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jeudi 25 janvier 2024

Des goûts et des dégoûts



Je viens de lire avec plaisir et étonnement les souvenirs d'un prisonnier de guerre allemand, Johannes Sticker, qui a vécu dans les fermes près de Combourg entre 1945 et 1947. Il raconte sa captivité dans un ouvrage publié en français en 2005. Cet ouvrage s'appuie sur une première rédaction en allemand datant de 1977 dont personne n'a voulue dans son pays afin de "ne pas nuire aux relations franco-allemandes". Le sujet ne devait guère emballer les éditeurs! 

Ecrit 30 ans après les évènements, ce récit est délesté des regrets et des récriminations d'autant que l'auteur a bien réussi sa vie et que visiblement, il ne voit pas ses deux années de captivité comme une perte de temps! 

Le style est riche, parfois trop, mais l'ouvrage est également conçu comme un récit ethnographique, une description détaillée des moeurs et coutumes des paysans bretons du nord de Rennes. 

Il s'agit du pays d'origine de mes grands-parents maternels: Combourg, Meillac, la Chapelle-aux-Fitzmeens, Dingé, Tréméheuc. Les exploitations agricoles, aujourd'hui résidences secondaires, gîtes ruraux ou logements, existent toujours, leurs plans sont à peine remaniés et les noms toujours d'actualité, les Gâts où va vivre Johannes (commune de Meillac), les chênes-févriers, la Basse-épine, La Haye, hameaux de plusieurs fermes où de nombreuses familles, métayers ou fermiers, oeuvraient depuis des siècles sans que rien ne change vraiment: la terre battue, la cheminée immense, la soue à cochons, l'étable et son purin, le bocage, les taillis.  

Le prisonnier Johannes Sticker est employé quelques mois dans deux fermes où il partage la vie de misère des paysans. Dans la première, elle est particulièrement dure mais commune au père, à la mère et au fils qui reçoit des torgnoles sans raison, il lui est réservé les travaux les plus difficiles qu'il faut apprendre auprès d'un rustre qui peine à s'expliquer en gallo/patois. C'est la crasse qui lui pèse le plus et c'est en haillons, sans chaussures et galeux qu'il change de ferme au bout de quelques mois afin de travailler pour un paysan plus riche et moins obtus. Il les quitte en larmes en 1947 et revient  dans les années 50 les visiter avec son épouse. 

De chapitre en chapitre il égrène les différentes tâches qu'il doit accomplir avec le paysan. Il décrit par le menu, les labours, la moisson, le travail du cardage réalisé par l'épouse, l'émondage des chênes sur les talus, l'arrachage des pieds de betteraves, la fabrication du cidre, les repas, le vêlage.  Rien n'échappe à son analyse! 

Un mot clé me semble essentiel dans ce récit, c'est CIDRE! Ils ne boivent que du cidre, l'eau n'est pas potable, ils ingurgitent du cidre en quantité, matin midi et soir, en toutes circonstances! 

Le deuxième aspect qui m'a frappé, c'est qu'après les deux mois de camps où il souffre réellement de la faim, il a toujours mangé à satiété et s'est globalement régalé: beurre, pain, soupe, pâtés, cochon, pommes! Par contre, voir ses hôtes tremper leur pain au petit déjeuner dans le café/chicoré lui a toujours répugné au point d'en avoir des hauts-le-coeur! Il ne supportait pas de voir  le beurre en flaque à la surface du bol, le gras en îlots et la mie imbibée. 

Je me suis alors souvenue que cette répugnance à l'égard de cette habitude était générale en Allemagne. Dans les années 70, lors de mon long séjour  dans la Ruhr, j'avais été choquée par la description que mes amis faisaient des Français trempant leur pain dans le café au lait! Ils m'avaient expliqué que seuls chez eux les vieillards édentés devaient se résoudre à cette ignominie qui les faisait vomir! 

Enfin les paysans sont toujours surpris quand ils voient Jean se laver tout nu, dans la bassine d'eau froide, des pieds à la tête, eux qui effleurent à peine la peau du visage et se rincent vite fait les mains! Concernant l'hygiène générale, je ne m'étendrais pas sur  l'absence de ouatères, la nature étant assez généreuse pour accueillir tous les besoins, nettoyée le plus souvent par les chiens et les renards ;  les paysannes pissant debout le dos au mur, ou accroupies autour du pique-nique pendant les moissons. Nous, femmes,  avons très vite perdu cette habitude alors que nos congénères masculins s'adonnent encore volontiers à ces coutumes libératoires dans n'importe coin de maisons, le long des arbres ou au dessus des fossés. 

jeudi 26 janvier 2023

La TGJ : la très grande traversée du Jura !

La TGJ ou très grande traversée du Jura se pratique à pied, à ski de fond, à ski de randonnée, à cheval, en VTT et à bicyclette! 

Tout simplement, le Jura


J'ai choisi la bicyclette comme dans la chanson ... 

Partir en vélo sans autre bagage que deux sacoches c'est comme randonner avec un sac à dos, de gîte en gîte, il manque la sécurité de la voiture quand il fait froid et que la pluie et l'orage se déchaînent, il faut coûte que coûte avancer afin d'atteindre l'étape. Sentir la fragilité du corps est une expérience exaltante et sans doute celle que je mettrai en premier dans la longue liste de mes souvenirs de cette belle traversée du Jura. 

Nous avons suivi la planification proposée par l'association TGJ qui a concocté les étapes, qui a fourni la liste des hébergements, la carte . Le topo guide est réalisé par des bénévoles et me semble un très bon complément aux traces GPS fournies par l'association et même indispensable pour qui n'est pas familier des traces GPS. Nous avons donc respecté le programme à la lettre, exceptée deux étapes que nous avons regroupées. 



Dix jours de porte à porte à raison de 35 à 62 km par jour entre Montbéliard et Culoz, la traversée de trois départements,  la montée de quelques fameux cols, 6200 m de dénivelés positifs, 443 km. C'est une formidable expérience et une mise en jambes pour des projets plus ambitieux. J'ai pu le faire en me faisant grandement plaisir! Certes, nous avons opté pour le "tout confort" avec restaurant le soir ou dîner en chambre d'hôtes ou gîte d'étape, dormir à la dure sous une tente qu'il faut en plus porter, enquiller les kilomètres à toute berzingue pour finir au plus vite, ne fut pas notre choix, plutôt celui de la contemplation et de la béatitude! 



Grimper un col c'est comme randonner en montagne quand on atteint un lac ou un sommet, mais redescendre est beaucoup plus facile et grisant ; à l'effort succède la joie d'y être arrivé et d'avoir réussi: col de la Faucille depuis Mijoux (8,5 km, 4% en moyenne, 7% max),  col de Cuvery (1178 m, 14 km, 5,6% de moyenne, 7% max, 814m au départ de Bellegarde sur Valserine), col de la Vierge depuis Saint-Hippolyte avec la corniche de Goumois. Ce sont mes petites victoires mais tout le parcours est plutôt vallonné, les paysages sont réellement sublimes sous le soleil la plupart du temps en cette fin d'été. 

