samedi 31 octobre 2020

ADN

J'ai beaucoup aimé le film de Maïwen, ADN. 



Il est probable que ce film répondait à ma préoccupation du moment sur la vie et la mort, le deuil et les enterrements...Certes ces thèmes constituent  un peu mon fond de commerce! 

Souvent peu encline à prendre la voiture et préférant mon canapé à la toile géante, j'avais également envie,  en cette veille de confinement, de montrer mon attachement à la culture, grande victime du covid. (Nota bene : nos salles sont confortables mais j'aimerais un peu plus de chaleur ... )

Le film est servi par des acteurs excellents, mention spéciale à Maïwen, Fanny Ardant et Louis Garel! 

J'ai beaucoup ri et un peu pleuré. 

On y retrouve ce qui fait le sel des familles, les engueulades, forcément, les réflexions sans nuances, car on sait que de toute façon, tôt ou tard, il ne saurait y avoir de rupture définitive. 

J'ai pu trouver un peu long les scènes qui insistent sur un message à faire passer. Le pépé était à l'évidence, français, laïc, athée comme le dit si justement un des petits fils. Il pose par conséquent la question du pourquoi en faire un musulman à sa mort? C'est un film sur les origines, l'identité. Avec le temps, cela n'a plus guère de sens... Que reste-t-il de la Corse ou de l'Italie, de l'Algérie ou du Canada après plusieurs générations si ce n'est le récit qu'on se raconte? On peut regretter les questions sans réponses que suscitent certaines scènes comme par exemple la confrontation entre la mère et la fille sur la peur et le dégoût que cette dernière avoue avoir pour sa génitrice...Comme si Maïwen avait voulu tout dire sans forcément qu'il y ait un lien avec l'histoire! Une sorte de journal intime un peu décousu qui lasse parfois, notamment dans la deuxième partie concernant la quête identitaire de l'héroïne 

Dès la réouverture et si mon cinéma le programme, je me promets d'aller voir Garçon Chiffon. 

mercredi 28 octobre 2020

En train!

N'ayant pas envie de voir mon blog supprimé de Google, je recycle un vieux brouillon en hommage à la SNCF, exemplaire dans son traitement de la tempête Alex...(Je flagorne un peu!)
Il faut produire pour ne pas disparaître de la toile! 



Jeudi 16h
Les médias annoncent la fin du monde, la tempête Alex va frapper durement les côtes bretonnes. 
Jeudi soir, 20h 
Un sms de la SNCF m'annonce la suppression de tous les trains du matin entre Quimper et Lorient vers Paris, je me précipite sur mon ordinateur afin de trouver une place dans le premier à redémarrer. Celui de 12h coûte un bras et les deux jambes, ne reste plus que les places réservées aux femmes  d'affaires (et aux hommes). Je renonce et opte pour le TER avec correspondance à Rennes, je mets au pot mais le tarif reste tout à fait abordable. 
Jeudi 23h 
Je me couche, je bouche mes oreilles de mousses, la nuit va être rude. Trente minutes plus tard, mes bouchons me gênent, je n'entends aucun bruit de vagues, ni sifflement du vent. 
Un petit chuintement au loin dans la nuit, un peu de pluie sur les carreaux, une douceur inhabituelle, bref, de tempête rien ... 
Vendredi matin 9h.. 
Dépitée! 
On s'attendait à frémir sous les coups de boutoir du vent, à goûter tranquillement la chaleur du lit tandis que dehors les éléments se déchaîneraient. 
Rien, nada, que dalle, que tchi.... 
De tempête pas un signe ... juste quelques annonces concernant le Morbihan où le préfet a fait fermer les écoles, les facultés, les lycées et les collèges ; des foyers sans lumière et des arbres couchés sur la voie publique ... Certainement pas la catastrophe annoncée, celle qui aurait pu ressembler à l'ouragan de 1987! 
Pas de quoi fouetter un chat !
Décidément la SNCF n'a plus confiance en ses trains. 
Principe de précaution.

