Depuis le début de l'été j'ai lu un grand nombre de livres passionnants. Dire ici tout le bien que j'en pense me permettrait de relancer ce blog moribond...Je commencerai par celui que je viens de finir en ce premier jour d'automne: la Fabrique des salauds de Chris Kraus
En vrac et lacunaire, j'ai amorcé une liste de mes lectures. Ce premier jet (car il en manque plein) montre à quel point j'aime l'Histoire du XXème siècle, la guerre et ses conséquences, les récits de rescapés (ou pas), les puissantes histoires de famille, leurs drames et leurs secrets.
Oublier Klara d'Isabelle Autissier
Les voisins de Jan Gross
A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie d'Hervé Guibert
Les loyautés de Delphine de Vigan
La fabrique des salauds de Chris Kraus.
Il s'agit d'un roman puissant dont la lecture est addictive, je ne l'ai pas lâché malgré le poids (au sens propre, il est parfois difficile de maintenir un livre de près de 900 pages la tête inconfortablement appuyée sur deux oreillers, j'ai renoué avec la chaise longue afin de prendre appui sur mes genoux). L'histoire balaye le 20ème siècle, de 1905 aux années 70. Indéniablement le lecteur s'attache au personnage principal, tout en réalisant qu'il s'agit d'un véritable salaud, un assassin, un meurtrier, une ordure véritable.
Il s'agit d'un roman puissant dont la lecture est addictive, je ne l'ai pas lâché malgré le poids (au sens propre, il est parfois difficile de maintenir un livre de près de 900 pages la tête inconfortablement appuyée sur deux oreillers, j'ai renoué avec la chaise longue afin de prendre appui sur mes genoux). L'histoire balaye le 20ème siècle, de 1905 aux années 70. Indéniablement le lecteur s'attache au personnage principal, tout en réalisant qu'il s'agit d'un véritable salaud, un assassin, un meurtrier, une ordure véritable.
Mais c'est encore pire de réaliser qu'il n'est pas seul ! L'Allemagne de l'ouest n'a pu ou pas voulu se débarrasser de ses nazis, - il ne s'agit pas du pékin lamda obligé de prendre sa carte au parti pour travailler - mais de la vraie ordure, celle qui s'engage dans les compagnies de SS à têtes de morts, les gardiens de camps, les hauts dignitaires ayant participé aux terribles tueries de masse sur le front de l'est. Tous ou presque ont échappé à la dénazification et se sont glissés dans les arcanes du nouveau pouvoir, noyautant la jeune république.
La lecture de l'ouvrage m'a rappelé mes séjours en Bavière au milieu des années 70, lorsque mon hôtesse me montrait les albums de famille où figuraient les fils, pères et oncles en uniformes noirs de la SS, les insignes à têtes de morts avaient été grattés à la lame de rasoir. Mon allemand débutant ne m'avait pas permis de communiquer mais j'avais été choquée et vexée en imaginant qu'elle pensait que je ne comprenais pas la nature de l'engagement de ces crapules.
Le roman est historiquement solide et éclaire le fonctionnement des services d'espionnage, les relations de la RFA avec les Etats-Unis, l'URSS ou Israel. De nombreux personnages sont réels et leur histoire est édifiante. Je pense qu'il convient parfois de lire le livre en complétant par la lecture de quelques biographies sur le net.
Bref, j'ai réalisé que j'en savais plus sur la RDA que sur la RFA et ce que j'en ai appris me laisse un goût amer. J'avoue mieux comprendre le silence de mon ami Jochen rencontré en Allemagne en 1975, la tristesse de son père se mourant de la silicose après avoir combattu toute la durée de la guerre, puis survécu 5 ans en captivité en Russie dans les mines de charbon. Il traînait alors sa carcasse usée, la clope à la main, tout juste en retraite des compagnies minières de la Ruhr. A l'époque j'aurais aimé lui parler, lui poser des questions mais je n'osais pas.
Le roman n'est pas de ceux qui vous prend aux tripes mais il est réellement passionnant et instructif, chargé de références et d'influence littéraires. J'ai adoré par exemple, les descriptions des paysages des pays baltes ou celles des rues de la toute jeune Tel Aviv et de ses plages. Le personnage féminin est le seul qui soit attachant, je l'ai perçue comme une fleur rouge et fragile, un coquelicot, dans ce sombre récit.
Lire c'est aussi imaginer. J'ai presque envie de m'y replonger avec l'oeil de l'historien!
Lire c'est aussi imaginer. J'ai presque envie de m'y replonger avec l'oeil de l'historien!
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