Peu de touristes début septembre, quelques motos, quelques fous du volant qu'on a envie de trucider, l'impression que la région est déserte. Pas de bistrot dans les petits villages, c'est un signe, au mieux une épicerie/dépôt de pain où la tenancière offre parfois un café en capsule pour dépanner....  et puis soudain, l'arrivée à Chanaz (parce que Culoz est un village mort le dimanche, sauf sur les quais de la gare où une armée de cyclistes attend le TER bien décidée à le prendre d'assaut quelque soit les places qui restent)  ... sur les bords du Rhône et là, l'immersion dans la foule des dimanches "au bord de l'eau"!

On vit la plupart du temps une étrange solitude sur nos bicyclettes, celle de la montée l'oeil rivé sur sa roue avant et celle arrière du partenaire, le nez dans le guidon afin que le coeur ne s'emballe pas, celles des étapes -contemplation, pique-nique- le long de la route, sur les places des villages, dans les virages, sous le panneau des cols, celle de la descente à fond les ballons accompagnée par les cloches des vaches, celle des petites villes désertes le dimanche et le lundi soir, mais cette solitude est plaisante et se savoure comme un bonbon à la menthe qu'on laisse fondre sous la langue. 

Le Jura est vert, très vert et vallonné. 

J'ai aimé les vues à perte de vue vers les Alpes ou les crêts du Jura, les descentes interminables sous les falaises crayeuses, la Corniche de Goumois route frontière entre la Suisse et la France au dessus du Doubs, Saint-Hippolyte, Bellegarde-sur-Valserine dont j'avais un souvenir épouvantable mais qui a su rénover ses bâtiments des années soixante, les cheminées rouges de Pontarlier, grimper le col de la Faucille sous la pluie et réaliser qu'en un rien de temps on l'avait atteint sans réel effort, deviner le Mont-Blanc bien couvert, le plateau du Retord après la grimpette du col de Cuvery qu'on imagine sublime sous la neige et les patins des skieurs de fond, repérer la station où j'ai appris à skier à 20 ans (Lamoura), apercevoir la colonie où nous avions logé, apprécier la première gorgée de bière du soir après l'effort et dormir comme un bébé! 

Lamoura

La vue sur les Alpes et le Vercors 

Pontarlier

ma bicyclette 

Tresvillers 


lundi 8 mars 2021

Bernard G. professeur!

Bernard est mort, j’aimais bien ce type! 

Quand j'ai vu son nom dans la rubrique des obsèques du Ouest-France, j'ai immédiatement pensé au théâtre de la Huchette qu'il m’a fait découvrir et à son humour très doux, étayé par un rire éclatant. 

Avec lui, j'ai organisé mon premier voyage scolaire à Paris dans mon lycée breton, avec des élèves très attachés à leur rocher, façon berniques. On était allé voir La leçon d'Eugène Ionesco, qui le faisait beaucoup rire, spectacle qui fut une révélation pour moi. 

J'ai toujours admiré sa constance. Il se levait très tôt le matin, pour venir au bahut, après une bonne heure de trajet! Il passait beaucoup de temps à corriger des copies disant que c’était l’essence et l’essentiel de son métier si on voulait que les élèves progressent. 

Bernard était réellement toujours d’égale humeur, sans un mot plus haut que l’autre, consensuel, liant, apaisant. Il ne manquait aucune récréation où il arrivait le sourire aux lèvres. Il avait un côté vieux beau, ancien jeune premier, il conservait une  mèche grise qui lui balayait le front. 

Je me souviens d'un discours d’adieu hilarant pour un professeur de lettres classiques, dans un sabir mêlé de mots grecs et latins, un délice d’humour. 

Bref, il faisait partie de la clique des vieux professeurs hommes bourrus et impolis que j’ai connus en arrivant au lycée et assurément il était le moins sexiste. Les autres ne me disaient pas bonjour, ils se sont réveillés à la lecture de mon grade! 

Il fumait beaucoup, à cette époque où c’était encore permis de tirer sur sa clope en cours ou en salle des profs, de la vieille clope brune, puante, qui jaunissait les doigts et les dents, je me demande s’il ne puait pas un peu du bec ? En tout cas j’étais fascinée par se dents pourries et jaunies qui entâchaient grandement le charme qu'il avait dû afficher dans sa jeunesse. Je me demandais comment il pouvait supporter cette image, persuadée que la mutuelle de l’éducation nationale réparait sans compter les ratiches des profs afin qu’ils offrent à leur public un sourire du plus bel effet. 

Je pense qu’il est parti en retraite, malade et fatigué … Il meurt jeune, 77 ans . 

Je ne sais pas vers qui me tourner pour partager ma peine bien que je ne l’ai vraiment jamais fréquenté en dehors du lycée . Sa mort me rappelle à quel point, passé un certain âge notre existence devient fragile, la machine se déglingue. 
Amis lecteurs (qui êtes peu nombreux), n’attendez pas la retraite pour faire ce que vous voulez, profitez-en tout de suite! Après 60 ans, c’est le début de la fin! 


jeudi 18 février 2021

Garçon manqué

Etre un garçon manqué est une qualification qui m'a toujours interpellée. Petite, j'en tirai une certaine fierté me permettant d'accepter mes cheveux ultra courts. 

Ma mère m'avait elle fait couper les cheveux parce que j'étais un garçon manqué

Collection personnelle




C'est ce que j'aimais penser mais je savais bien, qu'au fond, elle ne supportait plus de me coiffer. Mes cheveux frisaient finement, chaque matin, les démêler était une torture à laquelle elle s'attelait avec énervement. Elle utilisait un peigne très fin, le sien, je hurlais tellement elle me faisait mal, et hurler en principe, il n'en était pas question!  Elle me houspillait et continuait de plus belle!  Elle coiffait et réalisait un  chignon sur le dessus du crâne. Elle  maintenait avec une multitude d'épingles, un truc façon boudin qui devait tenir la journée ... Je sens encore la pression des épingles qui rapaient le cuir chevelu. 

Elle n'arrivait pas vraiment à enlever les noeuds  qu'elle appelait joliment "nids de souris". Ils se formaient dans le bas du crâne pendant la nuit, de temps en temps elle les coupait aux ciseaux. J'ai donc longtemps cru que la souris ne se contentait pas de venir chercher les dents (rituel qui a vite agacé ma mère) mais qu'elle profitait de la nuit pour s'installer, peinarde, dans mes cheveux. Pourtant je trouvais ridicule la boule de poils que ma mère exhibait façon trophée et me demandait bien comment la bestiole avait pu en faire un nid!  

Un matin, je suis sortie de chez le coiffeur la boule à zéro, enfin presque, avec 1cm sur le caillou pas plus.  Je ne me souviens ni du coiffeur et ni de la coupe! Uniquement de l'après! J'ai le vague souvenir d'avoir eu froid à la tête, de la sentir légère et nue. Je venais aussi de perdre 5 centimètres de chignon, et le surnom "bout de zan" dont ma mère m'affublait, n'en était que plus vrai. Moi brune et petite, mon frère blond et aussi grand que moi alors qu'il avait 3 ans de moins! C'était raide! 

J'avais tout du garçon manqué comme le disait ma mère mais je ne voyais vraiment pas ce que j'avais manqué, ces deux mots moches, obscurs et crétins me rabaissaient, parce qu'être un garçon c'était chouette visiblement, mais toute de suite après, le mot "manqué" me ramenait à pire que ma condition de fille! Je n'étais plus une fille, et même pas un garçon! Rien! 

