jeudi 26 janvier 2023

La TGJ : la très grande traversée du Jura !

La TGJ ou très grande traversée du Jura se pratique à pied, à ski de fond, à ski de randonnée, à cheval, en VTT et à bicyclette! 

Tout simplement, le Jura


J'ai choisi la bicyclette comme dans la chanson ... 

Partir en vélo sans autre bagage que deux sacoches c'est comme randonner avec un sac à dos, de gîte en gîte, il manque la sécurité de la voiture quand il fait froid et que la pluie et l'orage se déchaînent, il faut coûte que coûte avancer afin d'atteindre l'étape. Sentir la fragilité du corps est une expérience exaltante et sans doute celle que je mettrai en premier dans la longue liste de mes souvenirs de cette belle traversée du Jura. 

Nous avons suivi la planification proposée par l'association TGJ qui a concocté les étapes, qui a fourni la liste des hébergements, la carte . Le topo guide est réalisé par des bénévoles et me semble un très bon complément aux traces GPS fournies par l'association et même indispensable pour qui n'est pas familier des traces GPS. Nous avons donc respecté le programme à la lettre, exceptée deux étapes que nous avons regroupées. 



Dix jours de porte à porte à raison de 35 à 62 km par jour entre Montbéliard et Culoz, la traversée de trois départements,  la montée de quelques fameux cols, 6200 m de dénivelés positifs, 443 km. C'est une formidable expérience et une mise en jambes pour des projets plus ambitieux. J'ai pu le faire en me faisant grandement plaisir! Certes, nous avons opté pour le "tout confort" avec restaurant le soir ou dîner en chambre d'hôtes ou gîte d'étape, dormir à la dure sous une tente qu'il faut en plus porter, enquiller les kilomètres à toute berzingue pour finir au plus vite, ne fut pas notre choix, plutôt celui de la contemplation et de la béatitude! 



Grimper un col c'est comme randonner en montagne quand on atteint un lac ou un sommet, mais redescendre est beaucoup plus facile et grisant ; à l'effort succède la joie d'y être arrivé et d'avoir réussi: col de la Faucille depuis Mijoux (8,5 km, 4% en moyenne, 7% max),  col de Cuvery (1178 m, 14 km, 5,6% de moyenne, 7% max, 814m au départ de Bellegarde sur Valserine), col de la Vierge depuis Saint-Hippolyte avec la corniche de Goumois. Ce sont mes petites victoires mais tout le parcours est plutôt vallonné, les paysages sont réellement sublimes sous le soleil la plupart du temps en cette fin d'été. 

Peu de touristes début septembre, quelques motos, quelques fous du volant qu'on a envie de trucider, l'impression que la région est déserte. Pas de bistrot dans les petits villages, c'est un signe, au mieux une épicerie/dépôt de pain où la tenancière offre parfois un café en capsule pour dépanner....  et puis soudain, l'arrivée à Chanaz (parce que Culoz est un village mort le dimanche, sauf sur les quais de la gare où une armée de cyclistes attend le TER bien décidée à le prendre d'assaut quelque soit les places qui restent)  ... sur les bords du Rhône et là, l'immersion dans la foule des dimanches "au bord de l'eau"!

On vit la plupart du temps une étrange solitude sur nos bicyclettes, celle de la montée l'oeil rivé sur sa roue avant et celle arrière du partenaire, le nez dans le guidon afin que le coeur ne s'emballe pas, celles des étapes -contemplation, pique-nique- le long de la route, sur les places des villages, dans les virages, sous le panneau des cols, celle de la descente à fond les ballons accompagnée par les cloches des vaches, celle des petites villes désertes le dimanche et le lundi soir, mais cette solitude est plaisante et se savoure comme un bonbon à la menthe qu'on laisse fondre sous la langue. 

Le Jura est vert, très vert et vallonné. 

J'ai aimé les vues à perte de vue vers les Alpes ou les crêts du Jura, les descentes interminables sous les falaises crayeuses, la Corniche de Goumois route frontière entre la Suisse et la France au dessus du Doubs, Saint-Hippolyte, Bellegarde-sur-Valserine dont j'avais un souvenir épouvantable mais qui a su rénover ses bâtiments des années soixante, les cheminées rouges de Pontarlier, grimper le col de la Faucille sous la pluie et réaliser qu'en un rien de temps on l'avait atteint sans réel effort, deviner le Mont-Blanc bien couvert, le plateau du Retord après la grimpette du col de Cuvery qu'on imagine sublime sous la neige et les patins des skieurs de fond, repérer la station où j'ai appris à skier à 20 ans (Lamoura), apercevoir la colonie où nous avions logé, apprécier la première gorgée de bière du soir après l'effort et dormir comme un bébé! 

Lamoura

La vue sur les Alpes et le Vercors 

Pontarlier

ma bicyclette 

Tresvillers 


lundi 23 janvier 2023

Un dimanche à la campagne



Scaër est une commune rurale située à quelques encablures du littoral en Argoat (Bretagne sud). Elle est voisine de Rosporden (prononcer d'un), Tourc'h, Leuhan, Roudouallec, Guiscriff et Saint-Thurien, noms de patelins qui fleurent bon la Bretagne profonde, celle des chemins creux, des vaches Pie-noire, de la boue et des petits ruisseaux, des bois sombres et touffus, de la pluviométrie abondante!

