mardi 15 décembre 2020

Les Roches du Diable.

La randonnée des Roches du Diable, lieu de légende de la bataille de Saint-Guénolé contre Lucifer, est une randonnée rurale, surtout l'hiver! 


Un village désert Locunolé, où l'on gare la voiture devant le monument aux morts,  des fermes dispersées, -Bodalec, Kerhuel, Grannec, Kerflatrès, Ty Danigou, Lonjou,- loin des grands axes bretons, des collines soulignées par des talus et des lambeaux de bois sur des sols granitiques qui surplombent les flots tumultueux de l'Ellé. La randonnée campagnarde dépayse! 


C'est une balade longue (18km), classée difficile, et très paysanne avec peu de routes goudronnées, beaucoup de chemins creux qui vont de moulins en fermes isolées. 

Après plusieurs jours de pluie, la terre est trempée, la gadoue règne en maître, aux abords des prés où sont conduites les vaches. Des centaines de sabots ont labouré les chemins, devenus quasi impraticables sans botte en caoutchouc. Il faut pourtant les traverser en prenant le risque de s'y enfoncer jusqu'aux chevilles.  L'astuce est de tenter une approche sur la crête de l'empreinte du sabot mais à ses risques et périls. Une fois sur deux, le pied ripe et s'enfonce profondément dans un jus épais et saumâtre de boue et de purin. La semelle "botte" comme à la neige mais la gangue de terre colle bien plus fort qu'un paquet de neige immaculée. La flotte pénètre la semelle et les mollets sont constellés de croutes terreuses, mâtinées de vert, voire de bouse de vache! 

Ce monde n'est pas vide, on a croisé un troupeau mené benoîtement par la fermière en blouse à carreaux sous un blouson anorak  beaucoup trop grand pour elle, au bleu improbable, terni par le soleil et le temps. Elle avançait en tête, au rythme des bêtes plus effrayées que nous et surtout très curieuses. C'est religieusement que nous nous sommes rangées sur le bas-côté en attendant que la procession termine, épatées de presque pouvoir les caresser sur le museau. Le fermier poussait aux fesses, les traînardes. La compagnie venait de quitter la stabulation pour de verts pâturages, on entendait pourtant le meuglement de celles qui n'iraient pas prendre l'air cette fois-ci. Dans un enclos particulier, quelques veaux tout propres pointaient vers nous un regard tout doux qu'on imagina suppliant. 
S'il n'y avait pas quelques pylônes à haute tension, d'immenses hangars, des engins de culture au repos le long des tas de paille en ensilage, des barbelés le long des chemins, on pourrait croire que rien n'a changé depuis des siècles. Mais immanquablement, la ferraille et le plastique nous rappellent la ville tout près (Quimperlé), le bruit et la fureur (comme je me la pète!). 
NB: Quimperlé est une aimable bourgade, un poil endormie qui vit au rythme de l'abattoir et des usines de fabrication d'aliments pour chien et chat. 

Croix de mission et murs moussus en granite des vieux bâtiments,  des "crèches à cochon", ponctuent toutefois la balade et font la joie des randonneurs. Le guide qu'il faut avoir afin de ne pas se perdre, les signale. 

Il manque la mer! Certes! A vol d'oiseaux elle est à 20km, mais on y est tranquille, voire perdu! L'hiver ou à l'automne, les gais randonneurs préfèrent le chemin des douaniers à la gadoue des chemins creux et leurs odeurs moussues de feuilles en putréfaction. 
Cependant l'expédition n'est pas sans danger puisque la campagne est  le paradis des chasseurs, autorisés à réguler la nature (qu'ils ont un peu aidée en nourrissant les sangliers afin qu'ils prolifèrent). Le lundi, ils sont bien présents sans vraiment se signaler, (panneaux "danger chasse en cours") armés jusqu'aux dents, maîtres des taillis et des fossés, franchement affolés qu'on puisse traverser leurs terrains de jeu alors qu'ils se pensaient peinards. Leur périmètre est toutefois restreint, ils sont bien une quinzaine à se marcher sur les pieds, à deux pas de leur voiture garée sur le bas côté des routes communales.
 
Novembre n'est pas le mois de l'épandage, coup de bol! Deux fois par an, la Bretagne sent la merde, le lisier que des machines dispersent sur les champs fraîchement labourés. 





