mercredi 1 décembre 2021

Le musée de la chasse et de la nature

Le musée de la chasse et de la nature a fait peau neuve. J'avais très peur qu'il perde son côté cabinet de curiosité! Ce n'est heureusement pas le cas et je conseille vivement de le visiter. 



Les salles principales ont été toilettées ainsi que les animaux empaillés, les combles agrandis, aérés et éclairés. L'exposition des oeuvres de la plasticienne Eva Jospin s'inscrit tout à fait dans les rapports qu'entretient le musée entre l'homme et l'animal. J'aime les rêves dans lesquels elle nous plonge, les odeurs de forêts sans champignons ni feuilles mortes. 

Le musée est un petit bijou au sein du Marais, un quartier où il fait bon musarder en dehors des week-ends. Certes, il est politiquement incorrect d'aimer ce petit musée et on s'indigne en voyant ces magnifiques animaux autrefois chassés et tués par des brutes épaisses,  avides de trophées et de gloire, on peut à juste titre détester la chasse et ses chasseurs mais paradoxalement  trouver du plaisir à s'y promener, être à chaque fois emporté dans un monde étrange d'un autre temps. 



vendredi 24 septembre 2021

La confiture de myrtilles

Vue du Peyre Arse, 1806m, Cantal. Au fond le Puy Mary. 



Lundi, le temps était à nouveau beau et sans menace d'orage, une météo idéale afin d'effectuer une des plus belles randonnées des monts du Cantal : le Puy de Peyre Arse. Le pépère culmine à 1806 mètres, il est plus haut que le Puy Mary, (1783m, façon rocher coco) moins que le plomb du Cantal 1855.  Il sépare les vallées de l'Impradine et de la Santoire si chères à Marie-Hélène Lafon dont j'adore les romans et que je conseille fortement. Il est surtout plus difficile d'accès que les deux autres. On peut l'atteindre de trois manières, soit par le Puy Mary (des marches) puis le passage raide, escarpé de la brèche de Rolland, soit par le Col de Cabre, soit par la crête, pas balisée mais bien tracée, au départ de la Courbatière sur la commune de Lavigerie. Ce fut notre option ...Le cheminement est aérien, il est préférable qu'il n'y ait ni brouillard ni vent (ou peu), on passe réellement en crête la plupart du temps. Sujet au vertige, s'abstenir! La vue et le paysage sont sublimes. 

A midi, il était temps de manger et de se reposer, idéalement sous le Puy au soleil, au milieu des champs de myrtilles ..... taddahhhh! 

13h15 V. a envie de ramasser des myrtilles (elle a ce fantasme depuis mars et a emporté des pots). Je grogne sur l'impossibilité puisque nous n'avons ni contenant et ni peigne... Qu'à cela ne tienne, nos boîtes à pique-nique bien essuyées peuvent faire l'affaire! "Si si, je t'assure, regarde, c'est nickel, elles sentent encore un peu l'oignon mais on rincera les fruits.

13h30, de mauvaises grâces je me "poque" près d'un buisson et je commence à cueillir des fruits qui colorent les doigts en deux temps trois mouvements.





13h35, le fond de la boîte n'est toujours pas recouvert. Je souffle, je tente une diversion soulignant qu'on n'a pas de sucre! Objection balayée d'un "on ira à l'épicerie de Dienne". 

13h40, je tiens la boîte commune mais ce n'est pas vraiment pratique, d'autant qu'elle peut se renverser! On nettoie donc la deuxième afin d'être plus efficaces et on partage le butin de la première pour soulager ma souffrance de devoir tout recommencer. 

14h, je râle qu'on crève de chaud, que ce n'est pas humain, qu'il y en a assez et que mon syndicat interdit de travailler sous un tel cagnard ... En vain! Je sue sous le burnous, V. est intraitable me faisant miroiter  à quel point je vais me régaler.  

14h10, je souligne qu'on en a déjà pas mal, de quoi faire deux pots et que je suis fatiguée, qu'on va tarder à descendre et arriver à la nuit. Elle ricane, en septembre, à 21h il fait encore presque jour, et de toute façon, une fois les boîtes remplies, on ne peut en ramasser plus. On continue!

14h11, je tente la bordée d'injures, façon charretier...J'égraine "p...m...ch...c...ça me p...les c...". Elle rit mais ne cède pas. Je pourrais faire la grève de la cueillette mais ne pas partager les pots est impensable..

14h15, mon short est violet, je me suis assise sur une touffe, mes mains noires, les boîtes presque pleines. De hardis randonneurs passent, ils font diversion, le "gars que sait" mène la troupe, il plaisante, n'a pas peur du mauvais temps qui menace sur son tour des monts du Cantal, a donné les bonnes consignes à sa femme pour qu'elle choisisse de bons hôtels... Un gars normal quoi, un gars qui sait. 

14h30, les boîtes sont pleines, je crie victoire, je n'ai cueilli que peu de feuilles ... C'est propre et efficace, pas comme celle de V. où les fruits sont un peu mélangés aux feuilles ... Je ricane. 

14h31, on reprend notre descente vers notre point de départ par le col de Cabre, une douce pente, dans une belle vallée en U où coule la Santoire. 

17h, opération sucre. L'épicerie de Dienne est fermée! En septembre, il n'y a plus rien d'ouvert! On doit filer sur Murat afin d'acheter notre kilo de sucre! 

18h, bière, chips et tri des boîtes afin d'éliminer les branches et les feuilles. 

19h, V. lâche sur la cueillette, un kilo de sucre. Le tout macérera jusqu'au lendemain. 

On a fait quatre pots, je salive à l'idée de l'étaler sur une brioche fraîche au petit déjeuner. 

PS: Mercredi on a cueilli des mûres ... 

PPS: jeudi on a cueilli du sureau...Il était temps de terminer les vacances, elle a fait déborder le jus, une mare sucrée partout sur la gazinière, à tous les coups elle frisait le burn out! On aurait fini par ramasser des glands ou du gratte-cul, poser des pièges à lapins. 





 

samedi 4 septembre 2021

La définition du bonheur de Catherine Cusset, Paris, Gallimard.



J'ai évidemment tiqué lorsque l'autrice introduit son roman par la lecture d'une clé USB donnée par le fils de la défunte dont il est question dans le livre! J'ai alors songé aux introductions laborieuses des rédactions que nous rédigions, chaque semaine, en primaire puis en collège. Souvent, le "truc" (elle ouvrit la lettre, ...le journal commençait par ... je découvris un manuscrit.... etc...)  permettait un déroulé aisé et plaisant du récit, mais, parfois, je n'arrivais pas à décoller et je restais bloquée sur ce "truc" d'une affligeante platitude. 

En d'autres temps, le livre me serait tombé des mains, mais là, il s'agit d'un ouvrage de Catherine Cusset, autrice brillante que j'affectionne particulièrement! 

