mardi 29 avril 2025

Un pavé inutile!

De proche en proche. Une famille ordinaire dans l’histoire de France. Emma Rotschild. (Seuil, Paris, 2025, 403 pages, dont 130 pages de notes, un arbre généalogique, un index des noms, un dictionnaire succinct des principaux acteurs cités, un plan illisible d'Angoulême et un noeud représentant le réseautage du personnage principal, Marie Aymard, veuve illettrée dont on ne saura rien ou presque ...) 



Tout était fait pour me plaire, un article dans la revue l’Histoire et une belle critique, un matin sur France Inter, de Claude Askolovitch dans sa revue de presse, le thème, Angoulème au XVIIIème et au XIXème siècle à travers une famille ordinaire (mon terrain de jeu préféré en histoire) … 

Las! Ces critiques n’ont dû lire que l’introduction très alléchante! Le corps de l’ouvrage est quasi illisible, confus et au final rébarbatif. On n’y apprend rien, si ce n’est les histoires de quelques uns, quand un procès, une enquête un peu fouillée, un contrat de mariage, une mort étonnante, un crime, un vol, une bagarre les signalent dans les sources. 

Les sources ? Les registres paroissiaux et les registres d’état civil principalement, documents d’une très grande richesse mais lesquels,  si on se contente de les retranscrire, sont ennuyeux ou n’intéressent que les généalogistes passionnés par leur propre famille. 

J’espérai une belle bibliographie d’articles et d’ouvrages récents, il n’y a rien même en note, comme si l’histoire française récente n’était qu’une immense page blanche, un désert. 

L'autrice a réalisé un travail titanesque  de transcription et de remarques inutiles et partisanes. Au hasard, je cite: "Victor Mamert ..a eu un destin plus triste encore. Lui aussi a intégré l'administration des impôts indirects. Il est resté célibataire et s'est retiré dans un village des Landes où il est mort en 1885 à soixante-dix-huit ans.....On y indique aussi qu'il était concessionnaire d'un petit bureau de tabac et qu'il passait son temps à jouer de la flûte." ...page 237. 

Quoi de plus triste en effet que d'être fonctionnaire (qui plus est, au centre des impôts), célibataire et joueur de flûte! 

L'auteur enfile ainsi les perles à longueur de page...

 

Historienne à Harvard? 


Qu’est-ce que j’apprends sur les mobilités sociales et les mutations économiques? Je me pose la question…Pas grand chose et  je me suis ennuyée ferme. 

Le livre est indigne, la recherche et l’analyse historiques sont au ras des pâquerettes ou comme le dit le  critique du monde plus élégamment : « …elle n’a pas de système général de vérité à exposer mais des vies réelles à reconstituer. Dès lors, l’exercice tourne parfois à la collection d’histoires juxtaposées, loin d’être sans intérêt mais difficiles à ramasser dans une vue générale de la France au XIXe siècle ». 
Des vies réelles comme celle de Victor Mamert?

vendredi 4 avril 2025

37 Secondes, une série sur Arte.

Pourquoi ai-je aimé la série 37 secondes sur Arte? Reconstitution de l’affaire du “Bugaled Breizh”, chalutier qui coula mystérieusement en 2004. Cette minisérie donne à voir un portrait contrasté des familles des marins, avec Nina Meurisse. Elle a reçu le Grand Prix de la compétition française à Séries Mania.



1. Depuis toujours on connaît le drame, le bateau coule, 5 morts. Pas de stress à priori! Pourtant les réalisatrices réussissent à maintenir pendant les six épisodes l'envie d'aller jusqu'au bout de l'histoire, comme un thriller, avec même un peu d'inquiétude et l'envie de savoir alors qu'on sait! Bravo. 

2. Tous les acteurs incarnent parfaitement leur rôle, aucun n'est caricatural, ils sont tous justes et jouent remarquablement. La palme pour Nina Meurisse! Mais il faudrait citer tous les autres, acteurs principaux comme secondes rôles. 

3. Les reconstitutions sont parfaites, sans entrer dans les clichés "cartes postales". Rien à dire pour qui connaît la région, Loctudy, le Guilvinec, Penmarc'h et ses phares,  Quimper ou Brest (que les réalisatrices réussissent à sublimer filmant, par exemple,  la trouée vers le port de commerce). Au dernier épisode, on évolue dans un quartier de maisons individuelles comme on les aime ici, pignons blancs et toits d'ardoises, murets qui délimitent les jardins. Les ports et les chalutiers sont à l'honneur, sans trop forcer le trait, les quais, les charriots élévateurs, les caisses de poissons, on sentirait presque l'odeur de gasoil et de queues de langoustines. Le vent et la pluie, le bruit des vagues. Pour plaire aux Parisiens, un des personnages vit dans une petite maison traditionnelle, une de celle que j'appelle une "crèche à cochons", basse, à petites fenêtres qu'occultent des rideaux blancs crochetés. 

4. Sans oublier les accessoires: téléphones à clapet, blousons en velours rouille, cirés jaunes et bottes en caoutchouc, gants pour lever les filets. 

5. On découvre par petites touches le travail des marins pêcheurs, des ouvrières qui lèvent les filets de rougets ou de maquereaux chez les mareyeurs (je me demande d'ailleurs si elles n'ont pas un peu sous estimé les cadences..). Le fonctionnement d'un comité des pêches, le rôle des patrons. J'ai moins aimé (et je m'interroge d'ailleurs à ce sujet), les églises remplies pendant la messe du dimanche matin, pour moi, elles ne sont plus fréquentées que par les veuves et les personnes très âgées. Les réalisatrices insistent lourdement, comme si c'était le seul lieu de sociabilité, le bistrot où Marie Madec va boire "des coups avec son amie" y est moins représenté! Certes pendant les enterrements, on  s'y retrouve quand on retrouve les corps des péris en mer.  De plus en plus les hommages ont lieu dans les funérariums. 

6. La romance est impeccable, le film respecte les familles sans misérabilisme, le drame est total et la fourberie de certains avocats classique, certains magistrats exemplaires, d'autres indigents et l'on mesure alors pleinement le déni de justice. Les détails techniques ne nous sont pas épargnés, fait appréciable et l'on doit souligner la truculence de l'expert en sous-marins, parfaitement incarné. 

7. Drame de la mer, on ne saura jamais ce qui a pu arriver au Bugaled Breizh (2004-2016, date du non-lieu)! 

J'aime aussi parce que c'est chez moi! 


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