Je comprenais bien que je me comportais comme un garçon, culottes courtes et course poursuite dans la campagne, grimper aux arbres, se balancer très haut, jouer aux cow-boys et être Zorro mais manqué en quoi? Raté? 

Raté? Un peu puisqu'aux dires de ma mère, je n'aurais pas dû naître, mon père ne voulait pas d'enfants, et en plus j'étais une fille, pas de bol! De fille, il y avait déjà ma cousine avec laquelle mon père avait jouée lorsqu'elle était petite ... Je constatais qu'il ne jouait pas avec moi, j'avais bien manqué le coche! Doublement après la naissance de mon frère puisque lui, désiré, était un vrai garçon! 

Bref, dans ma tête tout cela était bien confus, je pense me souvenir que je trouvais l'expression inutile, à dire vrai, puisque je me sentais "moi",  ni fille ni garçon puisque je ne voyais pas encore, en habitant à la campagne, ce qu'il pouvait y avoir d'avantages à être un garçon. Je n'enviais pas vraiment mon frère qui prenait des "volées", drôle de mot pour dire fessées ou volées de coups de martinet! 

Je n'aime pas dire aujourd'hui que j'étais ou qu'on me voyait comme un garçon manqué parce que, même si à l'époque j'en tirai parfois gloire, au fond de moi, il y a ce sentiment de ratage. Certes le dire pourrait souligner que je n'étais pas une chochotte, une fille qui joue à la poupée tranquillement, attifée de robes fragiles, une fille qui ne supporte pas d'aller courir dans les chemins creux, une fille en tout point conforme à l'idée qu'on s'en fait .... Mais j'ai l'impression d'offenser mon sexe, mes soeurs qui n'ont pas eu le choix de leurs jeux et de leur enfance.  


mardi 8 décembre 2020

La procession

J'ai toujours aimé les processions

Cuzco. Pérou. Avril 2017



Un de mes plus grands plaisirs quand j'étais petite, à Sacé, était de monter sur le mur de l'école afin de voir passer la procession. Je calais mes pieds sur les petites aspérités de granite, l'arrondi du muret (je sais aujourd'hui qu'il s'agissait d'un petit mur) était chaud sous les bras, presque molletonné. Les lichens grattaient la paume de la main, le pied ripait et d'un bras leste passé sur la courbure, penchée vers le fossé, je pouvais tenir tant que durait le spectacle. Parfois ma mère me retenait à l'aide de sa jambe, qu'elle plaçait à la manière d'un haut tabouret.
Immanquablement, chaque année, du mur de l'école publique, ma mère et moi les regardions passer. 
Ma mère  pouffait, "bouffait du curé", ne s'en privait pas, et préférait cotiser au syndicat d'extrême gauche qu'au denier du culte.
Pour autant, je ne m'expliquai pas bien pourquoi elle allait aux enterrements .... 
Ramasser les fémurs et les péronés  qui sortaient du sol autour de l'église compensait largement cette incohérence. 
Toujours est-il qu'avec le vieil instituteur en retraite qui vivait plus haut dans la rue, nous étions les seuls à ne pas participer à l'expiation collective. J'en tirai une certaine gloire, nous n'avions pas besoin de démonstration magique pour vivre et bien se porter! 

La procession avait du chien et tout particulièrement le curé et les communiants, je n'ai qu'un vague souvenir de la suite du troupeau, si ce n'est la noirceur des manteaux et des chapeaux des femmes souvent tristes à pleurer. Une arborait une plume mauve sur le col officier de son manteau.
Mes camarades étaient méconnaissables avec leur aube blanche, armés de cloches ou de clochettes, je n'ai aucun souvenir d'y avoir vu des filles, la robe effaçait les différences!
En tête le bedeau balançait une bannière brodée brandie sur un long manche.  
Tous passaient, solennels, tranquillement, les visages inclinés avec un air de consomption ampoulé, devant l'école publique sans même y jeter un oeil, ou alors en coin. Il faut dire qu'on les dominait et que ma mère ricanait dans sa barbe.
Je crois me souvenir qu'ils chantaient en se balançant de droite à gauche, lentement, se dirigeant vers le cimetière rejeté depuis longtemps à la périphérie du village. Près de la grille, peinte en vert, trônait une croix de granite, sobre. J'ai toujours entendu ma mère dire qu'il s'agissait d'une croix de mission, et je pense en avoir toujours connu la signification: une croix érigée pour prier Dieu afin qu'il guérisse les hommes de leurs péchés et surtout des épidémies de choléra ou de peste! 
Fajoles, Lot, août 2020


Adulte, au cours de mes études, j'ai trouvé une description des premières processions de communiants juste après le concile de Trente qui réformait l'église afin de vaincre les protestants. Terminée la fréquentation des églises sans un minimum d'instruction religieuse, le catéchisme dûment enseigné allait recadrer les foules chrétiennes! Au village, tous mes petits et petites camarades faisaient leur première communion! Ils entretenaient un grand mystère autour de la cérémonie mais je ne suis pas certaine qu'ils savaient bien à quoi elle pouvait servir (recevoir des cadeaux?) .... 

samedi 5 décembre 2020

Au lavoir

Un lavoir rénové 


Par quelle association d’idées, ai-je pensé au lavoir de Sacé? 
J'ai la quasi certitude de l'avoir fréquenté petite, mais les souvenirs sont flous, reconstruits ou inventés. 
Est-ce ma mère, peu portée sur les taches ménagères ou la bonne qui le fréquentait, je ne m'en souviens plus, pourtant, les images sont bien présentes. 
C’était un lavoir classique, un large bassin rectangulaire, cerné d’un rebord cimenté légèrement incliné, d'environ cinquante centimètres de large, il était coiffé d’un préau au joli toit d'ardoises, soutenu par des poteaux de chêne aux arrêtes patinées. Des coffrets pour y enserrer les genoux restaient sur place, Doudou y enfonçait un couverture de lit de bébé usée ou des vieux draps pliés. Elle s’armait d’un battoir, d’une brosse et d’un énorme morceau de savon de Marseille. Je vois très précisément son geste violent s’abattre sur les draps qui pendaient dans le bassin. 
Est-ce vrai ou ai-je rêvé cette scène? 
Compte tenu du peu d’appétence de ma mère pour le ménage, je pense qu'il s'agissait de la bonne, elle arrivait le matin et ne repartait que le soir, il fallait bien qu'elle ait du travail, en dehors des enfants à s'occuper. 
Au lavoir, je me souviens de son inquiétude de me voir tomber dans l’eau et des multiples recommandations qu'elle disait afin de me tenir à distance. J’avais pourtant le droit d’en faire le tour en longeant un mur qui protégeait les femmes du vent d'ouest, celui truffé de niches où elles  laissaient leurs ustensiles et leur coffre à genoux. La pierre était bien sèche, recouverte d’une poussière duveteuse, grise et blanche. Je longeais le mur chaud du soleil de l'été en le caressant, fascinée par l'eau limpide du lavoir où se mêlaient les coulées de savon. 
Il est probable que la virée au lavoir était quotidienne ou hebdomadaire, parfois elle s'accompagnait de la sortie de la lessiveuse au milieu de  la cour de l'école où elle trônait menaçante et fumante. On y faisait bouillir le linge pendant les grandes vacances. Etayée de cailloux ou posée sur un simple trépied en ferraille, elle semblait en équilibre, je devais rester à distance ce jour de grand danger. 
L’eau était puisée à la pompe en fonte, à levier, près de la porte d’entrée. 
Je n'ai plus de souvenirs concernant le transfert des draps vers le lavoir pour le rinçage, il devait se réaliser en brouette probablement! 