Malgré la banalité des biographies des deux protagonistes qui courent sur plus de 40 ans, le récit est addictif, il y a "un je-ne-sais-quoi" qui passionne, un talent réel pour décrire les ambiances, immerger le lecteur à Hyères, Brooklyn, Crozon,  ou le Marais à Paris. Les femmes dont il est question, sont magnifiques et selon un mot à la mode "puissantes" malgré leur banalité. 

Bref, j'ai aimé et je ne saurais pas vraiment dire pourquoi sauf à enfiler les perles. Ce livre a comblé en moi une curiosité et pourtant je n'y ai rien appris ( cf l'ouvrage de Michel Winock) si ce n'est la manière dont les personnages habitent le monde et se comportent... (lire l'excellente critique du Monde) . 

samedi 28 août 2021

Jours anciens de Michel Winock (Gallimard 2020,189 p.)

Parmi mes lectures de l'été, je recommande tout particulièrement Jours anciens de Michel Winock.

Ce n'est bien évidemment pas un roman mais son auteur a l'art de nous embarquer dans ses souvenirs d'enfance et d'adolescence dans un ouvrage qui se lit comme un roman. Né en 1937, il témoigne des années 40 et tout particulièrement des années 50 un autre monde quasi oublié "un passé disparu qui nous parle encore", le temps de l'après-guerre, de la IVème république, la reconstruction, ces années qui précèdent les "trente glorieuses" celles que moi je connaîtrais.  
Je recommande à tous ceux dont les parents furent jeunes à cette époque et qui bientôt vont disparaître, il est l'occasion de se plonger dans leur jeunesse et de leur poser des questions concernant leur propre vécu. 

Le livre est remarquablement bien écrit avec une richesse de vocabulaire qui n'est guère fréquente aujourd'hui. Le style est fluide, le plan limpide et l'ensemble nourrit nos connaissances : l'école, l'esprit laïque, le communisme qui anime la banlieue, la prégnance de la religion, l'importance de la guerre d'Indochine et des débuts de la guerre d'Algérie, l'insalubrité des logements, le labeur et cette espérance que l'avenir sera radieux et qu'il sera meilleur pour les enfants qu'ils auront!

jeudi 1 juillet 2021

La dune du Pilat

On ne sait vraiment plus à qui se fier! Longtemps j'ai écrit dune du Pilat: P.i.l.a.t. C'est encore de cette façon qu'on découvre son histoire géologique sur le net dans les sites officielsPourtant d'aucuns l'orthographient parfois Pyla, notamment sur les réseaux sociaux, comme on écrit tkt, ou mdr ou lol! Le nom officiel est bien entendu  PILAT, il vient du gascon "pilot" qui signifie tas ou monticule. 



L'orthographe correspond bien au descriptif, la dune est un  gros, très gros TAS de sable. 

Pourquoi donc en dévoyer le nom? Pyla est la dénomination moderne que porte la station balnéaire située à proximité de ce patrimoine exceptionnel (qu'on n'hésite pas à comparer abusivement à la pointe du Raz). Dans les années 20, son fondateur, Daniel Keller, a trouvé plus chic et plus distingué l'orthographe P.Y.L.A. La distinction ne tient qu'au nom car les stations balnéaires de la région, exception faite d'Arcachon, n'ont vraiment rien d'exceptionnel, de distingué ou de chic! On évoque plutôt à leur sujet: "S'am suffit", grande roue, baraque à frites, magasins de fringues "cheap" à la chaîne, chaleur moite, bruit, musiques "boum boum", barbes à papa et papiers gras! Pyla-sur-mer n'est qu'un quartier doté d'une mairie annexe de l'immense territoire de la Teste de Buch dont le nom fleure bon le terroir, la pêche, les huîtres et les forêts de pins (article à suivre prochainement). 

La dune, elle, est chic! Drôlement chic! 

Située sur la commune de la Teste de Buch, elle se mérite! 2,9 km de long, 616 mètres de large, 102,5 mètres de hauteur ;  pente raide dans les pins pour arriver au sommet, pente douce pour descendre à la plage. Elle vit, elle roule vers l'est, noyant de sable, les pins et les campings, de 1 à 5 mètres par an. Difficile de lutter contre les tonnes de grains de quartz et le vent qui les charrie vers les terres. 



En juin, la dune est paisible, silencieuse, douce, comme son sable! A son sommet, on n'entend que le chuintement des voiles de parapentes, quelques paroles envolées des sportifs passionnés. Elle reste le domaine de l'attente et de la contemplation. Pas besoin d'y être emmitouflée dans un ciré et un pull marin, il fait chaud et beau! Au soleil couchant, le sable tiédit, il devient d'une fraîcheur bienfaisante, on s'y allonge volontiers afin d'assister à l'arrivée de la nuit sur le banc d'Arguin. C'est l'heure où la mer est calme, on entend juste un léger ressac en contrebas de la dune, à peine perceptible. 

Mais qu'importe l'heure de la journée, l'ascension puis la contemplation au sommet constituent  une jouissance infinie. Le matin, la dune donne envie de la dévaler pour se baigner, à midi, il suffit de s'allonger et de goûter le vent qui caresse sa crête. Y arriver est une victoire car la pente est rude, les pieds s'enfoncent dans le sable, on pense vite atteindre le but mais souvent, il ne s'agit que d'une étape! L'immensité se mesure à la taille des hardis explorateurs éparpillés sur cette étendue sableuse qui s'étend jusqu'au bassin d'Arcachon.  

Bref, vous l'aurez compris je fus conquise par ces quelques jours passés au camping du Pyla, au pied de la dune du Pilat, dans les pins! Certes, je n'ose imaginer la foule des vacances d'été, les "on n'attend pas Patrick"

En juin le calme est au rendez-vous. 



samedi 19 juin 2021

Maxim Leo. Là où nous sommes chez nous. Actes sud.

Là où nous sommes chez nous (histoire de ma famille éparpillée ) de Maxim Leo (Actes sud ) est un livre remarquable.



La première idée ou le premier sentiment qui surgit en moi lorsque j'évoque l'idée d'en faire une critique est le mot : choral. Il est pourtant écrit par un seul, Maxim Leo, mais l'auteur réussit, sans que l'on ait aucun sentiment de lassitude en le lisant, à multiplier les voix/voies tout en montrant qu'il s'agit d'un même fondement, une même souche: une famille juive de Berlin dans les années trente. 

J'ai bien des difficultés à expliquer ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre: un livre d'histoire ou étude historique, une autobiographie familiale, un récit de voyages,  un journal de bord, un roman, un livre européen, international, un livre de débrouillardise, un livre de résilience (même si ce mot autrefois à la mode est aujourd'hui critiqué), un livre qui montre qu'on peut s'en sortir, se sauver ? 

Ce livre est tout à la fois! 

Le point de départ est simple et correspond à mon fond de commerce habituel: la Shoah! L'auteur raconte mais explique également comment une partie de sa famille a réussi à échapper à l'assassinat. Le livre se concentre sur trois figures féminines, Hilde qui réussit à partir pour l'Angleterre avec son fils André, Irmgard (Nina) partie vivre en Kibboutz en Israël, et Ilse restée en Autriche après une longue étape en France où sa fille finit par résider. Il couvre toute la période de 1932 à nos jours et la vie de trois générations marquées à jamais. 

