vendredi 4 avril 2025

37 Secondes, une série sur Arte.

Pourquoi ai-je aimé la série 37 secondes sur Arte? Reconstitution de l’affaire du “Bugaled Breizh”, chalutier qui coula mystérieusement en 2004. Cette minisérie donne à voir un portrait contrasté des familles des marins, avec Nina Meurisse. Elle a reçu le Grand Prix de la compétition française à Séries Mania.



1. Depuis toujours on connaît le drame, le bateau coule, 5 morts. Pas de stress à priori! Pourtant les réalisatrices réussissent à maintenir pendant les six épisodes l'envie d'aller jusqu'au bout de l'histoire, comme un thriller, avec même un peu d'inquiétude et l'envie de savoir alors qu'on sait! Bravo. 

2. Tous les acteurs incarnent parfaitement leur rôle, aucun n'est caricatural, ils sont tous justes et jouent remarquablement. La palme pour Nina Meurisse! Mais il faudrait citer tous les autres, acteurs principaux comme secondes rôles. 

3. Les reconstitutions sont parfaites, sans entrer dans les clichés "cartes postales". Rien à dire pour qui connaît la région, Loctudy, le Guilvinec, Penmarc'h et ses phares,  Quimper ou Brest (que les réalisatrices réussissent à sublimer filmant, par exemple,  la trouée vers le port de commerce). Au dernier épisode, on évolue dans un quartier de maisons individuelles comme on les aime ici, pignons blancs et toits d'ardoises, murets qui délimitent les jardins. Les ports et les chalutiers sont à l'honneur, sans trop forcer le trait, les quais, les charriots élévateurs, les caisses de poissons, on sentirait presque l'odeur de gasoil et de queues de langoustines. Le vent et la pluie, le bruit des vagues. Pour plaire aux Parisiens, un des personnages vit dans une petite maison traditionnelle, une de celle que j'appelle une "crèche à cochons", basse, à petites fenêtres qu'occultent des rideaux blancs crochetés. 

4. Sans oublier les accessoires: téléphones à clapet, blousons en velours rouille, cirés jaunes et bottes en caoutchouc, gants pour lever les filets. 

5. On découvre par petites touches le travail des marins pêcheurs, des ouvrières qui lèvent les filets de rougets ou de maquereaux chez les mareyeurs (je me demande d'ailleurs si elles n'ont pas un peu sous estimé les cadences..). Le fonctionnement d'un comité des pêches, le rôle des patrons. J'ai moins aimé (et je m'interroge d'ailleurs à ce sujet), les églises remplies pendant la messe du dimanche matin, pour moi, elles ne sont plus fréquentées que par les veuves et les personnes très âgées. Les réalisatrices insistent lourdement, comme si c'était le seul lieu de sociabilité, le bistrot où Marie Madec va boire "des coups avec son amie" y est moins représenté! Certes pendant les enterrements, on  s'y retrouve quand on retrouve les corps des péris en mer.  De plus en plus les hommages ont lieu dans les funérariums. 

6. La romance est impeccable, le film respecte les familles sans misérabilisme, le drame est total et la fourberie de certains avocats classique, certains magistrats exemplaires, d'autres indigents et l'on mesure alors pleinement le déni de justice. Les détails techniques ne nous sont pas épargnés, fait appréciable et l'on doit souligner la truculence de l'expert en sous-marins, parfaitement incarné. 

7. Drame de la mer, on ne saura jamais ce qui a pu arriver au Bugaled Breizh (2004-2016, date du non-lieu)! 

J'aime aussi parce que c'est chez moi! 


Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...