Je me souviens des efforts considérables qu'il fallait donner, de charges lourdes, violentes, épuisantes, peu ou pas gratifiantes, d'énervements et d'injonctions. 

Le lave-linge est entré tardivement à la maison. A Sacé? Je n’en suis même pas certaine! Le cagibi sous l'escalier contenait un établi, des cageots, un garde-manger et rien d'autres. 
 
On était donc crasseux, de la tête aux pieds. Une blouse permettait de faire durer les vêtements plus longtemps. N'étaient changés que la culotte, le maillot de corps et les chaussettes, probablement une fois par semaine. Le reste "tenait" un certain temps...
Il est probable que le lave-linge ait été acheté en même que le réfrigérateur, en remplacement de Doudou qui a fini par quitter nos vies.  Exceptionnellement elle nous gardait mais chez elle! 

Plus tard mes parents ont également acheté un lave-vaisselle, mais ils l'utilisaient  rarement, ma mère préférait laver, vite fait, quatre assiettes que mon père essuyait, ils oeuvraient ensemble dans un rituel domestique bien rodé. Longtemps mon père n’a rien fait, trop occupé à travailler tard! L'aide qu'il a apportée est venue en même temps qu'une réglementation plus tatillonne des horaires de travail. 
Sacé, 1977, le lavoir (ou ce qu'il en reste)

1977

La réalité est tout autre, un vulgaire mur de parpaings, des planches de bois, pas moyen d'en faire le tour, je découvre dans les vieux albums ce qu'était le lavoir en 1977, photographié par mes soins! Il ne reste plus que les boîtes à genoux! Par quel mécanisme ai-je pu reconstituer dans mes souvenirs un lavoir qui n'a jamais existé? Le mille-feuille de tous ces lavoirs visités sur les chemins de randonnées s'est substitué à la réalité. 

vendredi 10 mai 2019

Les sandalettes

Je pense déprimer un peu! D'habitude, mai est le mois des premières chaleurs, le mois où l'on peut enfin abandonner le pull, la doudoune, le kabig, les chaussettes et envisager les sandalettes

Quand j'étais petite, ma mère décidait un jour, - pour une raison connue d'elle seule -, qu'il était temps de troquer la blouse contre le tablier, le pantalon ou les collants de laine contre le short, les brodequins contre les sandalettes! Exit les vêtements d'hiver, ils disparaissaient de ma vue, sans doute enfouis dans la naphtaline des armoires. 
Le seul lainage autorisé, en cas de retour de la  froidure, restait le gilet bleu marine - et encore fallait-il que ma mère ait froid! Je crois me souvenir que je possédais un capuchon, cape à capuche, sans manche, en toile cirée, à tout petits pois noirs sur fond blanc!
Les petites jambes maigrelettes prenaient alors une jolie teinte bronzée, un temps marquée par la rayure des soquettes qui, dans les sandalettes, assuraient la transition avant le règne des pieds nus! Les genoux apparaissaient gros, osseux, fragiles, ils passaient tout l'été scarifiés par les chutes! Une croute remplaçait une autre croute à peine séchée! Lorsque la blessure s'avérait grave, ma mère désinfectait à l'alcool à 90 qu'elle  a fini par troquer, sur le tard, par de l'eau oxygénée. Elle était réticente au changement,  persuadée  que l'eau ne prévenait pas vraiment le risque de tétanos, le mal de chien ressenti devait garantir une efficacité totale pour lutter contre les microbes! On était ainsi doublement puni pour être tombé! 
Elle badigeonnait ensuite la plaie avec un tampon de coton imbibé  de mercurochrome qui laissait des pluches sur la blessure! Exceptionnellement le genou finissait étiqueté d'un bout de sparadrap qu'il fallait garder peu de temps afin que l'écorchure sèche! La nuit, le pyjama collait, le matin d'un coup sec, le genou saignait à nouveau! Parfois il pouvait rester un petit morceau de caillou noir, incrusté sous la peau que le pus évacuait finalement. Je garde de belles cicatrices toutes roses sur peau lisse, sous la rotule. 

Mais, j'aimais par dessus tout, chausser les sandalettes! C'est de là, je pense que vient mon addiction aux chaussures, les brodequins ne me faisaient pas rêver! Les sandalettes oui! 
Elles étaient blanches à lanières très fines, l'une d'entre elles, tenait les orteils, les deux autres se croisaient sur le dessus du pied, la dernière les reliait  et passait derrière le talon, elle  s'attachait sur  les côtés à l'aide d' une petite boucle dorée. L'intérieur de la semelle de cuir était brun clair au début de l'été, sombre et patiné en septembre, la semelle en contact avec le sol était devenue presque gris clair, piquetée de minuscules traces de gravillons, j'en surveillais l'usure et priais pour les garder le plus longtemps possible. En général, je les portais neuves, un peu grande pour qu'elles durent deux saisons! Elles conféraient élégance et agilité, légèreté et liberté des pieds et des doigts de pieds. Il me semblait courir plus vite et grimper aux arbres plus facilement. Par pudeur, je n'évoquerai pas l'hygiène douteuse en fin de semaine! 
Les sandalettes se mariaient avec les verts du bocage piqueté de coquelicots, les marguerites à profusion, les renoncules, les fougères du mur, les grandes herbes des fossés, le goudron de la cour, le granite des marches sur lesquelles je m'asseyais, dans le parfum des roses  trémières qui ployaient sous le poids des fleurs au dessus de la porte d'entrée. La semelle se faisait légère et douce sur le plancher des salles de classe, noir et huileux, elles donnaient le sentiment de caresser les repose-pied des tables d'écolier.  
Avec les sandalettes, on goûtait de pain beurre+fraises+sucre ,  coupées en petits dés; les fenêtres restaient grandes ouvertes, les grillons ne se taisaient qu'au soir, pris en relais par les martinets, la poussière vibrait dans les rayons du soleil. Par grande chaleur, ma mère sortait une énorme bassine d'eau, où l'on barbotait. 
On troquait les sandalettes pour des tongs, le temps de la plage en Bretagne ce qui permettait de les économiser. 
Je ne les ai jamais retrouvées ces sandalettes de mon enfance! En ce mois tout pourri, elles pourraient combler ma légère déprime!  

