film est une oeuvre à part entière, il peut se voir sans avoir lu le livre. Je cite le Monde,"Au-delà de son sujet, L’Evénement a cette forme simple et radicale – sorte de journal filmé, au cadrage serré – qui fait l’étoffe des grands films, pour peu que l’actrice principale y soit exceptionnelle. C’est le cas de la comédienne franco-roumaine Anamaria Vartolomei, qui incarne Anne."

J'ai aimé la façon dont les années 60 sont reconstituées, sans excès, la chaleur des mois d'été et des bals où l'on danse, la justesse du jeu de Sandrine Bonnaire en mère usée par le travail peu habituée aux câlins, les garçons en cravate qui faisaient vieux avant l'âge, sûrs d'eux, libres et tellement égoïstes, les filles sublimes, solidaires : Brigitte, Odile, Françoise, Madeleine. Et cette fin qui nous réconcilie avec la vie et l'humanité!

Malgré l'arrivée de la pilule en 1967, je restais une jeune fille inquiète.  "Ne pas tomber enceinte" était l'anathème qui marquait l'arrivée des règles vers 12/13 ans avant même, dans les années 70, de savoir ce qu'étaient les règles, d'avoir vu un pénis hormis celui de son petit frère, de comprendre comment on faisait les bébés! Les quelques heures d'éducation sexuelle étaient données au lycée, j'ai le vague souvenir d'une projection ou d'un cours un peu appuyé sur la reproduction humaine avec quelques coupes anatomiques, le développement de l'embryon, la naissance, en bref un grand fatras qui arrivait déjà bien tard en terminale (dans les lycées publics)! Le reste on l'apprenait par le bouche à oreille dans des ricanements murmurés, feutrés, explicites ou pas. Pendant les boums, on flirtait beaucoup, on se pelotait souvent en se roulant des palots à bouche que veux-tu mais coucher, pas question, notamment quand on n'était pas "une Marie couche toi-là". Surtout morte de trouille de tomber enceinte, on vivait  la peur  au ventre (sans plaisir)! Enfin moi! Consulter un vieux gynécologue réac pour obtenir la pilule, (on se refilait l'adresse), consistait en un parcours du combattant, en parler à la mère revenait à avouer qu'on couchait (et ça ne se faisait pas). Les premiers rapports étaient forcément risqués car sans pilule et frustrants car toujours il y avait la consigne "ne pas tomber enceinte" ce qui aurait alors signifier la mort sociale, la fin des études, la merde! Avorter oui on y avait droit après 1975 mais à quel prix! 

Pouvoir acheter la pilule et en cas de pépins pouvoir avorter permettaient toutefois d'envisager la sexualité un peu plus sereinement. Cependant, la contraception restait largement une affaire de filles. 

samedi 12 février 2022

Les jeunes amants

C'est dans une salle immense (une fois n'est pas coutume pour la direction de notre cinéma) mais vide (nous étions cinq spectatrices) que j'ai vu le film les jeunes amants de Carine Tardieu. 



Voir un film c'est comme lire un livre, on y entre ou pas, on y vibre ou pas, mais en pire si on s'y ennuie sans oser s'en aller. L'image fascine et j'ai beaucoup de mal à sortir de la salle alors que je lâche volontiers un livre qui me tombe des mains ou sur lequel, dès la dixième page, je m'endors inexorablement. 

Voir un film c'est comme lire un livre il entre ou non en résonance avec nos états d'âme du moment. Je n'étais donc pas dans de bonnes dispositions!

Je me suis ennuyée surtout pendant la première partie et j'ai détesté le sacrifice de l'héroïne principale qui se sent trop vieille pour aimer, vibrer et préfère renoncer en décidant pour l'autre: le jeune amant qui bousille sa famille, heurte un poil sa fille célibataire qui ne croit qu'au coup de foudre (invention du XIXème siècle). Le propos sur tous ces sujets est stéréotypé, agaçant, gnangnan sans doute car il s'agit d'une femme âgée qui aime un homme jeune. Aucun homme âgé qui s'envoie en l'air avec une jeune femme souvent très jeune (je pense au couple de Cassel par exemple) ne dit qu'il n'a pas d'avenir pour elle (il va mourir bientôt ce qui est une réalité) et lui conseille de partir en courant! L'homme mûr n'a pas ces états d'âme, il n'est pas vieux, il exhibe sa jeunette (même si elle n'a que 20 ans de moins que lui) comme un trophée. 

Tout le long du film j'ai surtout été agacée par la cuculterie du propos (je suis trop vieille, malade et quasi mourante), le sacrifice de l'héroïne qui  refuse le bonheur et résiste à la mièvrerie des premiers mois de la passion amoureuse. Il est vrai que dans l'histoire elle est également  malade ( ce qui nous guette tous à cet âge-là),  gérer la maladie devient alors compliqué. 

Le jeu des acteurs, et notamment des seconds rôles, est formidable et sauve le film : excellente Catherine de France dans le rôle de l'épouse trahie dévastée par la tromperie, l'abandon (scène jubilatoire du bouquet de roses qu'on aimerait avoir vécue). Le scénario ne tient qu'à un fil et quelques ficelles: le tgv Paris-Lyon, les barres d'immeubles. On échappe à l'ascenseur et aux portes qui s'ouvrent ou se ferment, quoique ... 

jeudi 13 janvier 2022

Sauver le service public! Non à la privatisation!






