vendredi 16 novembre 2018

J'ai piscine!

Good Morning ma piscine

Ce matin ma commune organisait très très tôt, 6h du matin,  une séance de piscine très sportive! Une fois délestée de 6 euros, inscription et paiement obligatoires, il fallait se motiver réellement pour sauter au volant de sa voiture bien avant que le soleil ne se lève!
Afin de garantir une motivation inébranlable, une forme olympique, je me suis couchée super tôt, dès 22h, après avoir dormi une bonne heure devant la série un poil soporifique "Ad Vitam" sur Arte. Le but était de se lever en pleine forme. J'ai bien cru plomber ma matinée par un réveil en fanfare dès 4h mais j'ai eu la bonne idée de me rendormir pour émerger 30 secondes avant le clairon du réveil! 

Il y avait un monde fou dans la piscine, les furieux du club nautique étaient là à l'entraînement, certains peu enclins à supporter les amateurs venus squatter leurs lignes d'eau, ils ont pour habitude d'être seuls le vendredi matin. Je me suis donc coltinée le con de mec type "pousse-toi de là que je m'y mette" qui passe en force avec ses plaquettes, balançant à tout va des torgnoles! J'avoue que j'ai eu des envies de meurtre, ce qui n'était pas bon du tout pour mon karma, la nouvelle et belle personne que je suis devenue et une matinée détendue, "cool, bisous-bisous"... Je me suis calmée d'autant que mon engueulade a dû porter ses fruits, puisque sans s'être excusé, il s'est tenu à distance.... 
Une vingtaine d'enthousiastes suivaient dans le petit bain, un cours d'aquagym endiablé, J. tressautant en cadences puis barbotant seul, à la fin en disant "elle est bonne, elle est bonne" en mode bouée... 
A la sortie le petit déjeuner pantagruélique nous attendait, avec pain frais, beurre, oeuf, jambon, croissants etc.... J'avoue être allée au boulot à 8h avec la banane! 

La sieste aussi fut bonne .... 

Je n'avais pas nagé autant depuis juillet, en Mer Méditerranée et à la piscine depuis plus de 8 mois. La reprise fut difficile, pas vraiment au niveau du souffle mais des mouvements de bras, j'ai découvert que j'avais des épaules et un cou, des pieds qui coulent sans pullboy, un fessier pour retenir le tout! 
Il convient d'y retourner plus régulièrement et reprendre les habitudes "de bouffer du carrelage" .... 

Je vais aussi me replonger (sic) dans le très beau livre de Chantal Thomas, Souvenirs de la marée basse (Seuil, 2017): "la nage, cette pratique qui ne laisse aucune trace est l'occasion d'une insaisissable liberté..."  
Certes, je l'ai un temps délaissé, pour d'autres aventures littéraires plus fascinantes mais il a le mérite d'évoquer à merveille, le plaisir de la nage. Pas dans la flotte javellisée d'une piscine, ni celle froide de ma plage, mais la mer du Cap Ferret puis du Cap Ferrat .... Plus chic! (plus chaud)...


mercredi 14 novembre 2018

Les îles éoliennes!

Visiter les îles éoliennes à la Toussaint est une très bonne idée: chaleur, mer bonne et belle, loin du tourisme de masse!


Vulcano

Depuis très longtemps, je rêvais de  les visiter. J'ai toujours associé le livre de Carlo Levi, le Christ s'est arrêté à Eboli (1945) avec Lipari, Salina, Vulcano ou Alicudi, sans avoir vérifié ce qu'il en était au juste.
Lors de ma première année  à l'université,  j'avais appris que Mussolini y envoyait en exil les opposants au régime fasciste, souvent grands bourgeois ou intellectuels, jamais sortis du coeur des villes: Turin, Milan ou Rome.  Ils découvraient alors la vie misérable du Mezzogiorno, des Pouilles ou de la Calabre, la difficile existence des îliens sur leurs volcans au large de la Sicile, dans les bagnes du feu, camps de confinato,  installés de 1925 à 1940.  Le dictateur laissait aux opposants politiques, la possibilité de se promener, de lire et d'écrire, d'envoyer et recevoir du courrier, de rencontrer les habitants.
Par mon ignorance crasse et une paresse impardonnable, je comble seulement maintenant mes lacunes, Carlo Levi fut exilé en Campanie, à Grassano puis Aliano, jamais à Eboli, localité de Campanie et de Lucanie,  proche de Salerne, au sud de Naples, où le Christ s'arrête, oubliant les pentes désolées des Apennins. Carlo et Primo Levi ne sont ni frères, ni parents proches. Une génération les sépare, cependant, ils sont tous les deux issus de familles juives de Turin! 

Les aliscafis ont, depuis, réduit considérablement l'exil sur les îles, quoiqu'à Stromboli, par coup de sirocco, il n'est pas rare d'y rester prisonnier. 
Il ne reste plus grand chose de l'économie traditionnelle, le phylloxéra puis la première guerre mondiale ont vidé les îles de leurs habitants, aujourd'hui le tourisme constitue la nouvelle source de revenus jusqu'à la fin octobre.
Puis, tout ferme, les fenêtres des maisons sont barricadées de planches, les échelles qui permettent les bains sur le quai de Salina sont enlevées, les bateaux et les voitures emballés de plastique, seule peut-être Lipari continue à vivre en dehors de la saison et le restaurant de Maurizzio sur Vulcano reste ouvert toute l'année!

Je conseille vivement les îles éoliennes, mais hors saison...En août, elles sont blindées. 
Alors que les ruelles de Salina résonnaient du bruit de nos pas, nous avons imaginé les foules qui devaient s'y porter en été, de boutique en boutique, elles sont presque toutes fermées fin octobre. Les bougainvillées restent en fleurs, le jasmin révèle tout son parfum à le nuit tombée, tandis que les chats, innombrables, prennent possession des places et des ruelles, câlins, indifférents voire carrément sauvages.

En vrac, pourquoi les îles éoliennes? 
Un peu comme pour les poupées russes, les îles cumulent le charme et les particularités, de l'Italie,  de l'Italie du sud (Procida et Naples), de la Sicile. Le tout en un!
Pour les amoureux de géologie, Vulcano fume, son cratère est accessible, les plages sont de sable fin, et noir, comme des écrins au pied des pentes du volcan, les couchers de soleil magnifiques sur un littoral édenté.
Salina et ses deux volcans jumeaux permet de multiples randonnées bien balisées,  ses petits villages sont charmants, enfin Stromboli vaut le détour si tant est qu'on puisse accéder aux vomissures du volcan. Je ne connais pas les autres îles mais je pense qu'elles sont aussi intéressantes et je me suis promis d'y retourner.

Se déplacer
Nous avons atterri à Catane, le plus grand aéroport de Sicile après un voyage sur un vol direct en provenance de Nantes de la compagnie Transavia (très bien). Puis nous avons pris les bus, les guitounes sont à la sortie de l'aéroport, elles permettent d'acheter des billets pour le centre ville de Catane ou  pour Milazzo, embarcadère le plus proche vers les îles. Le trajet en car, en cette saison, n'est pas direct, il faut changer à Messine en essayant de ne pas rater le numéro qui passe cinq à dix minutes après avoir été déposé dans la rue ... Heureusement il y en a environ toutes les heures. Pendant le trajet, on prie afin que les viaducs et les ponts tous rongés par le temps ne s'effondrent pas comme à Gènes!
Les aliscafis de la Liberty Line nous emmènent ensuite d'île en île, rapidement, ils sont fréquents y compris hors saison.
A Vulcano, nous avons loué pour trois francs six sous, une fiat type méhari, à Salina nous avons pris le bus, il s'arrête à la demande et parcourt l'île de long en large assez fréquemment.