Le livre terminé, j'avais presque envie de recommencer, de peur d'avoir manqué des détails. Chaque phrase est importante et apporte son lot d'informations tant historiques qu'intimes, sans pathos! Le récit est juste, simple et direct. Il amène également le lecteur à se poser la question de ses propres origines tant géographiques que sociales, l'importance du passé dans le destin des descendants, le rôle des non-dits, des silences, des secrets. 

samedi 29 mai 2021

Xavier Cercas Terra Alta

J'ai aimé ce premier livre policier de Xavier Cercas, Terra Alta 


Je n'avais pas lu de roman policier depuis des lustres et c'est avec bonheur et avidité que j'ai renoué avec ce genre! Le livre me suit alors partout, du lit au canapé, du salon de jardin au train pour Paris, me permettant de ne pas entendre le vieux qui, pendant trois heures, a raconté sa vie à la voisine qui l'accompagnait, d'une voix tonitruante. La belle personne qui est en moi s'est concentrée sur la lecture au lieu d'aller lui clouer le bec! Mieux que des boules quies! 

On retrouve dans l'ouvrage de Cercas, tout ce que j'aime: la beauté et l'aridité des paysages, la complexité d'une histoire douloureuse qui a marqué à jamais les Espagnols, le brouhaha des places de village le soir, la violence latente, sourde qui, pour moi, a toujours marqué mes voyages en Espagne. 

J'ai écumé et aimé l'Espagne y voyageant régulièrement mais mon premier séjour m'a marqué à jamais. Dans les années 70, mes parents qui ne parlaient pas un mot d'espagnol, ont accepté pendant deux ans d'aller goûter aux chaleurs de la Costa Brava malgré la crainte qu'ils avaient. Ils ont laissé en moi la peur de la dictature et de ses violences policières. Nous étions marqué par la misère alors visible en dehors du littoral. Je crois bien que le pire était le passage des ponts, à une seule voie, sans rambardes  dans la Citroen ID (équivalent de la DS mais pour les moins riches) avec le sentiment que mon père n'arriverait jamais à viser droit et que nous finirions écrabouillés dans les lits asséchés et caillouteux. Je pense n'avoir jamais autant serré les fesses qu'alors, respirant à grands bruits avant le prochain pont! A l'arrivée, il garait la voiture pour un mois et nous la reprenions couverte de poussière et de sable pour le retour. Je me demande si je ne vivais pas ce mois de vacances et ces longs trajets, en apnée tellement ils réussissaient à transmettre leur peur. 

Même si je suis un peu déçue par l'intrigue sans doute pas assez développée et subtile comme savent les écrire les grands maîtres du polar, Cercas sait mieux que personne évoquer l'Espagne, une ambiance. On se régale à lire la description qu'il fait des personnages et de leur complexité, qui à elle seule font la qualité du bouquin. 

J'attends avec impatience la suite qui vient déjà de sortir en Espagne! 

mercredi 19 mai 2021

RIP mes rosiers!



Ce matin, l'air était frais mais doux, le soleil déjà chaud,  je sortais benoîtement de mon cagibi, me dirigeant vers mon potager où cette année j'ai décidé de planter des fleurs: oeillets d'Inde et rosiers! Damned, un grand bruit de feuillage le long de la haie du voisin, un cul brun un peu haut, une silhouette toute fine, le chevreuil!! Mon sang n'a fait qu'un tour! Ayant constaté le veille que le magnifique rosier "Jacqueline Maillan" portait un grand nombre de boutons prêts à éclore, je me réjouissais de pouvoir enfin les admirer .. Las! Plus rien, coupés nets, nada, peau de zébu, la razzia!



Je venais enfin de comprendre pourquoi le rosier devant ma chambre semblait être devenu stérile! Je subodorais une taille trop rase, trop tardive ... Que nenni, la bestiole a déjà tout raccourci! Cette année sera sans roses! 

Dommage! 

J'avoue avoir eu des envies de chasse, de cuissot au vin rouge dans mon four, de tête empaillée au dessus de la cheminée, de descente de lit sous mes pieds devant le canapé.... Il n'y a guère de solutions sauf à s'armer d'un flingo ou de transformer son jardin en bunker grillagé: faire en sorte qu'ils ne puissent entrer, ne tolérer que les blaireaux, les souris, les rats, les crapauds et parfois le héron. 

L'espèce pullule cette année, les familles sont peu farouches, les membres batifolent au grand jour dans les jardins des résidences secondaires, au stade ou dans le petit bois public, peinards la majeure partie de l'année, bien planqués. Ils se régalent des haies et des boutons de roses. 

La haie taillée à hauteur de museau! 


La nature saura je pense liquider le trop plein, comme les lapins de Ouessant, morts, une année, de myxomatose ou les renards qui pullulaient, de la gale sacorptique. En attendant les chevreuils écument les jardins, se gavent et taillent les haies à hauteur de museaux. 

A écouter "les pieds sur terre " sur France Culture : l'homme chevreuil... 

PS On me dit que je peux acheter une arbalète pour tirer en toute discrétion, que le cuissot aura le goût de la rose une fois la bête vidée à la dague...

PPS: On me conseille du répulsif pour chevreuils, cerfs, biches et autres cervidés à base de graisse de mouton dont le fumet les tient à l'écart. Il  dure au moins 6 semaines en pulvérisation sur les plans à protéger...  J'y penserai l'année prochaine car aujourd'hui il y a fort à parier que mon rosier "Meilland" et non Jacqueline Mailland ne fera plus de fleurs ... 

mercredi 5 mai 2021

Tristes grossesses

Tristes grossesses (l'affaire des époux Bac, 1953-1956) de Danièle Voldman et Annette Wiervorka est un remarquable livre d'histoire qui m'a terriblement intéressée mais je me demande s'il pourrait être apprécié par des lecteurs non spécialistes ? 



Les auteurs racontent comment un fait divers a pu être à l'origine de la création du planning familial appelé alors la Maternité heureuse et comment il a pu être un point de départ dans la lutte pour la suppression de la loi de 1920 qui interdisait la contraception et sa promotion! 

Il rend hommage aux femmes et aux hommes à l'origine du combat: Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé notamment, gynécologue qui intervient dans le procès des époux Bac. Elle sut bouleverser l'opinion concernant les souffrances des femmes. 

L'abrogation de la loi de 1920 a rencontré l'opposition farouche des catholiques et des communistes dont le parti à l'assemblée nationale est alors puissant, ils y voyaient une lutte petite bourgeoise, destinée à aliéner une fois de plus la classe ouvrière. La loi Neuwirt n'est votée qu'en 1967, la loi sur l'IVG en 1975. 

L'accès à la pilule contraceptive fut une véritable libération pour les femmes. Et l'on faisait fi (aujourd'hui encore) des risques de tromboses qui font pousser des cris d'orfraies aux anti-vaccins. 