Se garer place de l'église à Locunolé au nord de Quimperlé, balisage en jaune principalement et une partie GR 34E blanc et rouge le long de l'Ellé. 
Pour la légende, Saint-Guénolé, patron des occultistes,  est invoqué pour la quiétude des marins et la fertilité des femmes (trois en un): Quimperlé terre océane. 

jeudi 10 décembre 2020

Le chien idéal

Je hais les chiens! A moins que ça ne soit leur maître ou leur maîtresse ou les deux*! 

Ceci n'est pas un chien. Killa, 4 mois !

Le canidé pue! Il sent "le chien", une odeur commune à toutes les races, le suint mélangé à je ne sais quoi de fort et musqué, en tout cas, un truc pas propre! L'odeur est encore plus forte et dérangeante lorsqu'il a galopé dans la campagne, qu'il s'est roulé dans la boue des rias à marée basse. Ce que le chien affectionne par dessus tout, c'est le cracra, les marais, les charognes, les crottes et le trou du cul de ses congénères et non l'eau pure et limpide ... De toute façon même immaculée, l'eau a un effet délétère sur le pelage de la bestiole, elle accentue l'odeur animale du chien. 

Le chien aboie et mord. En général, on ne sait pas bien pourquoi quand on n'en possède pas! Le fauve aurait-il été offensé par un regard en coin, une sidération à sa vue, une mauvaise pensée? Je me suis toujours dit qu'il devinait tout le mal que je pensais de lui et mes envies de meurtre. 

Le chien saute sur tous les pantalons, blancs si possible, mais aussi les joggings tout propres, les cuisses nues, les jupes et les jolies robes fragiles, il colle ses pattes sales, en impression, le plus haut qu'il peut, et tant qu'on ne lui dit rien, il s'en donne à coeur joie ...

Le chien ne comprend rien,  même pas son propriétaire qui pourtant s'évertue à lui dire d'arrêter, de se calmer, de venir au pied, de le rappeler à lui, en vain," ici, au pied, viens-là, Médor". C'est alors que celui-ci vous dit, quand il a enfin réussi à maîtriser le molosse,  d'un air mi-réjoui mi désolé, "il n'est pas méchant" ! Non non il n'est pas méchant! Il a failli vous renverser, vous faire tomber, il a pourri vos vêtements propres, il a montré les crocs et aboyé  d'un air mauvais, vous a reniflé le cul, vous a laisser imaginer un bout de mollet en moins ou le tendon d'Achille arraché par les crocs d'un caniche haut comme trois pommes... Le comble c'est lorsqu'il est au bout d'une laisse rétractable que la propriétaire laisse volontairement détendue avant de réagir d'un air hypocrite!

Une gentille camarade, devant ma réaction de panique et de colère (j'avoue que dans ces cas-là je peux insulter les maîtres) face à l'agression caractérisée, m'a gentiment expliqué "que j'avais un problème avec les chiens et qu'il serait sans doute bon que je consulte un psychologue afin de le régler" ... Sans commentaire!

Bref, je hais les chiens! 

J'avais pourtant toutes les dispositions nécessaires pour les aimer. Enfant, je me suis régalée à lire et relire Lili et son basset de Marguerite Thiebold, dans la bibliothèque rose. «Je m'appelle Bruno. Je suis de la race des bassets, et mon pelage est d'un beau brun lustré. C'est ma petite amie Lili qui m'a poussé à rédiger mes souvenirs. J'ai donné bien de la peine à l'imprimeur, car j'écris de la patte gauche : un sanglier féroce m'a blessé autrefois à la droite". J'adorais cette petite bête courageuse!  J'ai très vite oublié Bruno!  Dans les fermes où on allait chercher le lait ou acheter des lapins, les chiens étaient mauvais comme des teignes, arrimés à la niche par une longue laisse en mailles de fer, les crocs sortis en rictus au dessous des babines relevées, bavant de haine (ou de douleur d'être enchaînés). Il ne fallait pas s'y approcher ou attendre que la fermière les enferme lorsqu'elle les avait lâchés afin de rentrer les vaches à l'étable. 



J'en avais une trouille bleue. 