mercredi 29 août 2018

Les forges de Paimpont

Les forges de Paimpont

Quand j'étais petite, nous allions régulièrement voir mes grands-parents à Plélan-le-grand. On y retrouvait mes cousines,  ma tante et mon oncle.
Mes grands-parents habitaient un meublé de deux pièces, l'une donnait sur la route nationale qui traversait alors le village, c'était la chambre, on y dormait tous ensemble, moi sur un lit de camp, rouge, en creux, dont les liens s'usaient et se détendaient, ma hantise était que le mécanisme se referme brusquement pendant la nuit, j'évitais de bouger afin de ne pas finir pliée en deux et prisonnière.  Je m'endormais au son des voitures, peu habituée au bruit incessant des véhicules. 
Au déjeuner du dimanche midi, on se tassait dans la salle à manger-cuisine, entre les deux grands bahuts, toujours, tous assis à la même place.  Ma grand-mère cuisinait un rôti de veau, en casserole avec des pommes de terre et des oignons. Invariablement, elle nous servait un pâté de foie, ou un pâté de lapin (ou de campagne) à se damner.  Je n'ai plus aucun souvenir du dessert! 
Après le repas, nous allions aux forges de Paimpont, mais pas à Paimpont dont je n'avais aucun souvenir en m'y rendant pendant les dernières vacances. On se garait sur la route nationale et on descendait à pied en longeant à droite, l'étang, et à gauche, les forges et les logements des ouvriers. 
Le clou de la balade consistait à aller exciter les chiens du chenil. 
En général, à notre arrivée, trois bestioles étaient vautrées dans l'herbe, indifférentes aux passants, levant à peine une oreille à notre arrivée, l'oeil torve, battant mollement de la queue, le reste de la meute faisait  la sieste dans l'immense niche à chiens. 
Le jeu consistait donc à exciter les trois pleupleus qui, alors, se jetaient sur le grillage, complètement excités, faisant surgir des portes, grandes ouvertes, le reste de la bande. Une vingtaine de chiens s'alignaient en hurlant le long de la clôture, sautant le plus haut possible et aboyant sur nous de tous les leurs poumons! Un régal! 
La séance durait un moment, on ne se lassait pas du spectacle! 
Parfois on prolongeait la ballade vers le bois, tandis que les chiens se calmaient et retournaient à un repos bien mérité.
Le truc était de repasser et à nouveau, de les exciter.
Le chenil 

mardi 30 janvier 2018

Sacé

Sacé? Vous connaissez?  
La pancarte est d'époque! 

Sacé est un village mayennais situé à une quinzaine de kilomètres de Laval, entre Rennes et Le Mans. J'y ai vécu jusqu'à mes 8 ans, dans le logement de fonction de l'école primaire, 8 ans de folles équipées sur les chemins creux que ma mère nous laissait explorer, sans se préoccuper de ce que je pouvais y faire, jusqu'où je pouvais aller. 
J'ai réalisé à  quel point j'étais petite quand j'ai vu la taille du mur que j'escaladais afin de voler de l'oseille dans le jardin de la voisine. Il fait à peine un mètre de hauteur alors qu'il me semblait immense. J'adorais les brins de fougères qui poussaient à travers les pierres et les mousses toutes douces qui me servaient à nourrir les poupées. (J'ai probablement raté une carrière de cuisinière).
Sacé, c'était ...
Courir. 
Grimper sur les murs ou dans les arbres, dans la tonnelle de lauriers palmes.
Faire du vélo dans la cour de récréation. 
Pédaler autour de la maison à toute berzingue, s'arrêter devant la cave pour terroriser mon frère, s'étonner de voir les topinambours jamais ramassés. 
Bâtir des cabanes avec des vieilles guenilles. Puis, lorsque mon père a délaissé le garage car la DS n'y entrait plus contrairement à la Dauphine, y installer une maison avec des cartons, les dînettes et les poupées, les lits et tout ce qui constituait un intérieur coquet. 
Tirer avec des frondes sur les merles qui nichaient dans le cerisier du voisin.
Ne pas approcher de la lessiveuse qui fumait dans la cour.
Jouer à être Thierry la Fronde (pas moi, j'étais Isabelle) ou Zorro (je n'étais pas Sergent Garcia ni une cruche de la série) ou aux cowboys: j'étais indienne en mocassin avec une robe que j'imaginais en peau. On faisait avec des feuilles de châtaigniers, des bandeaux ornés d'une feuille-plume et des ceintures. 
Galoper en short et en sandalettes tout l'été (même quand il faisait froid ou qu'il pleuvait), en collant  de laine tout l'hiver avec les brodequins.
Rouler un bonhomme de neige.
Faire de la balançoire jusqu'en haut du ciel ou le pendu en trapèze. 
Aller chercher le lait à la ferme.
J'évoquais au cours de gym, le bruit du premier jet sortant du pie de la vache dans le seau en métal, M. a commenté que, m'entendre en parler, lui rappelait le même souvenir. La scène de la traite tous les soirs, contemplée avec fascination, m'a durablement marquée. J'imaginais saisir les pis à pleines mains, sentir la chaleur de la peau, viser le fond du seau, rester en équilibre sur le tabouret. Il faudrait savoir peindre la lumière sur la blancheur du lait, la queue de la vache qui balayait les mouches sur un cul couvert de croutes de bouse, la robe noire et blanche de la bête, celle maculée à carreaux de la fermière en bottes en caoutchouc ou en sabots de bois,  l'odeur du purin qui coulait dans la cour, la chaleur du lait dans le pot qu'on ramenait, il fumait encore un peu l'hiver, le bruit du pavé de verre au fond de la casserole dans laquelle on le faisait bouillir  sur le poêle. 
Le son du couvercle qu'on ouvre d'un coup à l'aide d'un crochet, les bûchettes qu'on y glisse dans les flammes qui sortaient alors comme si elles voulaient attraper les manches de ma mère. 

Sacé n'a guère changé, le village me semble un peu plus replié sur l'église bien au centre. Les façades des maisons sont les mêmes, aveuglées par les volets fermés,  la porte de celles des Blin est toujours verte. L'été, elle était grande ouverte sur l'arrière de l'église, leur fille y jouait du piano et le couple se chauffait au soleil, souvent interpellé par les passants, dont ma mère qui adorait prendre le café avec eux. Ils avaient des boudoirs pour les enfants;  monsieur Blin nous faisait écouter les chants des oiseaux qu'il avait enregistrés tôt le matin. Ancien instituteur il conseillait d'écrire à la manière de ... (Victor Hugo, Balzac ...) et même de recopier des passages afin de s'entraîner à bien rédiger et à obtenir un style. 
L''école est toujours là, quelque peu défigurée par la rampe d'accès à la mairie qu'elle est devenue, mais le préau et le garage n'ont pas changé et ont résisté à l'âge, par contre au delà, le village me semble avoir été éventré jusqu'au cimetière, défiguré par le groupe scolaire et un vilain lotissement sans arbre et sans charme, comme si c'était la seule ouverture à la modernité, moche. 

La campagne aussi est moche, elle n'a même pas le charme de la route du centre Bretagne! 

samedi 27 août 2016

Le bistrot

Hommage aux bistrots!