Dans les années 60, certains médecins conscients des difficultés des femmes qui enchaînaient grossesse sur grossesse se la procuraient et les donnaient aux patientes les plus fertiles de leur clientèle afin de leur éviter des avortements dangereux. J'ai toujours entendu dire par ma belle-mère qu'avec la pilule elle avait cessé d'avoir peur, elle qui a enquillé à partir de 19 ans trois grossesses successives. "Une goutte suffit" disait-elle à l'encan! Je supposais alors que la méthode Ogino et le coït interrompu n'avaient pas été efficaces.

Par contre je ne sais pas comment ma mère et mon père ont fait pour attendre 5 ans avant d'avoir un premier enfant et s'être ensuite arrêtés au deuxième! Il semblerait que mon grand-père, préparateur en pharmacie, ait pourvu mon père en préservatifs selon ma mère.  Elle y voit encore une trahison masculine puisqu'elle était en désir d'enfants! En gros je suis née parce que ma mère a "attrapé mon père" et mon frère "par accident"!  

Le livre est intéressant concernant les années 50, Paris et ses quartiers populaires et découvrir l'émergence du combat pour une maternité désirée et heureuse. 



mardi 20 avril 2021

Cantal, j'adore!

Oyez, oyez braves gens, j'ai découvert le Cantal, ses vaches, ses fromages, ses volcans et ses rats taupiers. 

Le Puy Mary


Le campagnol terrestre (avicola terrestris) ou rat taupier aime aussi le Cantal! Ces bestioles sont probablement plus nombreuses que les vaches! On ne les voit jamais mais on les devine aux monticules de terre qui jalonnent le territoire. Avec les bouses de vaches séchées qui témoignent  de la présence des bovins dans les estives et sur les grands plateaux volcaniques, à la belle saison, les champs, les chemins sont pavés de petits tas  et de longues traînées de terre retournées. 

Plus grand que la taupe (entre 12 et 20 cm sans la queue) le rat taupier laboure littéralement les champs, creusant de longs sillons dans les prairies, les chemins, les jardins et réussit l'exploit de se glisser entre les dalles de pierre des terrasses les plus solides! Armé de redoutables  canines, il creuse ses galeries avec les dents et bouffe toutes les racines qu'il trouve, arbres, navets, poireaux, arbrisseaux, buissons, carottes, bulbes. Il se reproduit comme un lapin, en quatre à six portées par an de cinq à six petits (36 bestioles nuisibles par couple!). Loups, lynx, belettes,  putois, renards et rapaces sont les prédateurs naturels du rat taupier. Les deux derniers sont heureusement nombreux en Cantal, le milan noir ou le milan royal tourne inlassablement au dessus des prés tandis que le renard, gras comme un loukoum, au point d'être indifférent aux randonneurs, profite visiblement de ces rongeurs qui pullulent. 





Comme le rat-taupier, ce nuisible qui y a visiblement élu domicile par amour pour les grasses prairies, j'adore le Cantal. Mon séjour,  fin mars,  à Dienne, fut une révélation! 

Du Massif Central je ne connaissais que la station de ski du Puy de Sancy (il y a 25 ans), la cathédrale de Clermont-Ferrand et le Puy de Dôme, Vic-sur-Cère et le viaduc de Garabit! Damned! 

Mais le Massif Central, c'est grand, c'est beau, c'est sauvage, c'est peinard, c'est extra! 

Envoyées boulées par Volotea pour un vol à destination des Canaries, à deux reprises, nous avons jeté notre dévolu sur le Cantal! En cette période de Covid, c'est tendance, à tel point, qu'il faut se lever tôt afin de trouver une location à des prix abordables pendant la haute saison! 

De Bretagne, c'est la porte à côté! 8h d'autoroutes, une trentaine de kilomètres avant d'aborder les choses sérieuses -la moyenne montagne- quitter le monde des bagnoles, de la ville et du bruit. 

J'ai aimé :

- les paysages sublimes et désertiques, le Limon, vaste plateau d'où l'on aperçoit le Mont-Dore, le sommet enneigé du Puy Mary et téton de Vénus, les vallées jardinées et la vue des crêtes qui donne cette impression de haute montagne.

- les chemins de randonnées bien balisés, relativement faciles pour qui connaît les rudes grimpettes de l'Ariège. 

- la quiétude du petit matin frais avec vue sur les sommet de la fenêtre de ma chambre, le retour du soir et la petite bière qui va bien

- les villages propres et cossus, aux maisons rénovées, généralement bien situés sur les pentes entre estives et vallées

- les plats typiques, le pounty, la truffade, le Cantal, le Salers, la bière locale et même du vin d'Auvergne! 

- cette sensation de dépaysement et de tranquillité loin des foules

A suivre, dans le prochain billet, (ou pas) nos plus belles randonnées. 

PS.  Il a fait un temps magnifique ce qui, indéniablement, rend le séjour idyllique! 


Le Limon


jeudi 15 avril 2021

Ivo&Jorge de Patrick Rotman

J'ai lu Ivo & Jorge de Patrick Rotman après avoir entendu l'auteur interviewé dans l'excellente émission 28 minutes d'Arte!  



Le propos est ambitieux, mettre en parallèle la vie politique de Montand et Jorge Semprun, mais, difficile. Rotman s'en tire bien même si le plan qui, inévitablement alterne tantôt Montand, tantôt Semprun, reste simpliste et parfois lassant! Pour qui ne connaît ni l'un ni l'autre, le récit est passionnant puisqu'il nous plonge dans "les grandeurs et les désillusions d'une génération marquée au fer rouge par l'aspiration messianique du communisme" (je cite la quatrième de couverture). 

Rotman éclaire parfaitement comment l'un traverse la guerre par exemple, sans rien voir et l'autre s'engage en résistance, comment les deux adhèrent aux idées communistes dans une pratique totalement opposée! 

Il s'agit d'un grand balayage de l'histoire de la seconde partie du XXème siècle, plaisant à lire, bien écrit. L'auteur a bien connu les protagonistes, on peut lui faire confiance! On imagine sans problème les spectacles de Montand, on visualise ses rôles, les personnages célèbres à son côté se bousculent, on déambule en leurs compagnies dans les rues de Madrid, celles de Marseille, à Paris ou à Bayonne.  

Cependant n'ayant rien lu concernant Montand, connaissant Semprun à travers ses ouvrages, je me demande si ce livre, baptisé roman ce qui permet d'éviter de citer les sources (ce qui me manque beaucoup) est d'un quelconque intérêt autre qu'anecdotique? 

Je vais relire le grand voyage de Jorge Semprun qui lorsque je l'ai lu m'avait particulièrement passionnée! 

jeudi 8 avril 2021

Envoyer du rêve ou écrire pour ne rien dire!

J'aime de moins en moins Ouest-France qui depuis un an, plonge dans la paresse, le lénifiant, le vide et le ridicule! 



Pourtant, je pense que j'aurais du mal à m'en passer puisque chaque matin j'espère, en le lisant (feuilletant), me nourrir d'originalité, d'articles au contenu intelligent et développé, de récits profonds concernant ma commune et les communes voisines! 