Vendredi 12h
Comme d'habitude je me gare quasi devant la gare de Lorient. Le TER de 12h44 arrive plein comme un oeuf ! 

13h 
Il n'a toujours pas quitté le quai, la douce voix de notre contrôleuse nous annonce un petit problème technique "qu'il fallait mieux traiter en gare tranquillement" (sic le conducteur) 
13h05
Le train démarre enfin et roule "à fond les ballons" afin de rattraper notre retard 
13h30
La pétillante contrôleuse passe dans les rangs en annonçant que trois arbres sont couchés sur la voie entre Redon et Rennes, ils cherchent une solution mais probablement nous n'aurons pas nos correspondances ... Redon sera notre terminus .... Damned!
Branle bas de combat dans la rame mais tout le monde reste aimable et calme. 
Six cars sont prévus pour  prendre en charge les voyageurs se rendant à  Rennes tandis que nous, les aventuriers pour Paris, Toulouse ou Amiens, devons monter dans le TGV du quai A .... en mode "demerden sie sich" ... 
Les passagers du quai A prennent l'air, peinards, ils nous accueillent benoîtement, bien qu'ils soient en gare de Redon depuis plus de 90 minutes .... ce sont ceux du train de midi que j'aurais aimé prendre si la SNCF ne vendait pas les places à prix d'or ...
Je monte et trouve un siège dans un petit coin! A peine assise, le train redémarre pour Rennes où il fait une étape rapide. Je fais profil bas redoutant d'être délogée ...Peu de personnes montent dans les rames. 
Personne ne nous contrôle. 
J'arrive à Paris avec 30 petites minutes de retard dans un train qui n'était pas le mien...

Je dis merci la SNCF .... 

jeudi 15 octobre 2020

Deux livres à dévorer : Autobiographie d'un immeuble et Laetitia

 Lorsque que le documentaire (les enfants du 209 rue Saint-Maur sur Arte) s'achève je fonds en larme ! C'est plus fort que moi!  Voir ceux qui ont survécu, et ceux qui se souviennent, réunis dans la cour de l'immeuble à la fin du tournage avec les habitants d'aujourd'hui, dans le bruissement d'une fête d'adieu, m'émeut au plus au point. 

Le livre paraît quelques mois plus tard, sa lecture est passionnante,  différente du documentaire! Elle raconte depuis les années 1850, les vies des générations d'enfants, d'artisans, d'émigrés de l'est ou du sud de l'Europe. La visite de la cour un samedi à Paris qui ponctue ma lecture, me ravit. J'imaginais l'immeuble moins haut, plus bourgeois, moins "moderne"! Le quartier du 10ème arrondissement est encore vivant mais en cours de boboisation, la déambulation reste très plaisante mais lorsque la dernière laverie aura disparu, il revêtira le chic propre des quartiers sans âmes. 

J'aime ces écrivains qui, par la précision de leur description des lieux, font sentir les odeurs des feuilles que l'on foule au pied, les embruns sur le visage, la caresse de la lumière sur une plage de Vendée, - celle qui éblouit mais qu'on ne peut s'empêcher de regarder-, le craquement d'un escalier un peu raide, à la rampe lisse d'avoir trop servi, le plâtre usé d'un mur lépreux, la vision d'un lavabo dans un coin cuisine éculé, le skaï du canapé sur lequel dort un chat, des tommettes rouges branlantes sous un toit à la chaleur étouffante. 

Je ne pourrais par faire mieux que ces deux auteurs, Ruth  Zylberman ou Ivan Jablonka dont j'ai dévoré les livres cette année. Ce ne sont pas des romans, mais ils en ont la puissance d'évocation. Ce sont des livres d'histoire, humains profondément! 

Je réalise soudain en écrivant ces lignes que ces deux historiens sont interviewés et  filmés à la fin de l'exposition du Mémorial de la Shoah concernant l'ère du témoin que je conseille vivement. 

Ce n'est pas un hasard si j'aime les récits de traces, de liens invisibles entre les vivants et les morts. 





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