Cependant, voilà plusieurs semaines que je croise le chien idéal et sa jeune et jolie propriétaire sur le chemin côtier. Lorsqu'elle m'aperçoit elle se range sur le bas côté (ce que je ne lui demande pas, je peux aussi courir au large), s'arrête, dit quelque chose tout doucement à son chien, -chien bâtard, ni petit ni grand et assez moche-  qui vient aussitôt se poster à côté d'elle dans la plus grande indifférence à mon égard. Nous nous saluons cordialement! L'expérience s'étant renouvelée à plusieurs reprises, la dernière fois, je lui ai dit que j'aimais son chien ... 

A l'évidence les cons de chien sont mal élevés. 

Ayant randonné en Espagne sur le sentier côtier vers San Sébastien, par une belle journée dominicale,  nous avons rencontré une palanquée de chiens qui suivaient leurs maîtres sans faire le moindre écart ou sans montrer une quelconque agressivité à l'égard des passants qu'ils croisaient! On en avait conclu  que la gente canine espagnole devait recevoir une éducation d'excellence. Nous fumes convaincues de la justesse de notre hypothèse lorsqu'un homme a fait asseoir son chien d'un geste du doigt avant de lui donner un biscuit, et pas deux ! C'est aller vite en besogne que de conclure aussi vite sur le dressage parfait des chiens espagnols mais notre conclusion correspond parfaitement aux exigences d'une vie en appartement! 

* Un bon chien= un chien mort un bon maître! 

mardi 8 décembre 2020

La procession

J'ai toujours aimé les processions

Cuzco. Pérou. Avril 2017



Un de mes plus grands plaisirs quand j'étais petite, à Sacé, était de monter sur le mur de l'école afin de voir passer la procession. Je calais mes pieds sur les petites aspérités de granite, l'arrondi du muret (je sais aujourd'hui qu'il s'agissait d'un petit mur) était chaud sous les bras, presque molletonné. Les lichens grattaient la paume de la main, le pied ripait et d'un bras leste passé sur la courbure, penchée vers le fossé, je pouvais tenir tant que durait le spectacle. Parfois ma mère me retenait à l'aide de sa jambe, qu'elle plaçait à la manière d'un haut tabouret.
Immanquablement, chaque année, du mur de l'école publique, ma mère et moi les regardions passer. 
Ma mère  pouffait, "bouffait du curé", ne s'en privait pas, et préférait cotiser au syndicat d'extrême gauche qu'au denier du culte.
Pour autant, je ne m'expliquai pas bien pourquoi elle allait aux enterrements .... 
Ramasser les fémurs et les péronés  qui sortaient du sol autour de l'église compensait largement cette incohérence. 
Toujours est-il qu'avec le vieil instituteur en retraite qui vivait plus haut dans la rue, nous étions les seuls à ne pas participer à l'expiation collective. J'en tirai une certaine gloire, nous n'avions pas besoin de démonstration magique pour vivre et bien se porter! 

La procession avait du chien et tout particulièrement le curé et les communiants, je n'ai qu'un vague souvenir de la suite du troupeau, si ce n'est la noirceur des manteaux et des chapeaux des femmes souvent tristes à pleurer. Une arborait une plume mauve sur le col officier de son manteau.
Mes camarades étaient méconnaissables avec leur aube blanche, armés de cloches ou de clochettes, je n'ai aucun souvenir d'y avoir vu des filles, la robe effaçait les différences!
En tête le bedeau balançait une bannière brodée brandie sur un long manche.  
Tous passaient, solennels, tranquillement, les visages inclinés avec un air de consomption ampoulé, devant l'école publique sans même y jeter un oeil, ou alors en coin. Il faut dire qu'on les dominait et que ma mère ricanait dans sa barbe.
Je crois me souvenir qu'ils chantaient en se balançant de droite à gauche, lentement, se dirigeant vers le cimetière rejeté depuis longtemps à la périphérie du village. Près de la grille, peinte en vert, trônait une croix de granite, sobre. J'ai toujours entendu ma mère dire qu'il s'agissait d'une croix de mission, et je pense en avoir toujours connu la signification: une croix érigée pour prier Dieu afin qu'il guérisse les hommes de leurs péchés et surtout des épidémies de choléra ou de peste! 
Fajoles, Lot, août 2020