Visiblement il y a les correspondants paresseux qui n'ont rien à dire. Sans doute est-ce le cas de la petite ville où j'habite, l'espace qui lui est consacrée ne cesse, de mois en mois, de diminuer, à moins, qu'il ne s'y passe plus rien! On n'y joue plus à la pétanque, Robert ne sort plus sur son rafiot pour tâter du maquereau, Médor ne dépose plus ses crottes sur le trottoir près du bar de l'océan, la plage est propre, les lycéens confinés, la mairie en berne, les entreprises sous respirateur, bref, tout le monde se terre et se tait! Notre correspondant reste au chaud, au lit! Ce n'est pas le cas de celle ou celui de Quimperlé, qui communique à tout va sur l'état des bacs à fleur, de l'horloge des halles, de la crue de la Laïta, du miroir d'eau qui s'allume chaque soir en reflétant le quai Brizeux, de la restauration du Rond-point Tartenpion!

La palme peut assurément être décernée aujourd'hui à celui ou celle de Scaër (il est probable que ça soit le/la même qui officie à Quimperlé). Coûte que coûte, pour motiver les abonnés, soutenir le suspens matinal, faire qu'on achète le canard même quand on en n'a plus envie, il convient de pondre un article! Le grattage de la grille-loto ne suffit pas, visiblement, à conserver les lecteurs. 

Ainsi donc on apprend que Scaër est la plus grande commune du Finistère et qu'à ce titre, le rayon d'action pendant le confinement, limité à 10km, empêche tonton Bernard de se rendre à la ferme du Cleuziou pour acheter sa douzaine d'oeufs! C'est ballot!  La commune qui s'enorgueillit d'offrir aux touristes le charme des talus et des taillis ainsi que l'accès aux plus belles plages de Moëlan-sur-Mer découvre soudain qu'elle est loin de tout et que ses habitants sont perdus (surtout lorsqu'on déplace les pancartes)!

La ou le journaliste m'a pourtant tenue en haleine jusqu'au bout de son article, je m'attendais à ce qu'il appelle les lecteurs et les habitants à la révolte, qu'il fasse son activiste fielleux comme sur les chaînes d'actualités en boucle! Que nenni, l'article est informatif, Scaër est une commune rurale étendue. Tellement étendue que l'auteur finit pas se perdre! 

Sans doute a-t-il oublié de se relire car la fin de son dernier paragraphe est à se tordre de rire! Comme souligne un ami mien à qui j'envoie régulièrement ces perles journalistiques "il a dû rater pas mal d'ateliers d'écriture" .. 

C'est pour cela que je lis Ouest-France, pour rire! Et j'avoue que chaque jour, je suis gâtée, vraiment! 


mardi 23 mars 2021

Mes années chinoises Annette Wiervorka

 Je recommande la lecture du livre d'Annette Wiervorka, mes années chinoises, Stock 2021, 257 pages, collection puissance des femmes. 



L'auteur raconte son séjour en Chine de 1974 à 1976, ce qui l'a conduit là-bas et les conséquences de cette expérience. 

Je ne comprends pas bien  le pourquoi de la collection de Laure Adler, ni  en quoi l'ouvrage d'Annette Wiervorka y trouve une place, mais je salue la qualité de la publication, papiers, impressions et couvertures. 

Pourquoi j'ai aimé ? 

Le récit est subtil, il raconte avec pudeur la vie, les idées politiques  d'une jeune femme qui a 20 ans en 68 à Paris, et l'histoire des jeunes maoïstes engagés dans le combat politique. 

Cependant on y cherche comment des jeunes gens, intelligents, éduqués, aient pu accepter sans esprit critique cette idéologie totalitaire? Comment,  une fois installés en Chine, surveillés, contrôlés, encadrés, limités dans leur déplacement, "enfermés dans leur hôtel, dans leur maisonnette", suivis en permanence par leur traducteur, manipulés, contraints à écouter pendant des heures des discours en langue de bois, spectateurs de la misère, acceptant que leur enfant de 5 ans soit embrigadé, aient pu supporter cette vie aussi longtemps? Quel processus psychologique est-il en oeuvre dans cette aliénation? 

J'ai dévoré ce livre, relu certains passages mais je me suis perdue un peu dans les dates qui concernent pourtant un temps très court de la vie de l'auteur,  en gros de 1968 à 1976. Que dire alors des lecteurs qui ignorent tout de l'histoire chinoise au XXème siècle! 

Il y a quelques années, j'avais dévoré toute la littérature chinoise à ma portée, j'étais particulièrement fascinée par les romans concernant le grand bond en avant ou la révolution culturelle (Balzac et la petite tailleuse chinoise de Daï Sijie et son plus récent l'évangile selon Yong Chen), cherchant ce qui avait pu les aider à tenir. Annette Wiervorka m'a donné envie de poursuivre ma recherche et de lire les nombreux auteurs qu'elle évoque. 

Enfin il ne faut pas perdre de vue qu'Annette Wiervorka est devenue, après cette expérience qu'elle a longtemps gardée enfouie, une très grande spécialiste de la Shoah. Elle appartient à la génération née après, et l'expérience chinoise totalitaire, dépassée au retour et oubliée, aurait mérité un dévoilement psychologique plus approfondi afin que l'on puisse comprendre cet engagement absurde. 

lundi 8 mars 2021

Bernard G. professeur!

Bernard est mort, j’aimais bien ce type! 

Quand j'ai vu son nom dans la rubrique des obsèques du Ouest-France, j'ai immédiatement pensé au théâtre de la Huchette qu'il m’a fait découvrir et à son humour très doux, étayé par un rire éclatant. 

Avec lui, j'ai organisé mon premier voyage scolaire à Paris dans mon lycée breton, avec des élèves très attachés à leur rocher, façon berniques. On était allé voir La leçon d'Eugène Ionesco, qui le faisait beaucoup rire, spectacle qui fut une révélation pour moi. 

J'ai toujours admiré sa constance. Il se levait très tôt le matin, pour venir au bahut, après une bonne heure de trajet! Il passait beaucoup de temps à corriger des copies disant que c’était l’essence et l’essentiel de son métier si on voulait que les élèves progressent. 

Bernard était réellement toujours d’égale humeur, sans un mot plus haut que l’autre, consensuel, liant, apaisant. Il ne manquait aucune récréation où il arrivait le sourire aux lèvres. Il avait un côté vieux beau, ancien jeune premier, il conservait une  mèche grise qui lui balayait le front. 

Je me souviens d'un discours d’adieu hilarant pour un professeur de lettres classiques, dans un sabir mêlé de mots grecs et latins, un délice d’humour. 

Bref, il faisait partie de la clique des vieux professeurs hommes bourrus et impolis que j’ai connus en arrivant au lycée et assurément il était le moins sexiste. Les autres ne me disaient pas bonjour, ils se sont réveillés à la lecture de mon grade! 