Où dormir? 
Hors saison, toutes les adresses des guides étaient fermées, nous nous sommes rabattues sur booking, conscientes que ma foi, la prestation n'est pas gratuite. Je conseille à Vulcano,  l'hôtel Garden et son magnifique jardin, nous avions une énorme chambre avec terrasse ; à Salina, la Villa rossa avec vue mer sur l'est et lever du soleil,  à Stromboli, Hôtel villaggio Stromboli, gentiment désuet mais la chambre offrait une jolie terrasse avec accès à la plage, une très belle vue sur Strombolicchio et le sentiment de marcher sur les pas d'Ingrid Bergman, le personnel y est charmant et très aidant!

Manger? 
A cette saison cela peut poser problème, le choix étant restreint, nous avons opté pour les restaurateurs ouverts : chez Maurizio à Vulcano,  où nous avons pu goûter les spécialités locales, excellentes ; Nni Lausta à Salina. Nous avons dévalisé la boulangerie de Salina pour ses petits gâteaux à la pâte d'amande.

Huit jours peut sembler court, certes, je conseillerais une quinzaine afin d'explorer d'autres îles dont Lipari.
Vulcano

Salina

Salina

jeudi 8 novembre 2018

Conseils pour une virée dans les Highlands en Ecosse.

Mes conseils pour une virée dans les Highlands en Ecosse ne sont pas incongrus, je m'explique. 



Faire revivre le blog? Pourquoi pas! Il me prend des envies d'écriture qui tombent bien puisque j'ai, en stock, une flopée de brouillons jamais publiés qui n'ont besoin que de retouches et de quelques illustrations. 
Pourquoi parler d'Ecosse? 
D'une part,  les îles qui m'angoissaient tant me passionnent,  les îles Lipari m'ont ravie! Afin de vous faire patienter, concernant le billet relative à ces dernières,  lecteurs chéris, je solde ma virée en Ecosse. 
D'autre part, plongée dans l'écoute attentive du récit de vacances d'amis-miens en Ecosse, à la Toussaint, (1°, vent violent, paysages sublimes, vaches et moutons pour toute compagnie, gros pulls, moufles, feux dans le poêle, couchers de soleil à se damner..), il m'est venu, à les entendre, des envies de hautes latitudes, de voyages et de rentabilisation de billets abandonnés en mode brouillon. 
Certes, ces bons plans viennent comme un cheveu sur la soupe, mais dans l'attente de ceux des îles Lipari (j'ai promis, j'en fais le récapitulatif bientôt), je me fais plaisir, un soir de tempête bretonne. 
Pour comprendre l'ambiance, il suffit de se replonger,, et ici, j'y parle de pluies, de cirés, de bruine, d'humidité mais aussi de paysages sublimes, de bouffe et de rires
Harris

Quand partir en Ecosse?
Préférer avril ou mai, plutôt que juillet et  août, ce sont les mois les plus secs et les jours les plus longs, cependant, juillet est jouable à condition d’être équipé et souple sur les itinéraires (savoir renoncer à grimper sur les sommets). Que la nuit soit courte est un avantage certain, le soleil est levé dès 4h du matin, il se couche aussi tard qu’en Bretagne, vers 22h30, les journées peuvent être occupées de manière optimale. La lumière compense la pluie. 
Où? 
L’Ecosse est un pays magnifique. Il faut savoir que si l’on quitte le sud (Edimbourg et les Trossachs au nord de la ville qui offrent déjà un très chouette aperçu de la géographie du pays), il fera plus froid, plus humide surtout. Il convient d’être équipé. La découverte des Highlands et surtout des Iles hébrides est inoubliable. Le circuit que nous avons fait, en mixant randonnées et road trip est intéressant car il nous a montré un vaste aperçu de la région.  Cependant,  nous avons dû écourter -souvent- certaines randonnées à cause de la météo pluvieuse, changer nos plans afin de nous rapprocher des côtes plus ventées donc moins soumises à la pluie battante. Le résultat a été au delà de nos espérances puisque nous avons découvert des régions sans aucun touriste, où nous étions la plupart du temps seules. S’arrêter pour marcher, une heure ou deux, plus, quand cela est possible, permet de s’imprégner en profondeur des paysages, d’éprouver. 
Nous avons l'intuition qu’il faudrait,  maintenant que nous avons un aperçu de la région, faire trois séjours de trois jours afin de rayonner à chaque fois autour de lieux remarquables, de façon à mixer les activités,  randonnées et kayak par exemple (pourquoi pas). 
Comment? 
La formule B&B est intéressante lorsque l'on voyage en couple ou à deux:  hôtes charmants et serviables, petits déjeuner copieux, et surtout, lieux magiques. Je ne crois pas avoir été déçue une seule fois. 
Il est d’ailleurs possible de louer des petites maisons dans des coins perdus au décor anglais écossais tel qu’on les imagine, avec poêle, fenêtre à petits carreaux, jardins jardinés, hortensias bordant de jolis murs de pierre sèches, etc…Certains B&B sont des guesthouses, avec davantage de chambres mais tout aussi charmants. 
Ma liste pour s’équiper
La valise! ah ah ! J’ai pris une demie valise en trop pour dix jours, on a vécu en mode ourses! A quoi bon s'encombrer, la plupart du temps on ne met pas la moitié des vêtements que l'on emporte! J'ai donc décidé, à l'avenir, de voyager léger et de constituer une valise rationnelle. 
Dix jours en juillet= dix tee-shirts à manche longue pour moitié, (il fait frais un petit 13° en moyenne) en coton. Bien que lourd, le coton reste doux au corps, le vêtement de randonnée très technique, en pur schmellpoff, sent rapidement sous les bras, il doit être lavé tous les soirs, ce qui n'est pas très compliqué, car il n'est pas rare que le chauffage soit allumé dans les chambres. Pour les feignants, dix tee shirts!  Il convient aussi d'y mettre un pull polaire, si possible à fermeture éclaire qui s’ouvre ou se ferme de façon à s'adapter au temps qui change vite, le randonneur a vite chaud ou froid ; deux caleçons de course à pied (ou équivalent) ou pantalons techniques mais ils sont moins pratiques que le caleçon car le bas est vite trempé et met du temps à sécher ; un short (oui oui) ; sous-vêtements, chaussettes de randonnées  (deux paires); godillots indispensables pour la randonnée en montagne en cuir qui montent haut, serrent bien la cheville; des guêtres ; une paire de chaussures de marche basses afin de se lester des godillots peu pratiques pour conduire, elles sont  suffisantes pour une petite virée au bistrot ou autour d’un village (j'envisage d'investir dans des chaussures de voileux, que l'on peut mettre avec ou sans chaussettes, élégantes pour le soir, pratiques à enfiler pour reprendre le volant ; un foulard; un fond de sac en plume (genre petit blouson qui se compacte ) ; une veste gore-tex, de qualité ; une cape de pluie  qui descend bas (sachant qu'elle sera de toute façon transpercée mais séchera vite) ; un sac à dos de 20l léger, et de bonne qualité  (26l pour la montagne) ; un parapluie ( ce n’est pas idiot, surtout quand les randonnées ne présentent aucune difficulté technique). 
Le reste de la valise comprend le pantalon du soir en jean (ou autre)qui sert également pour le voyage,  un paire de chaussures jolie, genre ballerines (en été) qu'on peut porter dans l'avion, la veste qui  va bien (il faut tout le temps être couvert) sera le petit blouson en plume…Et puis c’est tout! La robe en Ecosse est très superflue. 
Cette liste convient pour de nombreux voyages à ces latitudes! 
J’avais en trop: deux pulls, un pantalon et une veste sans manche totalement inutiles,  les nu-pieds, le maillot de bain, l’otarie, la petite serviette de bain, bien que nous ayons été, à plusieurs reprises, tentées par la baignade. 

