samedi 26 février 2022

Une série ratée, Alger confidentiel (Arte)

Faut pas prendre les gens pour des billes, la série Alger confidentiel est ratée.  



L'idée aurait pu être excellente: le mélange des cultures, l'Allemagne, la France, l'Algérie, les paysages, Alger, la mer, le désert mais aussi Berlin. Convoquer l'Histoire, la guerre d'Algérie, la guerre civile! Un peu de France et beaucoup d'Allemagne (une responsable incorruptible forcément menacée). 

Une intrigue crédible au départ qui part en quenouille, à laquelle on ne comprend plus rien. 

Au final, une bouse! 

Une bande de pieds nicklés propres sur eux qui ne quittent pas leur parka à Berlin et s'agitent autour de camionnettes bourrées d'armes, ils sont prêts à tout faire péter mais se font prendre comme des bleus! 

Tous les protagonistes sont armés jusqu'aux dents et tirent à tout va sans qu'on sache  pourquoi et sur qui. Résultat?  Des morts en pagaille, des morts pour rien, certains meurent, d'autres sont épargnés sans que l'on comprenne la raison. 

Un des otages,  contre toute attente, pour fuir le feu des armes,  se jette bêtement sous les balles en courant vers la cour bombardée par des types  vraiment méchants, en hélicoptère, qui sont censés tous les éliminer mais ne viennent pas vérifier si  les deux clampins poursuivis sont morts. Ces deux-là, dont le héros, un enquêteur allemand propre sur lui et complètement crétin, finissent par tomber entre les mains d'Aqmi, les islamistes qui arrivent comme un cheveu sur la soupe. Après avoir couru comme des dératés, le héros et son pote, sont faits prisonniers après avoir passé la nuit à dormir à la belle étoile, les tennis blanches sont toujours immaculées malgré l'ocre de la terre et de la poussière. 

Le flic allemand joue comme un pied, il a le charisme d'une huître et on se demande bien ce que sa copine, juge d'instruction et forcément traumatisée par l'assassinat de son père pendant la guerre civile des années 90, lui trouve. Le meurtre du père semble justifier toutes les actions présentes des protagonistes bien déterminées à faire tomber le régime totalitaire et corrompu algérien. 

Rien n'est crédible, les espions qu'on aperçoit sur les balcons armés de leurs énormes téléobjectifs, des coups de fil passés, en veux-tu en voilà, de téléphones probablement surveillés, du moins c'est ce qui devrait être le cas dans un bon film où CIA, Dgse  et service d'espionnage algérien et allemand  interviennent. 

Des méchants vraiment méchants, forcément algériens ...un peu allemands aussi,  des gros vilains (Bouh on a trop peur) à tel point que leur méchanceté relève plutôt  de la farce et du grand guignolesque! 

Bref, c'est raté, franchement et j'ai perdu mon temps à regarder jusqu'au bout dans l'espoir de comprendre. Heureusement il n'y a que 4 épisodes !!!! 

Un conseil: ne pas regarder .. (Sauf peut-être pour l'acteur Dali Benssala que je trouve beau!).  

mercredi 16 février 2022

Je viens de terminer le nouveau Houellebecq: anéantir.

Je viens de terminer le dernier roman de Houellebecq, Anéantir, énorme pavé au sens propre et figuré de plus de 700 pages (730 pages, 26 euros, Flammarion). Probablement content de lui, l'écrivain publie dans une édition brochée de belle qualité*! 




Je ne me pendrais pas (je n'ai plus de cyprès depuis le 13 février 2016) parce que l'auteur est un peu plus optimiste que d'habitude quand bien même il ne parle que d'attentats, de morts, d'AVC, de cancer et d'Ehpad pourris. 

J'ai aimé et n'ai pas lâché le pavé malgré son poids, j'ai grandement apprécié la qualité de l'écriture. Le bougre écrit bien! 

Le propos est riche, il fait indéniablement réfléchir mais il reste étrange, le lecteur doit se débrouiller seul. Les personnages sont nombreux et attachants, peu de portraits au vitriol hormis une journaliste honnie. On se fiche comme d'une guigne de l'abandon des deux intrigues principales, politique et terroriste, aux deux-tiers du roman qui devient plus humain moins factuel. 

J'ai apprécié le récit des rêves du personnage principal même si je ne comprends pas pourquoi ils figurent dans le livre! Ils arrivent souvent comme un cheveu sur la soupe, aucune interprétation n'en est proposée, d'aucuns pourraient dire que Houellebecque meuble pour faire du poids et ce "collage" peut sembler bâcler tout comme les longues tirades pompées à droite à gauche. 

On peut toujours critiquer mais le livre offre un "je-ne-sais-quoi" qui transporte et qui fait qu'on le lit jusqu'au bout! Allez savoir pourquoi! Si le Monde s'enthousiasme pour l'ouvrage, la critique de Pierre Assouline dans son blog est dure,  à la première lecture elle m'a chagrinée n'ayant pas compris la complaisance qu'il affichait à l'égard de Yoga d'Emmanuel Carrère

*même si, pour ce prix-là on aurait aimé une impression de meilleure qualité souvent pâlichonne par endroit et l'absence de coquilles (fair page 280). 

lundi 14 février 2022

L'évènement de Audrey Diwan (2021)

Enfin un chef d'oeuvre, un film dans lequel on entre sans se poser de questions, ni regarder sa montre, ni penser au quotidien et aux mauvaises herbes qui poussent dans le jardin! Je recommande vivement, l'évènement d'Audrey Diwan (2021) Lion d'or à la Mostra de Venise, récompense hautement méritée.  