Il fumait beaucoup, à cette époque où c’était encore permis de tirer sur sa clope en cours ou en salle des profs, de la vieille clope brune, puante, qui jaunissait les doigts et les dents, je me demande s’il ne puait pas un peu du bec ? En tout cas j’étais fascinée par se dents pourries et jaunies qui entâchaient grandement le charme qu'il avait dû afficher dans sa jeunesse. Je me demandais comment il pouvait supporter cette image, persuadée que la mutuelle de l’éducation nationale réparait sans compter les ratiches des profs afin qu’ils offrent à leur public un sourire du plus bel effet. 

Je pense qu’il est parti en retraite, malade et fatigué … Il meurt jeune, 77 ans . 

Je ne sais pas vers qui me tourner pour partager ma peine bien que je ne l’ai vraiment jamais fréquenté en dehors du lycée . Sa mort me rappelle à quel point, passé un certain âge notre existence devient fragile, la machine se déglingue. 
Amis lecteurs (qui êtes peu nombreux), n’attendez pas la retraite pour faire ce que vous voulez, profitez-en tout de suite! Après 60 ans, c’est le début de la fin! 


jeudi 18 février 2021

Garçon manqué

Etre un garçon manqué est une qualification qui m'a toujours interpellée. Petite, j'en tirai une certaine fierté me permettant d'accepter mes cheveux ultra courts. 

Ma mère m'avait elle fait couper les cheveux parce que j'étais un garçon manqué

Collection personnelle




C'est ce que j'aimais penser mais je savais bien, qu'au fond, elle ne supportait plus de me coiffer. Mes cheveux frisaient finement, chaque matin, les démêler était une torture à laquelle elle s'attelait avec énervement. Elle utilisait un peigne très fin, le sien, je hurlais tellement elle me faisait mal, et hurler en principe, il n'en était pas question!  Elle me houspillait et continuait de plus belle!  Elle coiffait et réalisait un  chignon sur le dessus du crâne. Elle  maintenait avec une multitude d'épingles, un truc façon boudin qui devait tenir la journée ... Je sens encore la pression des épingles qui rapaient le cuir chevelu. 

Elle n'arrivait pas vraiment à enlever les noeuds  qu'elle appelait joliment "nids de souris". Ils se formaient dans le bas du crâne pendant la nuit, de temps en temps elle les coupait aux ciseaux. J'ai donc longtemps cru que la souris ne se contentait pas de venir chercher les dents (rituel qui a vite agacé ma mère) mais qu'elle profitait de la nuit pour s'installer, peinarde, dans mes cheveux. Pourtant je trouvais ridicule la boule de poils que ma mère exhibait façon trophée et me demandait bien comment la bestiole avait pu en faire un nid!  

Un matin, je suis sortie de chez le coiffeur la boule à zéro, enfin presque, avec 1cm sur le caillou pas plus.  Je ne me souviens ni du coiffeur et ni de la coupe! Uniquement de l'après! J'ai le vague souvenir d'avoir eu froid à la tête, de la sentir légère et nue. Je venais aussi de perdre 5 centimètres de chignon, et le surnom "bout de zan" dont ma mère m'affublait, n'en était que plus vrai. Moi brune et petite, mon frère blond et aussi grand que moi alors qu'il avait 3 ans de moins! C'était raide! 

J'avais tout du garçon manqué comme le disait ma mère mais je ne voyais vraiment pas ce que j'avais manqué, ces deux mots moches, obscurs et crétins me rabaissaient, parce qu'être un garçon c'était chouette visiblement, mais toute de suite après, le mot "manqué" me ramenait à pire que ma condition de fille! Je n'étais plus une fille, et même pas un garçon! Rien! 

Je comprenais bien que je me comportais comme un garçon, culottes courtes et course poursuite dans la campagne, grimper aux arbres, se balancer très haut, jouer aux cow-boys et être Zorro mais manqué en quoi? Raté? 

Raté? Un peu puisqu'aux dires de ma mère, je n'aurais pas dû naître, mon père ne voulait pas d'enfants, et en plus j'étais une fille, pas de bol! De fille, il y avait déjà ma cousine avec laquelle mon père avait jouée lorsqu'elle était petite ... Je constatais qu'il ne jouait pas avec moi, j'avais bien manqué le coche! Doublement après la naissance de mon frère puisque lui, désiré, était un vrai garçon! 

Bref, dans ma tête tout cela était bien confus, je pense me souvenir que je trouvais l'expression inutile, à dire vrai, puisque je me sentais "moi",  ni fille ni garçon puisque je ne voyais pas encore, en habitant à la campagne, ce qu'il pouvait y avoir d'avantages à être un garçon. Je n'enviais pas vraiment mon frère qui prenait des "volées", drôle de mot pour dire fessées ou volées de coups de martinet! 

Je n'aime pas dire aujourd'hui que j'étais ou qu'on me voyait comme un garçon manqué parce que, même si à l'époque j'en tirai parfois gloire, au fond de moi, il y a ce sentiment de ratage. Certes le dire pourrait souligner que je n'étais pas une chochotte, une fille qui joue à la poupée tranquillement, attifée de robes fragiles, une fille qui ne supporte pas d'aller courir dans les chemins creux, une fille en tout point conforme à l'idée qu'on s'en fait .... Mais j'ai l'impression d'offenser mon sexe, mes soeurs qui n'ont pas eu le choix de leurs jeux et de leur enfance.  


mercredi 10 février 2021

Que faire à Paris en temps de covid?

Que faire à Paris quand les musées, les restaurants, les bars et maintenant le BHV est fermé?


Musarder! Lever le nez! Découvrir de nouveaux quartiers et s'adonner au plaisir de la randonnée. 
J'aime particulièrement le parcours Pont-Neuf, place Dauphine, quai des grands Augustins, Hôtel Dieu, Notre-Dame, Marais par les ruelles et traboules. J'adore pousser la déambulation vers le jardin du Luxembourg, les 6ème, 7ème et 5ème arrondissements, tout particulièrement en semaine lorsque les trottoirs ne sont pas trop encombrés. 