Adulte, au cours de mes études, j'ai trouvé une description des premières processions de communiants juste après le concile de Trente qui réformait l'église afin de vaincre les protestants. Terminée la fréquentation des églises sans un minimum d'instruction religieuse, le catéchisme dûment enseigné allait recadrer les foules chrétiennes! Au village, tous mes petits et petites camarades faisaient leur première communion! Ils entretenaient un grand mystère autour de la cérémonie mais je ne suis pas certaine qu'ils savaient bien à quoi elle pouvait servir (recevoir des cadeaux?) .... 

samedi 5 décembre 2020

Au lavoir

Un lavoir rénové 


Par quelle association d’idées, ai-je pensé au lavoir de Sacé? 
J'ai la quasi certitude de l'avoir fréquenté petite, mais les souvenirs sont flous, reconstruits ou inventés. 
Est-ce ma mère, peu portée sur les taches ménagères ou la bonne qui le fréquentait, je ne m'en souviens plus, pourtant, les images sont bien présentes. 
C’était un lavoir classique, un large bassin rectangulaire, cerné d’un rebord cimenté légèrement incliné, d'environ cinquante centimètres de large, il était coiffé d’un préau au joli toit d'ardoises, soutenu par des poteaux de chêne aux arrêtes patinées. Des coffrets pour y enserrer les genoux restaient sur place, Doudou y enfonçait un couverture de lit de bébé usée ou des vieux draps pliés. Elle s’armait d’un battoir, d’une brosse et d’un énorme morceau de savon de Marseille. Je vois très précisément son geste violent s’abattre sur les draps qui pendaient dans le bassin. 
Est-ce vrai ou ai-je rêvé cette scène? 
Compte tenu du peu d’appétence de ma mère pour le ménage, je pense qu'il s'agissait de la bonne, elle arrivait le matin et ne repartait que le soir, il fallait bien qu'elle ait du travail, en dehors des enfants à s'occuper. 
Au lavoir, je me souviens de son inquiétude de me voir tomber dans l’eau et des multiples recommandations qu'elle disait afin de me tenir à distance. J’avais pourtant le droit d’en faire le tour en longeant un mur qui protégeait les femmes du vent d'ouest, celui truffé de niches où elles  laissaient leurs ustensiles et leur coffre à genoux. La pierre était bien sèche, recouverte d’une poussière duveteuse, grise et blanche. Je longeais le mur chaud du soleil de l'été en le caressant, fascinée par l'eau limpide du lavoir où se mêlaient les coulées de savon. 
Il est probable que la virée au lavoir était quotidienne ou hebdomadaire, parfois elle s'accompagnait de la sortie de la lessiveuse au milieu de  la cour de l'école où elle trônait menaçante et fumante. On y faisait bouillir le linge pendant les grandes vacances. Etayée de cailloux ou posée sur un simple trépied en ferraille, elle semblait en équilibre, je devais rester à distance ce jour de grand danger. 
L’eau était puisée à la pompe en fonte, à levier, près de la porte d’entrée. 
Je n'ai plus de souvenirs concernant le transfert des draps vers le lavoir pour le rinçage, il devait se réaliser en brouette probablement! 

Je me souviens des efforts considérables qu'il fallait donner, de charges lourdes, violentes, épuisantes, peu ou pas gratifiantes, d'énervements et d'injonctions. 

Le lave-linge est entré tardivement à la maison. A Sacé? Je n’en suis même pas certaine! Le cagibi sous l'escalier contenait un établi, des cageots, un garde-manger et rien d'autres. 
 
On était donc crasseux, de la tête aux pieds. Une blouse permettait de faire durer les vêtements plus longtemps. N'étaient changés que la culotte, le maillot de corps et les chaussettes, probablement une fois par semaine. Le reste "tenait" un certain temps...
Il est probable que le lave-linge ait été acheté en même que le réfrigérateur, en remplacement de Doudou qui a fini par quitter nos vies.  Exceptionnellement elle nous gardait mais chez elle! 