Il fait beau, c'est dimanche, deux jeunes femmes souriantes et leur mère,  ont revêtu leur costume de fête avec coiffe sans doute pour un quelconque Fest-Deiz ou défilé! Elles portent l'habit traditionnel en velours noir que soulignent les larges épaulettes blanches semblables à des ailes de papillons. Une seule coiffe, celle du pays de Pont-Aven,  semble être  celle des jours de fêtes, les autres sont plus communes et souvent portées au quotidien notamment au début du 20 ème siècle. Mon arrière-grand-mère Pélagie se promenait dans les années trente dans les rues du village avec sa coiffe. Une seule femme est en tenue de ville, elle porte une blouse à rayures, froncée,  avec des manches bouffantes que souligne une grosse médaille. On devine la ceinture. La coiffure est apprêtée et renforce ainsi la modernité de la tenue vestimentaire.  Il s'agit probablement de la mère du bébé assis près de son frère sous la table. 

Les deux hommes portent des tenues modernes, un costume pour celui de droite et une tenue très décontractée aux bretelles apparentes pour le second, les manches de chemise blanche sont retroussées, il est  étonnamment chaussé d'espadrilles blanches tenues par des élastiques croisés sur les chaussettes, chaussures qu'on s'attend à voir davantage dans le sud de la France, la semelle de corde n'aime pas vraiment l'humidité.  J'en avais lorsque j'étais petite, mais nous évitions de les porter les jours de pluie. 

Ces amis se  retrouvent au jardin afin de boire le café et la goutte! La table de bois et les chaises paillées sont sorties pour l'occasion, il n'y a pas de mobilier dédié au farniente ! La table est recouverte d'une nappe cloutée sous les rebords afin qu'elle ne s'envole pas. Posées sur celle-ci, on devine la miche de pain et la motte de beurre, une énorme motte de beurre! Il était coutume de le manger à la cuillère.  Les femmes boivent le café dans les bols et les deux hommes ont devant eux, des verres bien remplis de vin ou d'eau de vie. La cafetière en fer blanc émaillée trône ainsi qu'une coupe (pour les biscuits ou les fruits?). 

Deux enfants sont à l'abri du soleil sous la table tandis que la mère se tient debout au côté du gars qui se sert un verre, tandis que l'autre, moustache rase sous le nez comme cela se faisait dans les années 50 et à l'instar de tous les protagonistes, fixent le photographe. 

Il fait beau et bon, tous sont gais et joyeux. 

Aux amoureux de la Bretagne, je recommande le magnifique ouvrage Photographes , tradition et modernité en Bretagne Alain Croix et Marc Rapillard, Locus solus. 

lundi 16 janvier 2023

Beyrouth sur Seine


Le prix Goncourt des lycéens est rarement décevant et pourtant cette fois-ci il l'est!



L'ouvrage honoré est foutraque et relativement mal écrit. A sa décharge, je ne me suis pas endormie à la dixième page, il ne m'est pas tombé des mains à la cinquantième page et j'ai réussi à le terminer, relativement vite. Je ne regrette pas de l'avoir lu! 

C'est un livre qui donne l'impression d'être bâclé, d'être une juxtaposition de courts chapitres sans lien aucun, des années 70 à nos jours, mêlant tantôt des passages de WhatsApp, des lettres de sa mère, les impressions de l'auteur, des dialogues, en bref un vaste foutoir comme on en fait à la pelle de nos jours et qui finiront "à la benne" probablement lorsque nos enfants videront les rayonnages de nos étagères. Dans le meilleur des cas, ils seront vendus sur les trottoirs de bibliothèques publiques à 1 euro.

Je me demande également ce que le lecteur a compris de la guerre au Liban, de ses factions, de ses communautés, des aller-retour de l'auteur et de ses parents - certes on retiendra surtout qu'il n'y a rien à comprendre comme le disent si bien les Inconnus (cités par l'auteur) dans un de leur sketch et que je recommande. 

Indéniablement on y trouve pourtant des aspects très intéressants et prometteurs: une ambiance qui imprègne le lecteur, des images qui demeurent et qui correspondent à toutes celles qu'on a pu voir au journal de 20h, mais on aurait aimé que l'auteur n'en reste pas au stade brouillon! 

Sans doute est-ce la facilité de l'ordinateur qui donne à celui qui écrit l'impression d'avoir pondu un texte idéal à lire! 

Je recommanderais deux ouvrages qui m'ont littéralement emballée. Ce sont deux livres très bien écrits et passionnants qui auraient largement mérités des prix. 



- les Enfants endormis d'Anthony Passeron (Globe août 2022) Quarante ans après la mort de son oncle Désiré, Anthony Passeron décide d'interroger le passé familial. Évoquant l'ascension de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants, il croise deux histoires : celle de l'apparition du sida dans une famille de l'arrière-pays niçois - la sienne - et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains. Ce récit croisé est passionnant et émouvant. 



Sa préférée de Sarah Jolien-Fardel Sabine Wespieser 2022. Dans un village des montagnes valaisannes, Jeanne grandit en apprenant à éviter et à anticiper la violence de son père. Sa mère et sa soeur aînée semblent résignées tandis que les proches se taisent. Après le suicide de sa soeur, Jeanne, devenue institutrice, s'installe à Lausanne. Peu à peu, elle se construit, s'ouvre aux autres et s'autorise à tomber amoureuse. Un grand livre! 

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