Ce matin vers 11h30, la sonnette résonne, étonnement de ma part puisqu'il est rare qu'on l'utilise et que je puisse avoir de la visite spontanée en semaine. Je n'attendais pas de colis et j'ai pensé : démarchage de ramoneurs, vendeurs de balais et de brosses, voisins à la recherche de leur chien ou de leur chat, heureuse visite du chauffagiste que j'attends depuis 8 jours ou du jardinier depuis 3 mois!  
Que nenni! Un grand gars en costume de postier crotté comme un porcher dans une soue à cochons, tout mielleux, s'avance dans mon chemin. Recommandé en main, il me dit gentiment " j'ai un recommandé pour votre voisine qui est absente et j'ai oublié mon stylo ce matin, pouvez-vous m'en prêter un pour rédiger l'avis" ... Ben voyons! Je pense qu'il aurait aussi accepté un petit café voire un gorgeons, une gnole bien serrée,  chaudement installé sur un coin de table de ma cuisine mais je n'avais pas vraiment envie qu'il entre. 
Je lui ai donc apporté l'instrument professionnel oublié en pensant qu'à ce rythme la tournée allait s'éterniser! 
Nous papotons benoîtement (il  me demande l'heure et la date), j'enfourche mon dernier cheval de bataille: la non-livraison du journal le Monde le samedi matin! 
Il me répond ce que je savais déjà: pas de tournées le samedi matin sauf pour livrer les colis, sinon pour le reste, la distribution se fait sur la base du volontariat quand de hardis facteurs acceptent deux secteurs en un et de se lever le matin! 
Inutile de se battre pour sauver la poste puisqu'elle a déjà rendu l'âme, elle est devenue une entreprise privée qui reçoit une délégation de service public. Elle n'assure pas ou mal ce service, la distribution ne se fait pas  le samedi et tous les autres jours où elle ne trouve pas de contractuel(le)s payé(e)s au lance-pierre ou de volontaires avides d'heures supplémentaires.    
Afin de me remercier du service rendu,  il me dit " bon, je verrais si je suis en état samedi matin pour me porter volontaire et distribuer le courrier dans le quartier". Il se sentait probablement redevable. 
Il remonte dans sa voiturette électrique couverte de boue! 
- Fichtre, lui dis-je, mais d'où venez vous? 
- C'est plein de boue sur les chemins proche du Minaouet. Ce n'est pas vraiment un 4X4 mais c'est certain que ça en a tout l'air.
- Et vous assurez aussi l'entretien de l'engin?
- Oui et j'ai intérêt car Régis le titulaire que je remplace, va péter un cable! Le problème est que je ne peux pas utiliser le Kärcher car le moteur est électrique ...J'attends la fin de semaine avant le retour Régis le méticuleux pour lui rendre son éclat.  " 
Je l'imaginais à la fin de la tournée, balai-brosse en main, en train de décrasser la mini-comtesse pour qu'elle rutile à nouveau ... 
La visite m'a mise en joie! 

Mais finalement pour dire quoi? 
Que le service public est menacé, que râler contre les fonctionnaires et prévoir leur suppression et la diminution des effectifs, c'est se priver de tout ce qui a fait jusqu'ici de la France un pays riche, où il fait bon vivre et qu'à terme ce pays où il suffit de dire "j'ai le droit" pour obtenir des services n'en a plus pour très longtemps... 
Plus de postiers
Plus de cheminots 
Plus de soignants 
Bientôt plus de profs 

mardi 4 janvier 2022

Julie en 12 chapitres.

Julie (en 12 chapitres), un film de Joachim Trier 


J'aurais fait n'importe quoi pour aller voir ce film! L'affiche, les critiques de ma presse préférée (Télérama et Le Monde) m'y encourageaient fortement! Je n'étais toutefois pas prête à sacrifier une randonnée sur l'Aven et un bain à Port Manech! 

Bien m'en a pris puisque ce n'est pas le chef d'oeuvre attendu ... Loin de là! Le titre norvégien conviendrait mieux La pire personne du monde que le lumineux Julie (en 12 chapitres) ... 

Le film est long 2h08, je n'aime guère ces durées souvent pesantes pour un film qui aurait largement pu être réduit de 20 bonnes minutes. Je n'ai certes pas dormi ce qui est le critère d'un spectacle regardable jusqu'au bout (et pourtant pas de sieste et une copieuse séance de natation le matin). 

Cependant, Julie se perd et nous perd, le sujet est agaçant et je ne suis pas certaine qu'un réalisateur puisse évoquer les états d'âme d'une femme sans les caricaturer, la psychologie frise le commentaire de bistrot. En vrac,  le père absent, le mansplaining, une brève histoire des femmes et de la maternité à travers les ascendantes de Julie, les mecs autocentrés, le désir d'enfants (ou non), le temps qui passe, la sexualité, le travail, la maladie, la mort, bref le film est un fourre-tout plaisant certes mais un poil ennuyant. Les actrices et les acteurs sont beaux et jouent très bien! 

Pour la beauté, c'est loin d'être le cas des acteurs du film franchouillard mes très chers enfants avec Josiane Balasko et Didier Bourdon. La réalisatrice ne s'attarde pas sur les états d'âme de trentenaires inquiets pour la planète ou en recherche d'équilibre et de bonheur, mais ceux de vieux cons abandonnés par leur progéniture également trentenaires mais ingrats, vulgaires et attirés par le pognon! Pas de psychologie de comptoir et un happy end bon enfant après une leçon de morale.  La caricature est grotesque mais affichée, on rit un peu...

Deux films aux antipodes ? Pas tant! 

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