J'ai lu tous les livres d'Annie Ernaux,  découverte lorsque mon fils était en seconde ou en première et qu'il devait lire des romans et en faire l'analyse. Comment avais-je fait pour passer à côté de cette écrivaine remarquable dont les écrits résonnaient tant en moi? Les Armoires vides, la Place, l'évènement, la femme gelée, les Années. 

Le film est une oeuvre à part entière, il peut se voir sans avoir lu le livre. Je cite le Monde,"Au-delà de son sujet, L’Evénement a cette forme simple et radicale – sorte de journal filmé, au cadrage serré – qui fait l’étoffe des grands films, pour peu que l’actrice principale y soit exceptionnelle. C’est le cas de la comédienne franco-roumaine Anamaria Vartolomei, qui incarne Anne."

J'ai aimé la façon dont les années 60 sont reconstituées, sans excès, la chaleur des mois d'été et des bals où l'on danse, la justesse du jeu de Sandrine Bonnaire en mère usée par le travail peu habituée aux câlins, les garçons en cravate qui faisaient vieux avant l'âge, sûrs d'eux, libres et tellement égoïstes, les filles sublimes, solidaires : Brigitte, Odile, Françoise, Madeleine. Et cette fin qui nous réconcilie avec la vie et l'humanité!

Malgré l'arrivée de la pilule en 1967, je restais une jeune fille inquiète.  "Ne pas tomber enceinte" était l'anathème qui marquait l'arrivée des règles vers 12/13 ans avant même, dans les années 70, de savoir ce qu'étaient les règles, d'avoir vu un pénis hormis celui de son petit frère, de comprendre comment on faisait les bébés! Les quelques heures d'éducation sexuelle étaient données au lycée, j'ai le vague souvenir d'une projection ou d'un cours un peu appuyé sur la reproduction humaine avec quelques coupes anatomiques, le développement de l'embryon, la naissance, en bref un grand fatras qui arrivait déjà bien tard en terminale (dans les lycées publics)! Le reste on l'apprenait par le bouche à oreille dans des ricanements murmurés, feutrés, explicites ou pas. Pendant les boums, on flirtait beaucoup, on se pelotait souvent en se roulant des palots à bouche que veux-tu mais coucher, pas question, notamment quand on n'était pas "une Marie couche toi-là". Surtout morte de trouille de tomber enceinte, on vivait  la peur  au ventre (sans plaisir)! Enfin moi! Consulter un vieux gynécologue réac pour obtenir la pilule, (on se refilait l'adresse), consistait en un parcours du combattant, en parler à la mère revenait à avouer qu'on couchait (et ça ne se faisait pas). Les premiers rapports étaient forcément risqués car sans pilule et frustrants car toujours il y avait la consigne "ne pas tomber enceinte" ce qui aurait alors signifier la mort sociale, la fin des études, la merde! Avorter oui on y avait droit après 1975 mais à quel prix! 

Pouvoir acheter la pilule et en cas de pépins pouvoir avorter permettaient toutefois d'envisager la sexualité un peu plus sereinement. Cependant, la contraception restait largement une affaire de filles. 

samedi 12 février 2022

Les jeunes amants

C'est dans une salle immense (une fois n'est pas coutume pour la direction de notre cinéma) mais vide (nous étions cinq spectatrices) que j'ai vu le film les jeunes amants de Carine Tardieu. 



Voir un film c'est comme lire un livre, on y entre ou pas, on y vibre ou pas, mais en pire si on s'y ennuie sans oser s'en aller. L'image fascine et j'ai beaucoup de mal à sortir de la salle alors que je lâche volontiers un livre qui me tombe des mains ou sur lequel, dès la dixième page, je m'endors inexorablement. 

Voir un film c'est comme lire un livre il entre ou non en résonance avec nos états d'âme du moment. Je n'étais donc pas dans de bonnes dispositions!

Je me suis ennuyée surtout pendant la première partie et j'ai détesté le sacrifice de l'héroïne principale qui se sent trop vieille pour aimer, vibrer et préfère renoncer en décidant pour l'autre: le jeune amant qui bousille sa famille, heurte un poil sa fille célibataire qui ne croit qu'au coup de foudre (invention du XIXème siècle). Le propos sur tous ces sujets est stéréotypé, agaçant, gnangnan sans doute car il s'agit d'une femme âgée qui aime un homme jeune. Aucun homme âgé qui s'envoie en l'air avec une jeune femme souvent très jeune (je pense au couple de Cassel par exemple) ne dit qu'il n'a pas d'avenir pour elle (il va mourir bientôt ce qui est une réalité) et lui conseille de partir en courant! L'homme mûr n'a pas ces états d'âme, il n'est pas vieux, il exhibe sa jeunette (même si elle n'a que 20 ans de moins que lui) comme un trophée. 

Tout le long du film j'ai surtout été agacée par la cuculterie du propos (je suis trop vieille, malade et quasi mourante), le sacrifice de l'héroïne qui  refuse le bonheur et résiste à la mièvrerie des premiers mois de la passion amoureuse. Il est vrai que dans l'histoire elle est également  malade ( ce qui nous guette tous à cet âge-là),  gérer la maladie devient alors compliqué. 

Le jeu des acteurs, et notamment des seconds rôles, est formidable et sauve le film : excellente Catherine de France dans le rôle de l'épouse trahie dévastée par la tromperie, l'abandon (scène jubilatoire du bouquet de roses qu'on aimerait avoir vécue). Le scénario ne tient qu'à un fil et quelques ficelles: le tgv Paris-Lyon, les barres d'immeubles. On échappe à l'ascenseur et aux portes qui s'ouvrent ou se ferment, quoique ... 

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...