dimanche 15 décembre 2013

Corbeaux, merles et martinets...


Après la vie de maître Renard qui batifole dans mon quartier, je me suis dit qu'un petit billet nostalgique concernant les corbeaux qui ont bercé mon enfance, serait tout à fait bienvenu!
Ils n'étaient pas les seuls, l'été, j'entendais les martinets qui tournaient dans le ciel du soir tandis que je cherchais le sommeil, couchée à 20h 30 pétantes. Volant très haut dans le firmament (ouarf littérature), ils tournaient en bande en piaillant, les voir raser le sol était un signe de lourdeur, d'humidité, de fourmis volantes et d'orage. Parfois on pouvait trouver  un cadavre tout raide, sous le préau de l'école, oublié et sec comme un bout de bois. Je conservais précieusement la dépouille dans ma cabane. J'apprécie quand les films les font chanter et je me dis que le réalisateur a dû également les  aimer dans son enfance. Où sont-ils  aujourd'hui? Ils ne crient pas dans le ciel breton! Chaque été, seules, quelques hirondelles viennent boire au bar de la mare. Une année, elles ont tenté de nicher sous la porte du garage de mon voisin, un grand maniaque de la propreté qui n'a guère dû apprécier les fientes qui maculaient ses poutres, elles ne sont jamais revenues!  
J'ai aussi aimé les merles, ceux de notre voisin, un vieux acariâtre, qui avait fait la guerre 14-18, il y avait perdu sa jambe et vieillissait dans l'aigreur, sans contact, aucun, avec le voisinage. Il tuait les merles au fusil car ils dévoraient ses cerises malgré les miaulements du chat enfermé dans une cage qui se balançait au milieu des branches! On les cherchait ensuite dans le fossé, mon père les plumait pour les manger, j'attendais avec impatience le moment où il trouvait les plombs qui avaient troué la carcasse.
En hiver, nous entendions les corbeaux. Mes parents avaient le chic pour les ambiances fraîches et plombées, ils nous emmenaient promener au bout d'un long chemin qui finissait par un sentier étroit sous des peupliers déplumés, parmi de hautes herbes vertes, couchées par les pluies. Ce chemin commençait bien, entre les maisons du village, relativement large, cerné par des talus de pierres, très  rassurants, le long desquels poussaient des fougères que je trouvais très belles et dont l'habitat restreint m'impressionnait. Puis, il se faisait sentier, pour s'achever en cul de sac sous les nids de corbeaux qui croassaient à qui mieux mieux.Le terminus de la ballade avait des relents de fin du monde.

Je n'avais pas peur des oiseaux sauf de l'aigle (jamais vu) mais qui, dans mon imaginaire, allait venir m'enlever pour m'abandonner dans un camp de romanichels. C'est ballot, non ? alors que les petites filles rêvent du prince charmant qui, je le rappelle, n'existe pas!
(La photographie est prise dans la magnifique maison de Poppée en Italie, près de Naples ).

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