Repas.
Pour des bourses moyennes, nous avons fait un choix raisonnable, nous gavant le matin au petit déjeuner, optant pour les sardines la Belle-îloise ou l'émietté de thon à midi avec du pain de mie, quasi inépuisable, (quelques extras toutefois à voir ici), dînant dans les pubs le soir ou quelques restaurants sans prétention. Cependant pour qui veut se régaler, il y a des restaurants sympathiques, il suffit de se munir du guide approprié ou de compulser le routard. 

Guide

Tous se valent mais mon coeur balance vraiment pour le Routard, récent si possible (moins de deux ans). Les contenus sont conséquents par rapport à ce que j'ai pu lire ailleurs, dans chaque domaine. Par exemple, au sujet des transports et des moyens de communication, il fait réellement le tour de la question.  Ainsi, nous avons pu prendre le ferry, Corran Ardgour à 20h30 afin de se rendre à Onich sans avoir à rouler jusqu'à Fort William, le passage se voyait à peine sur la carte mais les indications et les horaires du guide étaient exacts et utiles. Il est aussi compact et léger.
Le site internet walking in Highland est remarquable. 
Les B&B offrent également un petit ouvrage très sympa sur les randonnées à faire dans la région. 

Mon top 10 20

Plockton, parce que le lieu combine port et loch, petites maisons nichées dans la verdure, calme et puissante inspiration.
Les Quairaings sur Skye
North Uist et l'eau comme un miroir entre le vert des champs piquetés de moutons
La tourbe
les façades des whitehouses typiques des paysages écossais
Les vallées en U dessinées par les glaciers
Le charme des passing places et à fortiori des routes
Les cimetières (parce que je suis fan)
Les Cairngorns parce que ce sont les seuls sommets que nous ayons vus dans la solitude après avoir quitté Edimbourg
Le vert
Les bois où se mêlent d'innombrables essences dont des rhododendrons, des troncs tous inclinés
Les cabanes incongrues en tôle souvent, toujours debout après de multiples couches de peinture.
La loutre qui se baladait peinarde sur la route avant de plonger dans le fossé.

Quelques adresses
Plockton Inn and sea food Restaurant
Sur North Uist, chambres d'hôtes chez Effie
A Dornie, Conchra House
A Stirling, Georgian House 
A Edimbourg, Martin's guest house. et son magnifique petit déjeuner so british! 
Edimbourg


Plockton

mercredi 31 octobre 2018

Stromboli!

Juste un petit article que j'aurais aimé lire avant de partir pour les îles éoliennes et ne pas rater (rater de chez rater) le Stromboli


Avant le cratère, attendre le coucher du soleil en troupeau

Stromboli est l'île phare des îles éoliennes, la plus excentrée et la plus impressionnante. Sa célébrité  est due aux éruptions permanentes du volcan, plusieurs fois par heure, souvent accompagnées d'un rugissement de bête. Nous l'avons gardée pour la fin de notre séjour, comme le dernier bonbon de la boîte, en se disant qu'un feu d'artifice naturel ne pouvait que ponctuer avec panache un magnifique séjour sur l'archipel!
Seulement voilà, il ne suffit pas de lire les guides qui rappellent à l'envi que la Mer Méditerranée est capricieuse, que les vents y sont violents, les vagues foutraques et fortes et que, parfois, ma foi, on peut y rester coincé et ne rien voir des frasques du volcan! J'avoue ne pas avoir réalisé le risque à courir... Pas le moins du monde! Aurais-je mal lu? Probablement! 
Pour résumer, il ne faut rien prévoir pour Stromboli, il suffit de s'y rendre quand le temps est clair, la mer douce et donc se tenir prêts à la façon des vacanciers qui arrivent en fin de matinée de Panarea, Lipari ou Milazzo, montent au cratère en fin d'après-midi, assistent au coucher du soleil et aux éruptions puis redescendent et repartent dans la foulée vers d'autres ports plus accueillants. Tourisme de masse garanti. 
Lorsque le sirocco souffle et  dépasse 15 noeuds, que les hauteurs de vagues sont à plus de 1,5 m, les bateaux de la Liberty Lines, les Aliscafi ne peuvent plus amarrer sur le ponton un peu léger. Compte tenu du volcan qui plonge dans la mer brutalement, à plus de 2km de profondeur, les autorités n'ont pu construire un quai plus adéquat ... C'est ballot! Les touristes et les autochtones sont donc coincés sur l'île ou ne peuvent s'y rendre. 

Au mieux, afin de profiter du village, on peut envisager la visite en début de séjour, être prêts à y rester plus longtemps en cas de coup de sirocco, afin de faire coûte que coûte l'ascension sans risquer de rater son avion. Un choix s'impose donc puisqu'il faudra renoncer à rester plus longtemps sur les autres îles de l'archipel ... 

On peut aussi choisir une saison plus clémente qu'octobre, mais il faut alors accepter les trâlées de touristes, jusqu'à 22 groupes de 20 personnes à la queue leu leu sur les pentes du volcan (440 personnes). En moyenne ce sont 14 groupes soit près de 250 personnes qui assistent à tour de rôle au feu d'artifice chaque jour en haute saison. 80 personnes en permanence s'agglutinent sur les bords du cratère afin d'immortaliser le feu d'artifice.
On peut aussi opter pour la visite de jour, si l'on n'a pas peur du vide et des pentes! 

Pour résumer:
- vérifier la météo
- consulter les sites concernant les vents et la houle : windguru ou windfinder par exemple. Les forces du vent et les indications de hauteurs de vagues sont fiables, elles sont données heure par heure.
- consulter le site INGV sur le volcanisme et les séismes en Italie 
- bien réfléchir à son circuit en ayant un peu de souplesse 
- accepter de ne pas être seul, de suivre un guide en troupeau
- bien lire son guide, ma préférence reste le routard... 

Je ne pourrais pas vous dire si la visite en vaut la chandelle! Sans doute...
De la terrasse de l'hôtel Villagio Stromboli, Strombolicchio

Cela dit, Stromboli vaut aussi pour ses maisons blanches accrochées à la colline, la propreté de ses ruelles, ses quelques plages de sables noirs (les plus belles de l'archipel, selon le guide du Routard), le circuit de randonnée qui emmène au belvédère à 390 m d'altitude, au dessus de la Sciara Del Fuoco, 700 m de large,  boulevard d'où déboulent les morceaux de lave éjectée, encore fumante, qui atterrissent en mer. On n'y rencontre presque personne, le spectacle est impressionnant sous les grondements du volcan.
La Sciara del Fuoco

Hors saison, j'ajouterai, le plaisir que l'on a à déambuler, la mer est encore chaude, 22 degrés, minimum, claire. Les habitants que l'on sent épuisés par deux mois  touristiques intenses, gardent  le sourire et sont extrêmement sympathiques.
Strombolicchio
Mais les îles éoliennes ne se résument pas à Stromboli ... A suivre

mardi 30 octobre 2018

Stromboli ..