Plus tard mes parents ont également acheté un lave-vaisselle, mais ils l'utilisaient  rarement, ma mère préférait laver, vite fait, quatre assiettes que mon père essuyait, ils oeuvraient ensemble dans un rituel domestique bien rodé. Longtemps mon père n’a rien fait, trop occupé à travailler tard! L'aide qu'il a apportée est venue en même temps qu'une réglementation plus tatillonne des horaires de travail. 
Sacé, 1977, le lavoir (ou ce qu'il en reste)

1977

La réalité est tout autre, un vulgaire mur de parpaings, des planches de bois, pas moyen d'en faire le tour, je découvre dans les vieux albums ce qu'était le lavoir en 1977, photographié par mes soins! Il ne reste plus que les boîtes à genoux! Par quel mécanisme ai-je pu reconstituer dans mes souvenirs un lavoir qui n'a jamais existé? Le mille-feuille de tous ces lavoirs visités sur les chemins de randonnées s'est substitué à la réalité. 

mardi 1 décembre 2020

Le sentier cathare, saison 1 épisode 3 Les étapes!

Sur les routes de l'Aude 1977


A la fin des années 70, début juillet, nous avions décidé de camper en Ariège afin de randonner en montagne. Les orages avaient très vite pris le pas sur la canicule! Au bout de deux jours la tente fuyait, des grosses limaces noires montaient sur la toile intérieure, les pataugas (15 francs la paire) ne séchaient plus, nous avons donc pris la direction de l'Aude et des châteaux cathares. Ils étaient alors en ruine (bien plus qu'aujourd'hui) et loin de tout chemin touristique. On grimpait à travers les ronces mais on avait chaud et sec! 

Aujourd'hui il n'est plus question de les visiter gratuitement et à n'importe quelle heure mais un sentier nous y conduit de Port la Nouvelle à Foix.  



Voici pour les novices de la randonnée en autonomie, notre planning et nos étapes sur le GR 367, un chemin plus difficile que celui de Stevenson dans les Cévennes et moins couru que celui qui mène à Compostelle! En moyenne nous avons parcouru 20 km par jour, visites comprises. Afin de ne pas se charger, nous avons opté pour un solide petit déjeuner le matin, des barres de céréales et des amandes le midi ce qui, au bout de trois jours, s'avéra un poil tristounet.  

 

Chateau de Puilaurens

jour 1départ  à 7h, à 9h, 9h de route.  Quillan

Quillan: capitale touristique de la haute vallée de l’Aude, parfaitement rénovée mais déserte en septembre et pendant cette période de covid. 

- nuit dans une très jolie maison à l'architecture traditionnelle, prévue pour lutter contre les fortes chaleurs de l'été car repliée sur son patio, la Casalys

-    dîner au restaurant le soir, en septembre, peu de choix, mais nous avons goûté le cassoulet de la maison Cartier, "dans un cadre rustique enchanteur" 

 *   jour 2 Quillan- Saint-Julia Le Bec. 

Le départ de la randonnée grimpe dans les collines autour de Quillan avec une vue sublime sur la vallée de Carcassonne et les Pyrénées au sud. 

- nuit au gîte du moulin du Roc

 

*   jour 3: Saint-Julia - Bugarach                                                                                    

- nuit chez Maghi chambre d’hôtes. 

Si on s'y prend tôt pour réserver, il est  possible de dormir dans une chambre au camping, mais le lieu est pris d'assaut par les groupes de randonneurs ou les adeptes de yoga et de méditation qui attendent l'arrivée des extra-terrestres. 


*   jour 4:Bugarach - Camps-sur-Agly 

-ascension du  Pech de Bugarachascension rude, par la fenêtre et un vent à décorner les boeufs, je déconseille à ceux qui n'ont pas l'habitude de la montagne! 

Nous avons opté pour une descente par l'autre versant et nous avons bricolé un parcours vers notre étape suivante à l'aide de la carte dont la possession est indispensable, il est intéressant d'utiliser également l'application Mapsme. 

-nuit en demi-pension à la Ferme de Camps.  Les chambres sont rustiques mais le dîner est excellent et prévu pour des marcheurs. 


*   jour 5 Camps-sur-Agly -Duhliac-sous-Peyrpertuse 

-nuit au Gîte d'étape municipal 18 euros par personne (location des draps comprise), entièrement rénové et d'une grande propreté. 