Quand je vais à Paris, j'aime tout particulièrement prendre un verre à l'Etoile manquante (rue vieille du Temple) dans le Marais. L'hiver on y a chaud, l'été, avec un peu de chance et malgré la petitesse de la terrasse qui occupe juste le trottoir, on y prend l'air! C'est un des derniers bars traditionnels de ce quartier populaire devenu un quartier de magasins de fringues! Face à la rue en enfilade, le consommateur mate  les passants en goguette, quelques voitures s'y risquent encore, souvent de gros véhicules Uber, noirs, aux vitres teintées. Les passants déambulent, souvent cherchent leur route, flânent. Il me semble qu'il reste encore deux bars de ce type un peu plus haut dans le quartier, ceux dans lesquels j'aime entrer afin de boire un café au comptoir, le matin. Le Marais se momifiera davantage quand ils auront disparu, heureusement les autres quartiers de Paris ne manquent pas de zincs, il n'est pas rare d'y sentir encore les relents de tabac froid! 
Ailleurs ma foi, je fréquente moins, je n'en ai guère l'occasion, prendre un café ou boire une bière à la fraîche nécessite une ambiance particulière, un week-end en goguette ou une randonnée qui s'achève. 
Ces petits bars sont le sel de ma jeunesse, on y passait des heures à lire Libération, fumer des gauloises (beurk) sans filtre devant un café serré. J'ai le souvenir de salles sombres, façon fumoir, bruyantes tout en étant à l'atmosphère feutrée, elles nous protégeaient de la pluie, des regards, on se sentait grands, matures, libres! Bien mieux que les abris-bus ou les foyers de jeune qui ont alors commencé à fleurir afin de canaliser cette jeunesse post-soixante-huitarde qui faisait encore peur mais n'avait en réalité plus très envie de bagarrer. On entrait alors en pleine crise, le mot chômage est devenu un leitmotiv! On rêvait encore de Yvan Illitch, de révolutions mais bien moins.  
Chez moi, on allait au bar de l'Univers toujours ouvert aujourd'hui, rue de la gare, ou au Pélican en haut de la place de la Trémoille près de la porte Beucheresse (tout un programme non?). Le bar de l'Univers n'a pas vraiment changé, il s'est ouvert sur l'avenue, s'est doté d'une terrasse, il subit la concurrence de ses voisins mais rien de trop. Passant devant, j'ai eu le souvenir de A. me regardant, tous les deux assis face à face, au fond du bistrot, bien moins sombre aujourd'hui! En passant, je nous ai cherchés du regard, me penchant afin de scruter le fond, en vain, n'en croyant pas mes yeux, qu'après si longtemps, des lieux de ma jeunesse (folle forcément) puissent encore exister. 
J'ai eu quelques instants, un sentiment très fort d'avoir encore 16 ans et d'y chercher mon rendez-vous! Presque à suffoquer! 
Faut-il être bête!

mercredi 17 février 2016

Mon cyprès, mort d'un grand géant!


Je suis atterrée et très triste, le cyprès de mon jardin, le grand géant est mort sous le coup de la tempête. Où irai-je me pendre maintenant?

Mon cyprès presque centenaire est mort la nuit dernière sous les coups de butoirs d'une terrible tempête, l'ultime,  aux vents tellement violents  qu'ils l'ont achevé le temps de dire ouf! Il n'était pas que grand, mais géant! 
Aux dires des vieux du quartier il aurait été planté avec une trentaine d'autres en 1928, surtout toute une ligne, de la mer à la route, il était le dernier survivant de la tempête de 1987. Celle qui n'a intéressé les Parisiens que trois jours après la crise financière quand les médias se sont rendus compte que les Bretons étaient coupés du monde, enfouis sous des tonnes et des tonnes de troncs et de branches que l'armée a fini par venir déblayer. 
Lui, il avait résisté, seul témoin des temps passés, des champs de patates et des Allemands guettant l'invasion sur le mur de l'Atlantique, servant d'amer aux petits peuples de marins qui ne voyaient que lui dans la baie, regardant du côté de ma presqu'île. 
Il était l'âme de mon jardin, mon phare, mon arbre à pendu, celui dont je rêvais qu'il mettrait fin à ma vie en cas de force majeure. Au final, c'est moi qui aie eu sa peau, le bougre! Il va me manquer, j'aimais regarder ses branches tristes pencher vers la terre, l'écureuil grimper le long de son tronc, les corbeaux nicher dans son faîtage. 
Un énorme branche était morte depuis plusieurs mois, je craignais que le mal ne soit plus profond et ne fragilise les racines, j'espérais que sa chute ne crève pas la mare ou ne tombe pas sur d'autres arbres ou même sur la maison. 
J'ai l'impression qu'il s'est couché en douceur sur le lit de bruyères. La balançoire gît sous un amas de branches, il a décapité un pin sur lequel il a chu. Je ne la verrai plus  osciller au rythme des vents, les enfants se balancer au couchant.
Le jardinier expert me promet beaucoup de travail pour déblayer et m'a rassurée en diagnostiquant une armada de trous suspects dans son tronc dont une partie semble pourrie! On se console comme on peut. 
Il était l'espoir que j'avais en lui, le symbole de ma maison, que j'aime tant. 
Un autre avenir se dessine, libéré du passé, le symbole n'est plus, un signe évident ? Non?

dimanche 10 janvier 2016

Ecrire

De la difficulté d'écrire
Trois chats sur un mur d'ardoises, Saint-Barthélémy d'Anjou. 
Je lis avec plaisir, tous les matins, lorsqu'elle publie, le blog de Caroline et chaque fois, je me demande comment elle fait pour écrire aussi goulûment et sans faute d'orthographe, des phrases aussi faciles à lire et sur des sujets toujours nouveaux,  amusants et tendres, souvent intimes. 
Ecrire est difficile!
Il m'arrive de recycler quelques billets de mon ancien blog, commencé il y a 5 ans. Leur relecture me surprend, j'y trouve des maladresses, des fautes parfois souvent, un vocabulaire pauvre. Depuis, il me semble avoir amélioré le style, l'écriture mais, en ce moment, l'inspiration me manque, je me censure davantage, par conséquent, les billets sont moins légers, moins amusants et sans doute moins intéressants. 
La tentation est grande d'arrêter, de jeter l'éponge et pourtant, j'ai envie de continuer parce que j'aime tenir un blog, j'aime écrire. 
Quand j'étais petite, avec mon amie Hélène, on s'enfermait dans une chambre en plein été afin de rédiger les aventures d'un petit écureuil totalement niais. L'odeur que nous dégagions dans cette pièce devait probablement renforcer notre inspiration, montrer à quel point on réfléchissait. Après le repas, nous pénétrions dans l'antre, on humait l'air, genre clapier,  on en riait, nous étions fières: le confinement allait forcément de pair avec la naissance de deux écrivains majeurs, il va sans dire. Hélène prétendait écrire bien, elle couchait ses idées sur le papier, je recopiais en améliorant sa prose et le plan. La première de couverture montrait la bestiole sur une branche, la même qui traverse parfois mon jardin, bondissant entre les plantes avant de boire un peu à la mare pour repartir de plus belle le long du tronc d'un pin!
L'aventure n'a jamais abouti, ni celle du rongeur, ni notre roman. 
Notre amitié s'est délitée avec le temps et j'ai souvent pensé qu'Hélène pouvait avoir honte des quelques lignes que nous avions produites. D'où me vient cette idée saugrenue puisqu'elle a probablement oublié ces moments. Je ne l'ai jamais revue, elle avait un an de plus que moi, elle a épousé à 18 ans un des gars du quartier avec qui elle a eu quatre enfants (elle qui en voulait plus de six)!
J'ai remplacé l'écriture du roman par la rédaction de journaux intimes dont la lecture récente m'a quelque peu affligée! Non je n'ai jamais été un grand écrivain, ni Anne Franck qui m'inspirait! Les propos sont d'une très grande banalité, il reflète les préoccupations d'une adolescente anxieuse, soucieuse de bien travailler à l'école, inquiète pour ses parents qui passent leur temps à se faire la tête, en rage contre son frère, puis les années passant préoccupée par les garçons, avant de jeter l'éponge pour ne plus s'intéresser qu'à l'actualité vue de la province: Jean Edern-Hallier, le Cambodge et les Khmers rouges, l'élection de Giscard, la chute de Saïgon, le retrait américain, les boat-people. Ma carrière journalistique s'est également arrêtée en fin de lycée lorsque j'ai embrassé le "merveilleux métier d'instit" et le tricot. 

vendredi 6 novembre 2015

Donner son sang ..