J'ai grimpé le Stromboli

11h nous arrivons à Stromboli, depuis Salina, la belle, la pétulante. 
11h03, nous montons dans le scooter de l'hôtel, une voiturette pétaradante, crachant du noir. 
11h05, nous filons nous renseigner (20 minutes de marche) auprès d'une des agences qui organisent le trek (comme je me la pète grave) vers le cratère, avec la ferme intention d'y grimper,  peinardes le lendemain, dimanche. 
11h31, Lukas a fini par nous convaincre que dimanche était mal choisi, que le vent serait violent, le temps bouché et qu'il était préférable de grimper samedi après-midi ... 
11h32, il ajoute perfide, avec le sourire cependant,  qu'il y aura tellement de vent qu'on ne pourra peut-même pas repartir lundi matin comme prévu, probablement mardi sous réserve....
11h34 damned ... On retourne à l'hôtel (20 minutes de marche). 
12h à l'hôtel, on se change, on prévoit des affaires chaudes, chaussettes longues, pull et coupe-vent, frontale, eau et goûter. Ma copine détache sa capuche afin d'alléger son blouson, opte pour un tee-shirt à manches longues plutôt que sa polaire, moins lourd... 
14h on est devant l'agence, sur le pied de guerre avec 40 autres personnes, familles avec jeunes enfants et personnes âgées, - plus que moi, évidemment. 
14h 30 après les explications d'usage, la remise de l'équipement, lunettes et casques, bâtons de bambou pour ceux qui veulent,  le troupeau s'ébranle suivi par au moins quatre autres groupes tout aussi complets, on y parle français, mais aussi un peu italien, les Allemands sont réunis entre eux, dans une autre agence. 
14h32 l'ascension commence, 924 m raides...Les 500 premiers mètres nous font traverser un dense matorral de bambous, à l'abri. Le temps de s'échauffer. 
15h, on progresse à bon rythme, notre guide s'arrête régulièrement afin d'évoquer l'histoire du volcan, celle de l'île vaincue par les éruptions et l'épidémie de phylloxera, nous montrer quelques plantes (câpres) . Certains groupes nous doublent pour stationner plus haut. 
16h, le sérial killer se traîne, Papi conseille Mamie, les enfants caracolent en tête, s'égosillant à qui mieux mieux. Le guide doit calmer leurs ardeurs... Le couple parfait s'engueule, Alban, rude pilote d'hélico et Marie-Bénédicte qui travaille dans un bureau des guides, friment en vêtements de marques. Alban a perdu le sandwich, tombé dans le sable noir, occasion pour Marie-Bénédicte de rappeler qu'elle " au moins, ne l'engueule pas pour si peu" ... 
17h, il fait sombre nous avons abandonné les haies de cannes pour le vent qui souffle en trombe, sur la pente raide. Le guide parle dans son talkie-walkie, ça fait super sérieux et professionnel. 
17h15 halte prolongée à quelques encablures du cratère afin d'admirer le coucher du soleil, la brume tombe, on se pèle grave, on enfile les couches une à une, regrettant la petite doudoune restée dans la valise, la capuche et le pull.  
17h30 comment faire pipi? J'ai observé quelques dames quittant discrètement le groupe pour les hauteurs proches, je fais pareil... ouf, je me soulage à l'abri des regards indiscrets, je ne suis pas la première mais j'envie les pouvoirs de rétention de ma copine. 
17h32, un mec se met dos à la foule,  face au vent, il ne trompe personne mais a dû se tremper le pantalon et les chaussures, le sirocco souffle en rafale . 
17h40, on a envie de précipiter dans le vide les mômes qui braillent, crient et jouent, le spectacle incite au recueillement, à l'apaisement: un coucher de soleil, c'est beau si tout le monde communie! 
18h, le soleil est couché, on n'a rien vu, rien de rien, le groupe est plongé dans le gris, le noir et la brume froide et mouillée. On se pèle.  
18h05, le guide passe dans les rangs nous faisant croire qu'on va monter au cratère et qu'on verra quelque chose... taddahhh! De toute façon, c'est le seul chemin possible .... 
18h10, le groupe s'ébranle, on a pour consigne de sucer les chaussures de celui de devant, à la frontale, sans traîner. On chemine, courbé dans le vent, à deux doigts de s'envoler ..
18h30, la queue s'arrête brusquement, le guide passe devant nous, rangés en ligne et nous dit, en chuchotant comme si il avait peur de réveiller le monstre, " le bord du cratère est ici" .... On devine le bord, on imagine la pente, le trou, la lave, le volcan grogne, on repart et on entame la descente à bon rythme, talons dans le sable pendant plus d'une heure... sans trop se poser de questions tant il y a de poussière et du vent. 
19h30, un peu réchauffés à l'abri des cannes, on est autorisé à enlever les casques et à se déshabiller, on crève de chaud, c'est ballot!
20h on retourne à l'hôtel (20 mn), se doucher, délestées de quelques calories, (quoiqu'on ait fini les gâteaux aux amandes délicieux achetés à Salina) et de 28 euros chacune. 
20h30 on se pose devant 66 cl de bière, la Messina....Rahhha... 
Ce fut une belle journée! 
En attendant le coucher du soleil... 

jeudi 11 octobre 2018

Au théâtre! Novecento

Au théâtre, je dors, et surtout quand il s'agit de théâtre! Une exception, Novecento, épatant!

A priori, rien ne me résiste, je dors! 
Pendant la représentation du Misanthrope de Molière dans la magnifique salle de l'Archipel de Fouesnant, j'ai attendu la scène du sauna, (ou celle que j'ai imaginée se passer au sauna), la fumée m'a enveloppée, je me suis gentiment assoupie, ne me réveillant qu'au coup de coude brutal de ma voisine gênée par les ronflements. J'ai bien loupé un tiers ... Y compris lorsque l'actrice principale s'égosille. Bien sûr, je cherche des excuses:  je n'ai pas été la seule à dormir, on a tous poussé un petit roupillon (sauf ma voisine brutale de droite et sans doute celle de gauche qui a comparé mes ronflements aux ronronnements d'un petit chat), la chaleur n'a rien arrangé, la fatigue de la journée de travail a pesé, l'absence de sieste (y a des jours comme ça) la diction un poil pénible d'Alceste (Rodolphe Dana), le texte exigeant de Molière, bref, ... J'ai dormi! Et je ne suis vraiment pas prête à assister à des spectacles de 8h quand bien même ceux-ci soient de qualité et renouent avec la tradition des temps passés. 

Par contre, hier soir, Novecento joué et mis en scène par Dussollier, ne m'a pas envoyée dans les bras de Morphée! Pépère (72 ans) a la forme et même la grande forme et le génie des grands acteurs. Ce fut un régal! 
Poétique, bien jouée, musicale, courte, philosophique, littéraire, pleine d'humour, la pièce est un régal. 

mercredi 12 septembre 2018

Le guetteur, Christian Boltanski

Parmi les quelques 700 ouvrages parus à la fin de l'été, je n'ai acheté et lu (souvent j'achète et j'empile sans lire) que le guetteur de Christian Boltanski. J'avais grandement apprécié la cache du même auteur. 