-deux restaurants  et une épicerie (fermée le mercredi). Nous avons dîné à l'hostellerie du vieux moulin


 *   jour 6 : Duhliac sous Peyrpertuse - Caudies de Fenouillèdes 

Cette étape est particulièrement longue d'autant que le passage vers Prugnanes à partir des gorges de Galamus est fermé, la passerelle s'étant effondrée (on peut passer mais sans garantie). En réalité, l'étape fait au moins 30 km, il est préférable de s'arrêter à Prugnanes mais en ces temps de covid, les réservations n'étaient pas ouvertes en mai! D'autre part, d'une manière générale, il y a peu d'hébergements  sur le parcours!

A l'ermitage des gorges de Galamus où nous sommes arrivées trempées après 15km sous une pluie torrentielle, nous avons choisi de faire du stop! Nous avions besoin de liquidité car sur le chemin cathare, les règlements se font rarement en carte bleue. Nous nous sommes faites déposées à Saint-Paul de Fenouillèdes, un bled moche et mort mais doté de banques et de quelques bars. 

-nuit au Relais de Laval à Caudiès-de-Fenouillèdes

Je recommande ces chambres d'hôtes tenues par une Ukrainienne et son époux russe, pour leur serviabilité. Ils ont eu la bonté de venir nous chercher alors qu'on venait de réaliser,  sous une forêt d'éoliennes hostiles qui brassaient un ciel délavé de leurs grandes pâles menaçantes, qu'il nous restait 10 km à enquiller dans les vignes alors qu'on avait déjà 25 km dans les jambes.... Point trop n'en faut ! 

Les chambres sont luxueuses mais néanmoins abordables! Nous avons utilisé tous les supports afin de faire sécher nos affaires! 

- restaurant de qualité sur place, il n'y a guère que trois rues dans le village et deux coopératives vinicoles.


*   Jour 7:Caudies-de Fenouillèdes- Puilaurens 

- le chemin vers les gorges de Saint-Jaume est très plaisant

-    nuit à La Folie chambre d’hôtes demi-pension, tenues par un couple anglais absolument adorable, Lisa et Kevin (et leur chien)

*    Jour 8 Puilaurens-Axat (jolie petite ville)

-nuit à l'hôtel-Restaurant  Axat 

L'hôtel est très prisé des cyclistes qui arrivent en joyeuse bande après une rude et sportive traversée des Pyrénées! L'atmosphère du restaurant est chaleureuse, les repas et les petits déjeuners sont copieux et prévus pour les sportifs que nous sommes! Il est vivement conseillé de réserver et de fermer les yeux sur une literie de mauvaise qualité. 

 

*   Jour 9Axat - Quirbajou 

-nuit à la Maison jaune 

Le village est haut perché à l'écart des routes principales, très paisible et un poil hors du monde. La maison est neuve et parfaitement isolée ce qui donne le sentiment de dormir dans un caisson hyperbare, mais il est impossible de monter avec son sac à dos dans les chambres, les propriétaires craignent l'invasion des punaises de lit. On dîne dehors, sous les arbres en devisant benoîtement avec les autres pensionnaires (un seul hôte avait réservé le gîte). Gentil repas mais peu calorique et j'avoue que ce soir là, j'ai rêvé de plâtrées de pâtes! Les trois petites tartines du matin n'ont pas vraiment calmé ma faim. Nous avons terminé nos stocks de barres énergétiques. 

 

*   Jour 10 Quirbajou-Quillan, une belle étape qu'il faut mieux réaliser à la fraîche... Nous avons retrouvé notre voiture laissée sur la place de la gare sous les tilleuls. 

Descente du col d'Auroux, très sportive! 


jeudi 19 novembre 2020

Immortelle randonnée (le sentier cathare saison 1 épisode 2)

Immortelle randonnée!  Pris ainsi le titre ne se comprend pas vraiment,  et pourtant, il me fait rêver! C'est pourquoi j'ai relu avec un grand plaisir le récit de Jean-Christophe Rufin concernant son pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Je maintiens ma critique commise il y a 6 ans!  



Ginoles



Il n'était pas question pour ma copine (et il ne l'est toujours pas) de faire ce pèlerinage, d'une part elle conchie les religions (toutes) et d'autre part, elle refuse mordicus de se compromettre avec les foules bêlantes qui arpentent ce camino.  

Les punaises de lit du sentier cathare? oui! Celles du chemin de Compostelle, jamais! 