Pour le week-end, j'apprécie toujours autant la découverte des grands cimetières, le Père Lachaise où il est toujours plaisant d'y admirer les tombes. 
Découvrir les joies de marcher dans les bois, en banlieue. J'ai randonné en forêt de Montmorency sur un parcours très roulant, qui offrait de longues pistes forestières,  idéales pour la marche nordique. J'ai traversé Saint-Leu-la-Forêt, joli village, avec l'envie d'y revenir à l'occasion d'une autre balade par grand soleil et journée printanière. 
J'aime aussi le Sentier ou Montmartre, la rue Mouffetard ou le quartier des grands magasins - je n'étais jamais entrée aux galeries Lafayette- , visiter Drouot et se régaler en regardant les ventes de vieux tapis poussiéreux, tripotés par d'antiques amateurs en pantoufles, gros bides et casquettes, maquignons de la fripe et de la brocante, margoulins en tout genre prêts à faire passer n'importe quelle moquette pour un tapis persan, forcément magique, capable de vous faire vivre les mille et une nuits au fond de votre lit. Tout se vend même les vieux papiers, par lot, les photographies de De Gaulle ou du Sacré-Coeur, pâlies par des années de tiroirs; les petites cuillères ou les tasses ébréchées, les manteaux de fourrures et les croutes, les commodes Louis XV et les minuscules bijoux en ivoire en provenance directe de Chine. Des palanquées d'amateurs, catalogue en main, parfois endormis bien au chaud sur les chaises en plastique, attendent la bonne affaire. Il fait bon! Le commissaire priseur entouré de ses acolytes, aidés par les appariteurs habitués aux charges et à la poussière, ne hurle plus mais le rituel semble immuable. Il est possible de suivre à l'extérieur, les mises en enchères et de se faire une idée de combien on pourra tirer des objets entassés dans le  grenier de la grand-mère ou de son propre fatras que l'on a accumulé sans oser jeter. Autant dire une bouchée de pain s'il ne s'agit pas d'un objet estampillé, reconnu, signé ou recherché! Presque tout est vendu ou retiré de la vente si le prix reste indécent. 
A Montmartre, un monde fou se promène au matin, on s'assoit sur les marches du Sacré-Coeur afin de contempler la ville, les parents poussent les enfants en bicyclette à roulettes, ramassent les trottinettes branlantes, quelques fêtards cuvent sur les bancs en fumant un joint, le dernier pour la route! Les expositions sont dans la rue, rassemblement de vieilles voitures ou portraitistes de la place du Tertre.  La promenade se mérite, il faut grimper, arpenter le nez en l'air, toujours épatée de découvrir une maison rose au fond d'une impasse, trois fleurs accrochées au mur, une marchande de légumes en provenance de la ferme, une librairie ou un sexe shop. 


mercredi 27 janvier 2021

Yvan Jablonka Un garçon comme vous et moi.

Un garçon comme vous et moi presque parfait d'Yvan Jablonka est un livre bien écrit, intéressant à bien des égards mais anecdotique? Inutile? Peu représentatif de ce que souhaite étudier l'auteur : comment s'élève un garçon ? 



Comment s'élève un garçon d'un milieu privilégié mais pas trop? En aucun cas il ne se sent comme un grand nombre des élèves de la 6ème 1 du lycée Buffon "mieux dotés que lui socialement et économiquement" ? 

Son récit est lisse, ses états d'âme convenus afin de ne pas choquer ou quasi inexistants. L'auteur a  gommé toute émotion! Yvan est un petit garçon parfait du début (sa naissance) à la fin de ses études (ses 23 ans), tout juste s'il avoue de petites turpitudes comme frapper son frère à la tête ou mal se comporter avec une fille pendant son stage de voile. A son corps défendant, ils étaient trois morveux à la mépriser. Il a bien réussi, on est content pour lui! Pensez donc normalien, agrégé, docteur, professeur, écrivain! 

Je m'ennuie à la lecture de cette analyse dénuée de tout sentiment même si l'historien ne manque pas de ponctuer son récit de quelques jalons historiques concernant par exemple l'accouchement sans douleur, la naissance de RécréA2, Goldorak, les classes bilingues en allemand, les jeux de billes ...Adolescent, il tient un journal dans lequel il puise aujourd'hui  quelques platitudes,  "je me lève difficilement". Il joue au foot, au tennis, prend le métro, fait  la bagarre avec son père, il questionne ses anciens copains sur qui il était, afin d'étoffer son autobiographie laborieuse ... mais le lecteur ne vibre pas  et franchement, on se demande bien où il veut en venir! Il est le digne représentant de l'élite parisienne, celle qui réussit sans douter. Il y  a bien quelques ratages parmi ses copains, mais globalement quel aréopage de têtes pensantes et de réussites sociales (médecins, énarques, journalistes..). Contre toute attente, Yvan fait son service militaire bien qu'il n'ait pas envie de "frayer avec des abrutis au crâne rasé commandé par un adjudant moustachu"...(page220). Tout est dit, l'auteur n'a jamais fréquenté que l'entre-soi des gens bien nés (même si il peut parfois se vanter d'avoir un poil connu des copains moins dotés socialement et économiquement).  En outre, il ne se rend pas vraiment compte que naître garçon reste, même dans les années 70, un privilège! Pas de soeur, une mère dont le rôle est celui d'une femme qui élève ses enfants, elle est professeur à temps partiel pendant que l'époux "travaille", des filles en classe peu nombreuses qu'il aime à distance, aimerait draguer, etc...Celles dont il brossent le portrait, ne sont-elles pas des garçons manqués? 

Ce "vous" à qui il s'adresse dans le titre se veut masculin et féminin? Il en serait la synthèse! 

Le livre est bien écrit ce qui me change de la bouse dont je suis venue à bout péniblement il y a peu! Jablonka témoigne des années 70 lorsque la télévision, les jeux vidéos prennent de plus en plus d'ampleur. J'ai traqué ce qui pouvait être mon vécu mais plus sûrement celui de mes enfants. Trop tard, trop tôt, il s'agit d'un entre-deux, les années Giscard. Il manque à son récit les petites hontes que l'on met sous le tapis et qu'on ne raconte que dans un roman! Où sont ses émois et ses peines dont il est question en quatrième de couverture? 

J'ai adoré et dévoré Histoire des grands-parents que je n'ai jamais eus (2012), ainsi que Laetitia, je me suis ennuyée en camping-car (2018, titre d'un autre de ses récits); cette fois-ci,  franchement, lecteur passe ton chemin! 

Cependant, quelques questions méritent d'être posées: livre d'histoire ou roman, quel type d'ouvrages rend le mieux compte de la construction de la "garçonnité"? (sic). Est-ce par l'absence des filles qu'il construit sa masculinité? 

Camille Laurens dans Fille réussit pleinement à atteindre l'objectif qui consiste à questionner la construction du genre, pas besoin de meubler en produisant un discours savant! 

Musée de la Cathédrale de Las Palmas


dimanche 24 janvier 2021

Gran Canaria, Les Canaries.

Gran Canaria début janvier, quelle drôle d'idée? Que nenni!

Allez aux Canaries en hiver reste une destination épatante! 

Tejeda, au coeur de l'île. Dans la caldera

Gran Canaria est une île aux paysages époustouflants. Depuis quelques mois, elle est désertée par les touristes anglais victimes du Brexit et d'un variant covid agressif et par les Allemands sévèrement confinés. La place est libre pour les Français accueillis à bras ouverts! Chouette! Chouette! 

Nous avons opté pour une semaine début janvier avant que tout déplacement international - depuis l'étranger vers la France et de la France vers l'étranger -  ne soit totalement et strictement déconseillé jusqu'à nouvel ordre, ce qui ne signifie pas qu'il soient interdits évidemment mais j'apprécie toute la subtilité de cette injonction (qui n'en est pas une)! 

Dix plaisirs à Gran Canaria

1. La douceur de l'air sur le littoral en plein mois de janvier, une mer à 18 degrés dans laquelle on peut rester longtemps sans avoir froid. 