Je me suis bien moins régalée... J'apprécie le portrait de sa mère, l'enquête qu'il mène après sa mort  dans son quartier, auprès de ses voisins, afin de mieux connaître la vieille dame recluse qu'elle était devenue, l'analyse des romans policiers qu'elle avait commencés. Il traque la déchéance et l'effacement de sa mère. Il me donne envie de visiter le 13ème arrondissement de Paris, les barres d'immeubles construites dans les années 60, revoir le quartier sur dalle des Olympiades, découvrir la Butte aux cailles,  ... Il n'a pas son pareil pour rendre vivant les supérettes, les trottoirs, les cages d'escaliers sonores, les bars sans âme où flotte encore l'odeur de vieux tabac. J'aurais sans doute mieux à faire sur un court week-end. 
Par contre, j'aime moins les chapitres consacrés à la jeunesse de sa mère, Françoise, porteuse de valises pendant la guerre d'Algérie. L'auteur change de pronoms personnels, de manière d'écrire, de point de vue, il imagine et perd l'émotion qu'il y a dans les autres pages. J'en viens à sauter ces passages qui m'ennuient, écrits à la manière d'un roman, poussif et sans âme. 
Ce livre révèle donc toute la difficulté d'écrire une fiction et la facilité que certains ont à raconter leurs émotions, à décrire ceux qui les touchent et qu'ils aiment (ou pas). 
A moins que ce ne soit moi qui est une appétence particulière pour l'écriture de l'intime?  
En attendant, nourrir ce blog m'est de plus en plus difficile et laborieux, je ne me fais plus rire. Mes derniers articles sont également poussifs et sans âme, certains me font honte. Ce n'est pourtant pas l'envie d'écrire qui me manque, mais l'élan, le souci de ne plus me dévoiler et sans doute, l'impossibilité de dire mes émotions (mais je n'en ai peut-être plus)! 

mercredi 29 août 2018

Les forges de Paimpont

Les forges de Paimpont

Quand j'étais petite, nous allions régulièrement voir mes grands-parents à Plélan-le-grand. On y retrouvait mes cousines,  ma tante et mon oncle.
Mes grands-parents habitaient un meublé de deux pièces, l'une donnait sur la route nationale qui traversait alors le village, c'était la chambre, on y dormait tous ensemble, moi sur un lit de camp, rouge, en creux, dont les liens s'usaient et se détendaient, ma hantise était que le mécanisme se referme brusquement pendant la nuit, j'évitais de bouger afin de ne pas finir pliée en deux et prisonnière.  Je m'endormais au son des voitures, peu habituée au bruit incessant des véhicules. 
Au déjeuner du dimanche midi, on se tassait dans la salle à manger-cuisine, entre les deux grands bahuts, toujours, tous assis à la même place.  Ma grand-mère cuisinait un rôti de veau, en casserole avec des pommes de terre et des oignons. Invariablement, elle nous servait un pâté de foie, ou un pâté de lapin (ou de campagne) à se damner.  Je n'ai plus aucun souvenir du dessert! 
Après le repas, nous allions aux forges de Paimpont, mais pas à Paimpont dont je n'avais aucun souvenir en m'y rendant pendant les dernières vacances. On se garait sur la route nationale et on descendait à pied en longeant à droite, l'étang, et à gauche, les forges et les logements des ouvriers. 
Le clou de la balade consistait à aller exciter les chiens du chenil. 
En général, à notre arrivée, trois bestioles étaient vautrées dans l'herbe, indifférentes aux passants, levant à peine une oreille à notre arrivée, l'oeil torve, battant mollement de la queue, le reste de la meute faisait  la sieste dans l'immense niche à chiens. 
Le jeu consistait donc à exciter les trois pleupleus qui, alors, se jetaient sur le grillage, complètement excités, faisant surgir des portes, grandes ouvertes, le reste de la bande. Une vingtaine de chiens s'alignaient en hurlant le long de la clôture, sautant le plus haut possible et aboyant sur nous de tous les leurs poumons! Un régal! 
La séance durait un moment, on ne se lassait pas du spectacle! 
Parfois on prolongeait la ballade vers le bois, tandis que les chiens se calmaient et retournaient à un repos bien mérité.
Le truc était de repasser et à nouveau, de les exciter.
Le chenil 

lundi 18 juin 2018

Des nouvelles de Lili

Lazuli aka Lili va bien. 

Elle dort, elle mange, elle dort. 
Depuis peu, elle perd ses poils pourtant elle a passé l'hiver bien au chaud sur le perchoir dans une caisse à papiers. 
Une ou deux fois, elle a vomi sur les tapis mais rien de bien méchant. Une fois sec, le vomi se nettoie sans problème. En général,  il n'incruste pas les fibres tellement les morceaux qu'elle a avalés sont gros. Elle se jette sur la nourriture comme un morfal, elle se goinfre  comme si je ne lui donnais rien! Pourtant, j'applique à la lettre les conseils de D. Goux: toujours une gamelle pleine et de l'eau bien fraîche.... Parfois, je lui offre une tête de poisson décortiquée cuite à l'eau ou un sprat cru royalement offert par le poissonnier, de la peau de poulet, le pot de yaourt ou de glace à lécher ... 
Cette chatte n'est pas bégueule, elle mange de tout depuis sa disparition  alors qu'elle n'était encore qu'une chattonne de quelques mois. 
Dès que je rentre elle m'attend sur le tapis de l'entrée ... et dès qu'elle rentre elle s'y précipite pour nous offrir son ventre à gratouiller. 
Je craque complètement. Parfois la nuit,  elle dort avec moi, mais pas sur moi!  Elle monte sur le fauteuil et se roule en boule. J'adore cette présence, même lorsque, sur les coups de 4h de matin, elle gratte pour sortir. Si elle ne se couche pas en même temps que moi, je laisse la porte ouverte, elle prévient quand elle arrive par un petit piétinement délicat - qui me réveille- avant de se rouler en boule sur sa couche. 
Je gagatise complètement, 
Parfois je me demande si ce n'est pas moi qui vis chez le chat! 
Partir reste un problème, pourtant quand j'étais petite, on ne se posait pas du tout la question du "qui nourrirait le chat", on partait et après nous le déluge! Au bout d'un mois, notre inquiétude était vite balayée car Minette arrivait à fond de train comme si on l'avait quittée la veille! 
Je n'ai guère envie de la laisser errer pendant mon absence dans ce monde de brutes. Un vieux loup du bas du quartier piège les corneilles, les renards, et les chats, entre autres. Il est, paraît-il, habilité à tuer par la préfecture.
Laisser Lili suppose qu'elle aille chercher sa pitance hors de son périmètre donc qu'elle erre et se fasse croquer par un plus gros qu'elle ou piéger par le professionnel. P. ou G. passe tous les jours pour le petit câlin rituel ... et surtout remplir la gamelle.
Depuis peu, elle a un compagnon de jardin qu'elle tente bien de repousser avant de jouer les indifférentes, ce dernier n'est pas farouche, plutôt câlin, son plaisir est de tenter de rentrer dans la maison et de filer vers la cuisine manger les croquettes de Lili, avant de ressortir repu. Heureusement qu'on ne vit pas la fenêtre grande ouverte, habiter en Bretagne a du bon! Tous les deux n'ont peur que d'un vilain matou, gras et trapu, ressemblant vaguement à un siamois mais poilu comme un ours, mauvais comme une teigne, il fait fuir le petit gris comme un dératé, et soumet notre Lili à coups de violents coups de griffes. Je n'ai jamais vu un chat aussi court sur pattes.
Dans ce jardin royaume des félins, j'ai peur pour mes crapauds qui batifolent en ce moment, la nuit, sur la terrasse, les oiseaux qui nichent dans les buissons.
Bref, Lili va bien! 