C'est ainsi que nous nous sommes retrouvées dans l'Aude sur un chemin confidentiel et très peu promu par les offices de tourisme des départements qu'il traverse. L'Ariège en fait davantage la promotion, puisque la manne balnéaire ne tombe pas chaque année. Les responsables de l'Aude, au grand dam des propriétaires d'hébergements, se contrefichent un peu des randonneurs qui parcourent l'arrière-pays. Ils se sentent délaissés, au profit de Carcassonne, la Narbonaise, Leucate et Gruissan! Les campagnes se meurent, les villages se vident. La plupart de nos hôtes étaient anglais, danois, russes ou ukrainiens, ou bien jeunes couples en reconversion, à la recherche de terres agricoles sans pesticides et sans engrais, vignerons amoureux du Maury ou des vins d'Agly, convaincus qu'un jour ils séduiront les Parisiens en goguette. Les forêts sont le domaine des sangliers, nourris au sac de maïs, qu'iront tirer, dès le 14 août, vieux et jeunes chasseurs en 4X4! Quelques puristes continuent de pêcher, ils se retrouvent entre hommes, à boire des coups dans l'ombre et l'obscurité bienfaisante d'une masure à peine retapée! "Tiens des marcheuses! " ont-ils braillé en nous voyant passer! Ma compagne ne s'est pas laissée démonter, de son ton bourru et en langage fleuri dont elle est coutumière, franc et couillu, elle les a bien faits rire,  nous étions à deux doigts de pénétrer dans l'antre et de nous attabler devant les bouteilles de blanc et de rouge! Nous aurions entonné de concert, le petit Quinquin ou la petite Huguette! Mais Quirbajou, notre avant-dernière étape nous attendait! Ce magnifique village haut perché est peuplé de néo-ruraux armés pour affronter l'effondrement! Nous y avons vu nos premiers enfants (ou quasi), des fillettes qui jouaient à fabriquer des cabanes entre trois planches de bois! L'Aude est le département des vieux, les très vieux y règnent en maître, traînant la patte entre deux maisons inhabitées ou fermées dès l'automne, sans même connaître les joies du comptoir et du petit vin blanc qu'on se jette dans le gosier pour l'apéritif du matin! (En Dordogne, la désertification et la mort sont en suspens, cf mon prochain billet) 

Exaltée par mon expérience (pas peu fière d'avoir marché 8 jours avec mon sac sur le dos) j'avais envie de relire Rufin afin d'y trouver des similitudes!  A vrai dire,  je n'en ai trouvé aucune ou presque, mais j'ai ri, à nouveau, à lire ce récit, il ne se démode pas, Rufin n'a pas son pareil pour décrire les paysages et ses émotions. 

Contrairement à l'auteur qui enquille près de 800 km à pied, nous avons fait homéopathique, juste l'impression de l'impression. Donc rien à voir! 

Nous n'avons marché que 8 jours, -je n'étais pas seule-, nous n'étions pas en autonomie, nos étapes ne dépassaient pas 20 kilomètres, nous avons dormi et dîné confortablement, il n'y  a personne sur ce chemin ou quasi personne, il n'y a pas de but, le parcours ne vaut que pour les paysages et les quelques châteaux perchés, pas de crédencial à faire signer, pas d'exploit sinon celui de marcher sur un parcours un peu ardu... Comme Rufin, nous n'avons manqué aucune chapelle, ces dernières sont souvent fermées, impossible la plupart du temps de se reposer dans la quiétude et la fraîcheur de leur nef, nous avons visité tous les cimetières, eux, largement ouverts à tout vent mais souvent abandonnés aux herbes folles car peu honorés par les familles, nous avons arpenté toutes les ruelles des villages, goûté à l'eau des fontaines quand elles n'étaient pas le refuge des têtards, glané les noix et les noisettes, nous nous sommes gavées de mûres, nous avons cherché en vain des lacs ou des rivières pour nous baigner, des plages herbues où faire la sieste, des bars où boire la bière rafraichissante du soir après l'effort! 

Parcourir le sentier en septembre est souvent faire l'apprentissage de la solitude.  

Parce que je ne saurais raconter cette expérience, je  recommande la lecture du livre de Rufin qui évite tous les pièges du récit de voyage. 

Cailla

Marsa


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