2. Des plages secrètes qui se méritent dans un cadre montagnard, des falaises gigantesques qui tombent dans la mer, plages étroites sur fond bleu, aux sables noirs et aux galets énormes: Güi-Güi entre Puerto de Mogan et la Aldea de San Nicolas. Amateurs peu entraînés s'abstenir car il faut savoir grimper les 500 m de dénivelés avant de pouvoir en descendre autant afin d'arriver sur la plage, le retour se fait en sens inverse, il s'agit donc de garder le moral et la forme! C'est raide, abrupt mais le paysage au col est fabuleux! (ne pas croire le guide du Routard qui évoque un sentier côtier.... ). Sans doute est-il possible de se baigner en été mais l'hiver, les vagues sont énormes. Les piscines naturelles de Puerto de la Nieves au nord ouest de l'île sont un abri précieux pour l'amateur de bain. On y accède par une magnifique promenade aménagée le long du front de mer depuis le port de pêche. J'ai également apprécié les 400 hectares de dunes de Maspalomas même si elles sont au coeur des Canaries balnéaires et des tours opérateurs. Etrangement, on oublie très vite les grands complexes  hôteliers et résidentiels avant d'atteindre la mer. 

La plage Gui-Gui. 


3. Le sentiment de n'être rien au coeur de cette immense caldeira déchiquetée par les vents. Elle s'éprouve sur la route qui mène de la Aldéa de San Nicolas vers Tejeda. Une route à une voie où l'on se croise à condition d'être dans le bon virage qui offre un vague repli sur le bas-coté entre un à-pique vertigineux ou une pente friable, fragile, marquée par les éboulis. Evitez de la prendre le soir, à la nuit tombée, par temps de pluie et de brouillard après une longue journée de randonnée. L'arrivée à Tejeda par 6° refroidit les voyageurs les plus téméraires. Au coeur du volcan à haute altitude, les maisons n'ont pas le chauffage si ce n'est dans les chambres d'hôtel (15 bonnes minutes à réchauffer), la cheminée du salon était éteinte même si une bonne flambée n'attendait qu'une allumette pour ranimer le hardi chauffeur éprouvé par la route difficile. Le pire est pour moi d'être passée sous le mur de deux immenses barrages-voutes probablement prêts à s'effondrer.. (j'ai été marquée par la catastrophe du barrage de Malpasset au Fréjus en décembre 1959) 

La caldera de Tejeda


4. Les randonnées sauvages dans un paysage fabuleux surtout lorsque le vent chasse la brume et que les crêtes déchiquetées se révèlent sur l'horizon bleu. La mer n'est pas loin, l'île ne fait que 50 km de diamètre. 

5. La soupe canarienne mangée dans l'arrière cuisine d'un restaurant perdu d'un hameau de montagne, chaude et chaleureuse. 

La Culata, restaurant Los Pasitos


6. La géographie et la géologie de cette île étrange et aux premiers abords, hostile. 

El Roque Nublo 1813 mètres


Vers la plage Gui-Gui, le passage du col. 

7. Le charme des petits ports de pêche 

8. Las Palmas riche en musées, la "casa de Christophe Colomb", la vieille ville, les ruelles aux façades colorées, dense,  sur sa presqu'île longée par une autoroute immense doublée d'un chemin côtier étonnant protégé par des rochers disposés artificiellement, qui malheureusement n'empêchent pas les nuisances automobiles! Il a toutefois le mérite d'exister. 

Las Palmas, le chemin côtier


9. La gentillesse des Canariens, au moral plombé par un tourisme en berne! A chaque fois, je me promets d'apprendre quelques mots d'espagnol pour les remercier de leur amabilité ! 

10. Le dépaysement ... tout simplement et la joie de randonner dans un cadre superbe. 

Trois adresses :

- A Agaete,  Hôtel rural Las Longueras 

- Petits appartements à Puerto de Mogan, port de plaisance joliment arboré construit dans les années 80. 

- A Tejeda Hotel Rural Fonda de la Tea

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mardi 12 janvier 2021

Le sentier côtier

Le point sur le chemin côtier entre mars 2015 et janvier 2021. 
J'écume les brouillons et publie les marronniers. Rien a changé!
Lever du soleil le 1er janvier 2021


Mardi 2015 en mars: 12°, soleil, ciel bleu immaculé, houle de sud-ouest, écume blanche, mer haute, ...le vieux est de sortie sur le chemin côtier. Certes moi aussi, pour un footing. 
Donc en gros à 15h de l'après-midi, en semaine, il y a les vieux et les vieilles en doudoune noire ou marron, les profs, les salariés à horaires décalés, des chiens.... Un pêcheur taquine le bar en bottes et pull jacquard. Aucun jeune, nada, nichts, rien ..... Les jeunes viennent l'été à la première heure de perm pour un bain rapide et repartent sur leur scooter à fond la caisse. Le reste du temps, ils font sms au chaud au fond de la classe, causeries sous les abri-bus, internet ou séries à la télé, vautrés sur le canapé de papa et maman.

L'hiver, c'est planplan .... Y a pas la foule! 
Le vieux est soit en groupe, en couple avec sa femme, à deux ou à quatre, soit en couple avec son chien, plutôt petit, genre ratier à poil, ras, parfois, ou sans poil. La bestiole est souvent indifférente quelques fois  teigneuse. Il n'est pas rare qu'elle soit au bout d'une laisse démesurée que le proprio laisse traîner afin de marquer son territoire, la crainte est alors de se prendre les pieds dedans.  Les quadras ou quinquas que l'on rencontre le dimanche, eux, ont un gros chien genre golden retriever, genre très con. Ces chiens vous reniflent le cul, courent comme des tarés après les lapins, se baignent dans la bouillasse et vous aspergent en prime, se jettent sur les petits chiens qu'ils croisent lorsqu'ils n'en ont pas peur. Les petits peuvent également les agresser. Le Golden retriever est la rolex du couple qui a réussi sa vie... 

Quelques propriétaires ont le bon goût de ramasser les crottes dans un petit sac en plastique qu'ils déposent ensuite dans la poubelle à merde installée en bout de plage. Met avis que vider le réceptacle en question ne doit guère être glamour. 

Mercredi: 4°, pas un chat sur le chemin, le vieux se promène un jour sur deux, le mercredi il garde les petits enfants! Vent du nord, froid!


Janvier 2021, il fait 0°, les flaques et la boue sont gelées, le chemin a peu changé depuis 5 ans. Des voisins indélicats ont éradiqué sur plusieurs centaines de mètres les taillis qui bordaient le rivage, le froid pique mais la vue est dégagée sur le rocher de la noyée. Récemment après les grandes pluies de l'automne les employés de la mairie ont creusé de petites rigoles afin de faciliter l'écoulement des eaux des mares qui stagnent sur le chemin! Depuis le confinement, le vieux profite, il sort davantage selon l'adage "ce qui est pris est pris".  

Je préfère la douceur et le gris tant qu'à faire.
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