mardi 15 mai 2018

Rien où poser sa tête, Françoise Frenkel



Françoise Frenkel a franchi la frontière franco-suisse en Haute-Savoie en juin 1943, clandestinement, elle avait 54 ans et une furieuse envie de vivre. 
Je n'ai pas les qualités littéraires de Patrick Modiano qui signe la préface et souligne toute la singularité de ce livre remarquablement bien écrit. 
Cependant, l'ouvrage m'a laissé une forte impression après l'avoir terminé, ces quelques jours où l'on ne quitte pas tout à fait l'auteur, l'histoire et son ambiance. 
L'écriture reste factuelle, mais l'auteur évoque les lieux où elle se réfugie avec une grande précision, les femmes et les hommes qu'elle rencontre avec empathie, sans atermoiements. Elle garde, quoiqu'il lui arrive, une grande confiance  en l'humanité et redonne foi dans l'espèce humaine. Nombreux ont été ceux pendant la guerre, qui ont résisté, à leur échelle, et aidé les persécutés. 
J'aurais aimé savoir si les "Marius" à Nice ont obtenu la médaille des Justes pour le secours qu'il lui ont apporté, connaître la vie de Françoise Frenkel après la guerre contrairement à Modiano qui préfère ne rien savoir d'elle! 
En 1958, elle fait une demande d'indemnisation pour sa malle saisie par la Gestapo, demande dérisoire quand on sait qu'elle a laissé sa librairie française de Berlin entre les mains des nazis (Corine Defrance La "maison du livre français" à Berlin 1923-1933 et la politique française du livre en Allemagne) 

mercredi 21 mars 2018

Traverser la Loire

Traverser la Loire n'est pas si facile!

La Loire 

Couëron, gros village autrefois ouvrier,  se contente de contempler l'autre rive restée sauvage.  De ces berges-là, on ne traverse pas la Loire, on y contemple les flots tumultueux, ils impressionnent. Le fleuve court à la mer à grande vitesse mais en silence, il se presse, aucune île ne l'arrête. Un civellier le chevauche, le capitaine campe fier et droit derrière le gouvernail, sous les yeux épatés des badauds, il pousse son moteur afin de rester dans l'axe et rejoindre son port d'attache.
La Loire est fière, large, puissante, ce n'est que de rares fois, à marée basse qu'elle fuit mollement vers l'estuaire. De Tours à Saint-Nazaire, je l'ai toujours vue pressée.
Par coefficient 104, la Loire mange les berges, y déposant branches et déchets, bons à glaner pour le poêle, son eau salée brûle les herbes du rivage.  Les grandes marées n'ont guère épargné la maison dans la Loire, de Jean-Luc Courcoult (exposition Royal de luxe 2007). Elle prend les couleurs de la vase, un beau vert gluant.
Les arbres ont remplacé les cordes de halage mais ils n'empêchent pas le fleuve de quitter son lit, ils plient puis se redressent ; seules, quelques bites d'amarrage subsistent inclinant leur tête couronnée vers le fleuve.
La Maine? La Loire? Bouchemaine. 
De Bouchemaine à Saint-Nazaire, le courant semble le point commun car les paysages des rives changent. A quelques encablures de l'embouchure, le fleuve prend les teintes de la mer. Près d'Angers, à Bouchemaine, confluence avec la Maine, de belles propriétés jalonnent son parcours, derrière les coteaux des vignes du Serrant. Derrière leurs hauts murs, les maisons bourgeoises  restent muettes, confinées, cachant leurs secrets familiaux.
Les rives vers Couëron sont sauvages ou industrielles, du moins, l'étaient. De belles usines de briques rouges arborent fièrement leur architecture fin XIXème, l'usine à plomb ouvre sur la promenade, sa tour a du souffle. Les petites maisons ouvrières ne se protègent guère des crus, elles profitent du paysage.
Parfois, le froid gèle la Loire. Elle se traverse alors à pied. Les promeneurs du XIXème siècle tentent la traversée en longue file indienne, près de l'usine Beghin Say de Nantes. 
Plaque de verre, crédits @ChroniquesdeBretagne

dimanche 11 mars 2018

Londres en mode troupeau...

Une vingtaine de bonnes raisons de se rendre à Londres pour quelques jours ou un long week-end! J'aime la ville, y compris en mode troupeau et par un ciel, froid et gris. 
Shaftesbury Avenue
1. Le dépaysement est garanti, le paysage rural et urbain y contribue: maisons de briques rouges, bow-windows blancs illustrés de petits rideaux de dentelles, ruelles foutraques, parcs magnifiques aux arbres qui portent leur branches comme des traines de robes de mariées, cyclistes rapides sur les routes encombrées, bus rouges, atmosphère tellement saxonne, grosses bagnoles et touristes en goguette.  
2. Les Britanniques ont le souci du détail, des petits riens si plaisants à l'oeil: papiers toilettes enturbannés dans un joli tissu brodé à fleurs alors que la crasse s'accumule dans le coin des fenêtres, plats joliment préparés mais tout est surgelé ou sous vide, mélange des couleurs vestimentaires dans les vitrines. 
3. Cordialité et amabilité sans excès mais si confortable pour l'impétrant de parlant pas un traître mot ou baraguouinant un sabir peu orthodoxe. 
4. Des pubs accueillants où se reposer au chaud, dans un ambiance de bureau à la chaleureuse fin de journée professionnelle. 
5. Des chiens bien élevés, tenus en laisse, qui ne reniflent pas le cul, ni ne vous sautent dessus
6. Une ville sans poubelle, donc sans détritus et sans dégoulinure de pisse masculine donc sans odeurs nauséabondes.
7. Des musées magnifiques gratuits, sans file d'attente délirante sous la pluie pour une fouille prétexte qui ne sert strictement à rien, sinon à enquiquiner le visiteur.  
8. Des musées sans flicage permanent, accueillants (l'Anglais braille, mais pas autant que l'Italien ou l'Américain mais il braille), des gardiens heureux de renseigner, des petits ateliers libres d'accès, des espaces propices au repos, voir au petit pique-nique personnel. 
9. Des musées d'une richesse exceptionnelle. Cette année mention spéciale  au British muséum, que j'ai arpenté de long en large à la recherche de la pépite rare, ponctuant les longues déambulations d'un petit café sur une palier entre deux étages. J'ai particulièrement apprécié le reliquaire du duc Jean du Berry, du XVème siècle! Mes élèves ont adoré voir l'épine de la couronne du Christ....
10. Un accueil en famille à marquer d'une pierre blanche puisque nous avons eu la chance d'avoir chacune notre chambre et de bénéficier de dîners (certes surgelés) amoureusement préparés, de sandwiches mangeables, même si Lise fumait comme un pompier dès 5h du matin avec son Pussy cat so suite, un golden reitriver gros comme un veau, Barclays, de son nom de baptème.
11. La possibilité de voir une comédie musicale, Motown the Musical, une surprise et une belle découverte pour moi qui n'y connais rien. Au début, j'ai pensé que les chanteurs faisaient du play-back puisque le micro est quasi invisible sur le front à la naissance des cheveux. Le Shaftesbury theater a conservé son lustre d'antan, tout comme les spectateurs. Il y avait dans le quartier une lumière qui évoquait certaines rues de New York, quand le soleil est rasant sur les murs de briques pourpres, une poussière divine sur la photographie des passants.
12. Explorer et découvrir le charme de la City, visiter le Gherkin, le cornichon, apprécier la vue, tester le petit café, se faire plaisir.
13. Longer la Tamise afin de se rendre à la Tate Modern, même en plein hiver, traverser Saint-James Park, mater les vitrines excentriques.
14. Se promener  Traîner un grand groupe ("madame, on va encore longtemps marcher?"), sans stress contrairement à Paris. Préférer le trajet par Calais plutôt que par Ouistreham, -traversée moins longue sur le ferry-, de préférence lorsque le bus est confortable (et le chauffeur non psychopathe) et qu'il est possible de dormir presque allongée. S'y sentir comme dans un cocon, l'adopter comme sa chambre puisque matin et soir les 23 km qui séparent Croydon de Londres prennent presque deux heures et s'ajoutent aux 16h de voyage à l'aller et au retour. Se dire que plus jamais, on ira, puis récupérer pendant 8 jours et se dire que, ma foi, une virée à Londres ne se refuse pas, y compris en mode troupeau.