La première  fois et la dernière fois où j'ai donné mon sang... Aucun risque que je m'y colle une deuxième fois! 
(Je sais, c'est mal)

Etant en phase "je n'ai le temps de rien", je n'écoute ni la radio, ni ne regarde la télé, ni ne lit autre chose que le sacro-saint Ouest-France et encore, le plus souvent, juste, les gros titres, tant le contenu se fait insignifiant. Je n'ai plus guère le temps de m'approfondir sur les délires de Dédé venu ouvrir une entreprise d'électricité, nouveau sur le marché, dont le visage réjoui s'affiche entre la dernière défaite des juniors au match de foot et la battle à la salle des fêtes au centre des arts (oui, le hip hop est arrivé jusqu'à nous)! Je parcours vaguement la rubrique des obsèques, m'épatant que tant de vieux et même très vieux passent l'arme à gauche. Je jette un oeil à la météo, sur la petite flèche indiquant le sens et la force du vent (question d'habitude),  pour le reste, rien de nouveau,  nous abordons les mois pluvieux, et ce n'est rien de le dire! 
J'ai appris "l'affaire" du don du sang, par Facebook et mon abonnement au Huffpost dont les titres et sous-titres accompagnés  d'une pertinente photographie suffisent à informer la feignante que je suis. Pas tant,  puisque sur le coup je n'ai pas tout compris .... Puis, (me suis-je dit), pour les curés catholiques, il est déjà difficile d'être certain de leur abstinence, pensez donc, des homos abstinents? Et des hétéros? Ah ah !!! 
(merci à L. pour la bonne blague). 
Je me suis fendue du commentaire sur le FB d'Alors voilà, excellent blog, immédiatement liké par de fervents lecteurs, pas peu fière!  
Aucune question à me poser,  puisque je n'irai pas donner mon sang, non pas que je ne sois pas pleinement consciente des difficultés des centres de transfusion sanguine à stocker des litres suffisants,  mais par trouille. 
Hormis le fait que je sois A+, ce qui est d'une banalité des plus courantes, je suis tétanisée. La seule fois que je m'y suis collée, j'ai fait un malaise vagal et j'ai cru qu'on me saignait comme un porc, qu'on me vidait de tout le précieux liquide, m'ayant oubliée sur la table de prélèvement, tandis que la bouteille agitée s'emplissait d'au moins 5 litres. Je criais stop intérieurement, je n'avais qu'une envie, arracher l'aiguille, m'enfuir, mais je me suis retenue rien qu'à l'idée que mon sang aille s'écouler sur le sol plastique du camion. Il n'aurait plus manqué que cette impulsion me conduise à mourrir exsangue sans avoir été utile! 
Bref, je suis restée toute chose, la journée entière, je n'en ai tiré aucune gloire! 
On subissait déjà un questionnaire dont le contenu aujourd'hui m'échappe, y parlait-on déjà de cul?! 

samedi 18 juillet 2015

Une virée à Berlin suite ...

Rire un peu, beaucoup, passionnément à bicyclette lors d'une virée touristique à Berlin!
Wannesee

11h fin de la découverte du mur, au Mémorial du Mur de Berlin, on crève de chaud. Nous décidons d'un commun accord de changer les plans, compte tenu de la chaleur et malgré le gris.
11h10, à la gare, nous ne modifions pas les habitudes: même guichet, même employée qui me parle en allemand comme à une demeurée mais je comprends. Par contre la carte de groupe et les quatre bicyclettes sont moins cher que la veille, bizarre! Cela dit, notre destination finale est Wannsee et non Potsdam, déjà vu.
11h20, je refuse de monter les escalators avec mon vélo, lors de ma première expérience, j'ai cru que je n'allais pas pouvoir le maintenir sur les marches et me faire broyer par le mécanisme sous les roues de l'engin, impuissante à me dégager. Je prends l'ascenseur pour accéder au quai.
11h26, on entasse les vélos dans le train pour un stop à Nikolassee, le but étant de plonger dans Schlachtensee, à la réputation la plus pure de Berlin, au coeur de Grunewald!
12h, où est le lac? Une mamie qui parle allemand à la vitesse du TGV, ne sait pas nous renseigner, (ou plutôt je ne comprends rien), l'occasion de traverser ces quartiers magnifiques aux grandes maisons très bourgeoises.
12h20, le lac. Nous pédalons sur le magnifique sentier côtier partagé avec les piétons, à la recherche du coin idéal pour un plouf!
13h, trouvé sous les ombrages, on est seul avec les canards et les foulques, on se baigne à poil, il commence à pleuvoir! Chic le temps vire à l'humide mais tiède.
15h30,  arrivée au bout du lac sous la pluie, nous grimpons un petit raidillon afin de ne pas passer dans le Biergarten... taaddah, c'est là que tout se complique!
B. décide de manger une Brastwürst, car il ne faut surtout pas louper un repas, c'est mauvais pour la ligne! Nous, dubitatifs et surtout lestés par un solide Früshtück allemand, n'avons pas faim mais alors pas du tout. Nous repartons bon train sur l'autre rive du lac. Où est la sortie?
40 minutes plus tard après avoir questionné un vieux qui nous a expédiés on ne sait où,  retour à la cahute où B. a consommé sa saucisse. Nous n'avons pas plus faim mais la furieuse impression d'être perdus et d'avoir fait le tour du lac, en vain! On s'engueule.
B. et V. justifient notre erreur en plaidant pour la présence de deux lacs! Ouais, deux lacs!
Bah oui, elles ont raison! Après  une étude approfondie sur google satellite, au retour, il y a bien deux lacs, à suivre, nous avons plongé comme un seul homme sur le chemin de celui situé au nord, le Krumme Lanke dont on a fait le tour à fond de train! Mea Culpa! Hauts les coeurs!
15h45,  retour sur nos pas,  afin d'être sûrs de ne pas se vautrer à nouveau, on file vers Wannsee! Taadahh!
F. connaît, moi aussi, nous volons littéralement sans vraiment regarder les panneaux vers Strandbad Wannesee, plage payante, au parking vide, et pour cause:  il pleut et il est déjà 16h30. Descente à fond les manettes vers l'île aux Paons, accessible des deux côtés, en bateau. Furieuse impression de se tromper!!! Je n'avais aucun souvenir de côtes aussi pentues, F. non plus.
F. et moi demandons à des passants où nous sommes: éclats de rires du couple. On est à mille lieux de là où nous souhaitions aller, fou-rire!
B. et V. passent en trombe devant nous, beuglant comme des ânes, qu'on ne sait pas lire une carte et que, franchement, ce n'est pas drôle, surtout quand on a mal au cul, qu'on roule depuis des heures et qu'on a bien fait plus de 20 bornes.
Au sommet de la colline, on s'engueule!
Il pleut mais on décide de visiter la villa de la conférence de Wannesee qui est toujours ouverte vers 17h ...
Dans une jolie gargote, nous nous réchauffons à coup de chocolat chaud et de gâteaux délicieux. J'ai opté pour la bière et la soupe de poisson faite maison compte tenu que nous sommes sur les rives du lac, à un ponton. J'ai confondu Fleisch (viande) et fish (poisson en anglais), je me régale d'un délicieux bouillon de viande. Ouarf!
Il pleut de plus en plus.
19h nous décidons de rentrer. La gare, en fait, n'est pas si loin! Mince on aurait pu aller voir la Datcha, ça sera pour une autre fois!
20h, de retour à la maison.
On se contentera de la gargote en bas de chez nous. Il pleut de plus en plus.
Mémorial du Mur de Berlin

jeudi 14 mai 2015

Longuefuye

Tous les ans à la même époque je pense à Longuefuye. Cette année,  le nom du village semble lourd de significations comme si ma vie n'avait été qu'une longue fuite.