lundi 26 février 2018

L'amie prodigieuse, tome I

Alors voilà, je me suis lancée dans la lecture de l'amie prodigieuse d'Elena Ferrante, lecture idéale pour un voyage scolaire en bus, long, très long. 

J'ai certes quelques difficultés à me couler dans le moule du commun des lecteurs, cependant, cet été, Maryse et Kina attendaient avec une telle avidité la parution du tome 4 afin de savoir si Nino épouserait Lila que je n'étais pas  loin de m'y plonger à mon tour. J'avais bien succombé à la lecture de l'avant-dernier Millenium (l'ultime m'attend toujours), je savais que tôt ou tard je m'y mettrai! 
Ce livre est idéal pour les longs voyages en bus, en avion ou en voiture surtout si l'on n'est pas sujet au vomissement. Sa lecture ne nécessite qu'une faible concentration, il permet de suivre les conversations alentours tout en donnant l'impression d'être hors du monde. Il est suffisamment intéressant pour ne pas nous tomber des mains et plonger le lecteur dans le sommeil du juste. Pour qui connaît Naples et l'histoire de l'Italie du Sud, il est parfait et donne envie d'y aller ou pour ma part d'y retourner. Il est bien écrit sans être non plus un chef d'oeuvre, puisqu'il ne prend pas aux tripes, (du moins les miennes) mais il tient en haleine jusqu'au bout sans qu'on soit tenté de sauter des pages ou de lire en diagonale ou d'aller directement à la fin pour en connaître le dénouement (je n'ai pas craqué) et je dirai que c'est là que réside la plus grande qualité du bouquin!  
Le roman reste malgré tout  un peu ennuyant, fastidieux et  compliqué avec la multitude des Gino, Pépito et Carmena, mais paradoxalement il est attachant et curieux sans doute parce que je l'ai lu avec mes souvenirs de Naples, de la mer et de ses lumières! J'aime les impressions qu'il laisse lorsqu'on le pose sur la table de nuit, la promesse qu'il contient de voyager en lisant. Il y a quelques pages remarquables notamment sur la vie des femmes depuis les années 50 qui font qu'on s'y attache et qu'on le lit jusqu'au bout! J'adhère aux critiques positives et négatives que suscite ce livre! 
Cependant, j'attends un peu avant d'entamer le deuxième tome. 
J'ai fini le voyage en lisant avec bonheur, de Marceline Loridan-Ivens, L’amour après (avec Judith Perrignon, éditions Grasset)
C'est un très beau livre, bien écrit, autour d'une valise de lettres et de souvenirs, sur la difficulté à vivre après les camps, sur la difficulté de fondre la femme et la survivante, une leçon de vie, très certainement. Il m'a donné envie de relire et tu n'es pas revenu que je conseille en version poche car il contient un dossier inédit de l'historienne Annette Wiervorka absolument passionnant. 

mardi 30 janvier 2018

Sacé

Sacé? Vous connaissez?  
La pancarte est d'époque! 

Sacé est un village mayennais situé à une quinzaine de kilomètres de Laval, entre Rennes et Le Mans. J'y ai vécu jusqu'à mes 8 ans, dans le logement de fonction de l'école primaire, 8 ans de folles équipées sur les chemins creux que ma mère nous laissait explorer, sans se préoccuper de ce que je pouvais y faire, jusqu'où je pouvais aller. 
J'ai réalisé à  quel point j'étais petite quand j'ai vu la taille du mur que j'escaladais afin de voler de l'oseille dans le jardin de la voisine. Il fait à peine un mètre de hauteur alors qu'il me semblait immense. J'adorais les brins de fougères qui poussaient à travers les pierres et les mousses toutes douces qui me servaient à nourrir les poupées. (J'ai probablement raté une carrière de cuisinière).
Sacé, c'était ...
Courir. 
Grimper sur les murs ou dans les arbres, dans la tonnelle de lauriers palmes.
Faire du vélo dans la cour de récréation. 
Pédaler autour de la maison à toute berzingue, s'arrêter devant la cave pour terroriser mon frère, s'étonner de voir les topinambours jamais ramassés. 
Bâtir des cabanes avec des vieilles guenilles. Puis, lorsque mon père a délaissé le garage car la DS n'y entrait plus contrairement à la Dauphine, y installer une maison avec des cartons, les dînettes et les poupées, les lits et tout ce qui constituait un intérieur coquet. 
Tirer avec des frondes sur les merles qui nichaient dans le cerisier du voisin.
Ne pas approcher de la lessiveuse qui fumait dans la cour.
Jouer à être Thierry la Fronde (pas moi, j'étais Isabelle) ou Zorro (je n'étais pas Sergent Garcia ni une cruche de la série) ou aux cowboys: j'étais indienne en mocassin avec une robe que j'imaginais en peau. On faisait avec des feuilles de châtaigniers, des bandeaux ornés d'une feuille-plume et des ceintures. 
Galoper en short et en sandalettes tout l'été (même quand il faisait froid ou qu'il pleuvait), en collant  de laine tout l'hiver avec les brodequins.
Rouler un bonhomme de neige.
Faire de la balançoire jusqu'en haut du ciel ou le pendu en trapèze. 
Aller chercher le lait à la ferme.
J'évoquais au cours de gym, le bruit du premier jet sortant du pie de la vache dans le seau en métal, M. a commenté que, m'entendre en parler, lui rappelait le même souvenir. La scène de la traite tous les soirs, contemplée avec fascination, m'a durablement marquée. J'imaginais saisir les pis à pleines mains, sentir la chaleur de la peau, viser le fond du seau, rester en équilibre sur le tabouret. Il faudrait savoir peindre la lumière sur la blancheur du lait, la queue de la vache qui balayait les mouches sur un cul couvert de croutes de bouse, la robe noire et blanche de la bête, celle maculée à carreaux de la fermière en bottes en caoutchouc ou en sabots de bois,  l'odeur du purin qui coulait dans la cour, la chaleur du lait dans le pot qu'on ramenait, il fumait encore un peu l'hiver, le bruit du pavé de verre au fond de la casserole dans laquelle on le faisait bouillir  sur le poêle. 
Le son du couvercle qu'on ouvre d'un coup à l'aide d'un crochet, les bûchettes qu'on y glisse dans les flammes qui sortaient alors comme si elles voulaient attraper les manches de ma mère. 

Sacé n'a guère changé, le village me semble un peu plus replié sur l'église bien au centre. Les façades des maisons sont les mêmes, aveuglées par les volets fermés,  la porte de celles des Blin est toujours verte. L'été, elle était grande ouverte sur l'arrière de l'église, leur fille y jouait du piano et le couple se chauffait au soleil, souvent interpellé par les passants, dont ma mère qui adorait prendre le café avec eux. Ils avaient des boudoirs pour les enfants;  monsieur Blin nous faisait écouter les chants des oiseaux qu'il avait enregistrés tôt le matin. Ancien instituteur il conseillait d'écrire à la manière de ... (Victor Hugo, Balzac ...) et même de recopier des passages afin de s'entraîner à bien rédiger et à obtenir un style. 
L''école est toujours là, quelque peu défigurée par la rampe d'accès à la mairie qu'elle est devenue, mais le préau et le garage n'ont pas changé et ont résisté à l'âge, par contre au delà, le village me semble avoir été éventré jusqu'au cimetière, défiguré par le groupe scolaire et un vilain lotissement sans arbre et sans charme, comme si c'était la seule ouverture à la modernité, moche. 

La campagne aussi est moche, elle n'a même pas le charme de la route du centre Bretagne! 

samedi 20 janvier 2018

Paris en janvier

Il est bien rare que je passe un week-end pluvieux sur Paris. Avec le régime de tempête en Bretagne, la capitale n'échappe guère à l'humidité, l'occasion pour  cheminer de musée en musée.  Malheureusement, je n'ai pu échapper aux pieds trempés sur les trottoirs défoncés, les caniveaux pleins et la ville bouffée par la bagnole, en pire depuis six mois,  puisqu'il n'y a plus de vélib! 

Avec le 72 qui longe le Louvre puis la Seine, je me suis rendue au musée du quai Branly, afin de renouer avec les souvenirs péruviens d'avril dernier et finir moins bête! Les musées du Pérou sont magnifiques mais mes connaissances linguistiques, réduites à leur plus simple expression, "yes, no, si, buenos tardes", m'ont grandement limitée dans la compréhension de ces civilisations latino-américaines. 
Pour faire simple je n'ai rien compris de ce que j'ai vu exposé au Pérou! 
J'avoue que le musée parisien remplit à merveille les fonctions d'éducation des foules ignorantes. Je conseille vivement  l'exposition le Pérou avant les Incas, au titre racoleur certes, cependant utile afin d'attirer le visiteur qui ne se déplacerait pas pour les Mochicas.  Rien ne m'a échappé des rituels sanglants et sacrificiels, ni les modes de vie, ni la place prépondérante des femmes, ni le contenu de leur tombeau. L'exposition est remarquable tant par sa pédagogie que par la qualité des objets exposés. 
Par contre, le musée reste étouffant, sinistre, sépulcral surtout dans la galerie de rez de chaussée et son exposition concernant les forêts natales! Pouah! L'exposition dégueule de statues africaines, sinistres, suintantes, aux significations obscures puisque je n'ai pas pris le temps d'en lire les informations. Honte à moi qui ne sais pas apprécier l'art africain si ce n'est dans la peur ou le malaise que peuvent susciter certains figurines!  
Tant qu'elle dure, à la Maison européenne de la photographie, il ne faut pas manquer l'exposition  de Nino Migliori, notamment toutes les vues qui concernent l'Italie des années 50.
A suivre dans le prochain billet. 



vendredi 5 janvier 2018

Saint-Malo

Saint-Malo est la ville de mon enfance, celle où je rêvais d'habiter un jour... Là où je vis aujourd'hui ne constitue pas un ersatz de ce rêve, j'ai la mer, j'y suis bien, la ville n'est pas trop grosse, l'urbanisation raisonnable, à quelques encablures de Quimper, j'aime, mais la cité malouine reste le graal où j'adore me rendre en pèlerinage. 
Bon-Secours et le Grand Bé

Jusqu'à ce que j'ai 7 ans, nous passions, tous les étés,   de longues vacances à Saint-Malo.
Nous allions chez ma tante et mon oncle, villégiature qui était pour moi le comble du bonheur. J'en garde de merveilleux souvenirs.  
Tout me faisait rêver, tout ...
L'odeur  des chambres et du grenier sous l'étouffoir des poutres dans la maison de mes cousines, les semaines de Suzette que je pouvais lire, la propreté du sous-sol, l'établi tout bien rangé de mon oncle,  la raideur de l'escalier pour arriver à la cuisine. 
Les noms, tous les noms que j'entendais, enchantaient mon imagination: Saint-Coulomb, la Guimorais, Paramé, Rothéneuf, la Découverte, Jacques Cartier, la tour Solidor, Rocabey, les Bas-sablons, Bon Secours, le Sillon, Intra-Muros, quic-en-groigne, la pointe du Grouin, Cancale ... Ces mots évoquaient la liberté et les voyages sur toutes les mers du monde. 
J'adorais aller à la plage de Bon-Secours (le matin nous fréquentions celle des Bas-Sablons plus près, à Saint-Servan), la piscine était magique et permettait de se baigner même à marée basse, on pataugeait à côté dans un marouilleau de rochers, au retour je faisais deux tours de manège juchée sur l'autruche d'où je pouvais attraper la queue du Mickey. 
Mes parents, mon oncle et ma tante riaient aux souvenirs communs vécus à Saint-Coulomb, des vagues de la Guimorais, des films qu'ils allaient voir comme la Grande vadrouille (1966). Régulièrement mon oncle achetait des Cancalaises qu'on allait chercher directement dans les parcs à huîtres, l'ostréiculteur les sortait des bassins. Jacques nous offrait des craquelins et du pschitt à l'orange.
J'aimais me promener dans Saint-Malo, entrer par la porte Saint-Vincent, traverser jusqu'à la porte de Dinan, revenir par les quais. Le port sentait la morue séchée. Le pont se levait devant la voiture pour rentrer sur Saint-Servan.
On allait, par forte tempête, sur le sillon prendre les vagues, j'adorais quand mon père ne pouvait y échapper et finissait trempé. A tout bien réfléchir, il devait faire exprès pour nous faire rire.

Je reviens de ma virée annuelle au pays malouin, j'ai fait la totale, y compris le cimetière sur la tombe de ma famille où officiait une voisine. Elle y vient chaque jour entretenir la tombe de ses parents ce qui profite à la notre. Elle enlevait les décorations de Noël et astiquait les plaques commémoratives. J'ai particulièrement apprécié les deux mètres de gravillons sur le chemin, qui ponctue le sable.

En cette saison, avec un TGV à deux heures de Paris, la ville grouille de touristes qui arpentent le Sillon, luttent contre le vent, sur la plage. Les hôtels étant pleins, j'ai opté pour une nuit en chambre d'hôtes (ici), à Rothéneuf dont je n'avais aucun souvenir. Au petit matin, j'ai cherché le chemin côtier, quasi inexistant, puisque  les propriétaires de belles villas du siècle dernier ont privatisé le littoral, privatisation qui perdure, transformant le sentier en pointillés. Les plus laides maisons sont détruites au profit de bas immeubles rompant l'harmonie du littoral.
Le Sillon


Le phare des Bas-Sablons


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