J'ai habité Longuefuye. Ce nom reste magique à bien des égards. 
Petit village ramassé autour de son église, près de son école unique, c'est un trou perdu de la Mayenne, longtemps propriété du châtelain qui ne vivait plus sur place mais laissait à son métayer le soin de cultiver les terres.
Courir ce matin par ce temps magnifique m'a rappelé les talus et les fossés du village en mai, lorsque les grillons chantent à qui mieux-mieux, parmi les marguerites et les coquelicots. L'air était vibrant, poussiéreux d'or. J'ai pensé au blé en herbe de Colette, au film de Louis Malle, Milou en mai. Là, plus de marguerites ni de coquelicots, éradiqués par les défoliants du paysan qui s'évertue à bouffer à chaque fois le chemin côtier en le labourant (c'est méconnaître la constance des promeneurs et des coureurs à pieds qui, coûte que coûte, passent au même endroit) mais la mer bleue sous un ciel limpide, des asphodèles en pagaille et des bruits de vipères ou de lézards qui, à mon approche, abandonnent leur plage ensoleillée. Chaque année je les photographie ces asphodèles tandis que j'écoute les oiseaux au réveil et les crapauds qui s'en donnent à coeur joie. 
Ce matin était donc magique, chaud comme rarement en été, avec des verts de de printemps, tendres, sombres, en infinies nuances. J'entendais les grillons, la musique de Stéphane Grapelli ou mieux Birély Lagrène.

J'étais institutrice à Longuefuye en classe unique avec 7 élèves dont quatre en classe enfantine, et deux niveaux de primaire un en CP et deux en CE1, c'était mon premier poste. La mairie avait rénové le logement pour moi mais je n'ai jamais pu me résoudre à y dormir, c'était à 20 ans un enterrement de première classe. Je garde pourtant de mes premiers élèves un souvenir ému, surtout de Manuel si attachant qui passa l'année suivante à plat ventre, sur un charriot, la jambe en traction car il faisait une osthéocondrite du col du fémur.....Sa mère et moi qui aimions beaucoup discuter le soir après la classe par dessus le mur de pierre, trouvions bizarre sa démarche dansante, sur la pointe des pieds, il disait avoir mal au genou. Un examen plus poussé a fini par révéler le problème.
Je l'ai retrouvé sur le net, tout à l'heure, car il fait de la politique, il a presque un âge canonique, il a gardé sa bouille toute ronde, mais reste un peu petit pour un gars de cette génération. Il a quand même pas mal changé. Ce n'est rien de le dire....
Moi aussi j'ai changé, j'avais les cheveux très courts façon garçonne ou Annie Girardot dans mourir d'aimer, la tenue "instit", jupe bleu marine sous le genou,  chemisier blanc, pull col V " university of Columbia en schmellpof", kickers à languettes et un compagnon qui n'hésitait pas à me rejoindre en stop d'Angers tellement on s'aimait. C'était sympa de marcher sur les petites routes, les vibrations de l'air jouaient jeux interdits, (le film avant les bombardements sur les réfugiés), c'était vibrant, mais l'hiver était mortel et j'ai fui très vite, très très vite ....  Longuefuye était déjà l'annonce d'un long programme.  

samedi 17 janvier 2015

Michel!

Michel aurait probablement aimé son enterrement! 

Tout y était, la foule, les très beaux textes lus par ses fils, la jolie petite église et les gags de la cérémonie! 
Pas de curé puisque l'espèce se fait rare, mais un diacre, bafouilleur et ses acolytes, un pseudo bedeau et un chanteur qui a dû rêver toute sa vie d'être chanteur pour dame, veste bleu ciel et cravate rose. Il   détonnait franchement par rapport à la foule en noir, il ne manquait plus que les claudettes. 
Le diacre ne savait jamais qui devait lire les textes, perdait ses papiers, s'est trompé dans le lancement des musiques, mais comme il l'a si gentiment signalé, ça n'avait aucune importance! Il s'est fendu d'une belle paraphrase d'un texte de Saint-Jean qu'il avait lu au préalable, atteignant probablement à ce moment son heure de gloire écclésiale!
Le bedeau vers la fin de la cérémonie a passé la panière afin que tous nous participions au paiement du chauffage qui soufflait derrière notre dos! Une fois la quête achevée, il s'est empressé d'aller l'éteindre tandis que nous sommes restés encore un bon quart d'heure à nous peler les miches, un poil cocufiés par tant de fourberies! Il n'y a décidément pas de petits profits! Le maintien en vie des petites églises paroissiales en terre impie, les garder hors d'eau, ne s'embarrassent pas du confort des fidèles!
Puis, nous avons défilé afin de rendre un dernier hommage au défunt, mais, je ne sais pas pourquoi l'énorme goupillon n'a jamais voulu tenir dans le bénitier quand je l'y ai replongé après avoir copieusement arrosé le couvercle et sa croix. L'émotion sans doute! J'ai  tout fait valdinguer au pied du cercueil dans un tintamarre de gamelles qui a dû faire sourire Michel! Ma première idée fut d'aller au robinet tout en réalisant que c'était loin d'être de l'eau bénite qui en sortait! Michel a dû penser qu'il ne méritait pas de finir à sec! 
Repose en paix, Michel dans le très beau cimetière de Tréboul, face à la mer, sous les coups de suroît!  Tu fus le premier concarnois que je rencontrai, (enfin né à Bamako), l'indéfectible ami débrouillard et débrouilleur de cafouillages. Tu n'hésitais pas à tes risques et périls à monter sur une chaise branlante afin de consolider une tringle de rideau et dieu sait, si j'en avais, après le récit que tu en faisais, des sueurs froides! 
Je me demande aujourd'hui comment je vais faire sans toi, sur qui je me déchargeais entièrement des situations que je détestais! Qui va me donner les doubles des contrats que j'entasse n'importe où au fur et à mesure qu'ils arrivent  mais que tu gardais précieusement au cas où je t'appelle pour que tu me sauves de ma phobie administrative? Certes,  j'en rajoute un peu et c'est plus par paresse que je me reposais sur toi. Je te savais présent, j'aimais aussi ta philosophie de la vie face à ces soucis de santé que tu connaissais espérant avoir tout le rab qui est bon à prendre et qui se sirote en père peinard,  ta façon de descendre la rue de la gare, avec ton écharpe au vent, ton habitude de tout noter pour ne pas te perdre, ton honnêteté, ta gentillesse dont tes fils sont aujourd'hui, à n'en pas douter, les dépositaires. 
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