Il y a quinze jours, un beau matin (oui il y en a parfois) j'ai trouvé mon pain avec un énorme trou. Un instant j'ai cru que l'ado rebelle n'avait mangé que la mie, avant de vérifier qu'un monstre avait pénétré dans le sac à pain après en avoir bouloté l'essentiel! Une souris? Non forcément un rat!
J'ai donc pris toutes les mesures qui s'imposaient. Tout d'abord suspendre le pain au crochet près du frigo espérant que la bestiole n'irait pas grimper jusque là. Puis j'ai investi dans deux magnifiques tapettes avant que l'on ne m'en offre une autre paire. Je n'aime pas assez les souris pour envisager une petite cage piège lui permettant d'avoir la vie sauve.
Assassin sort de ce corps!
Je n'ai alors plus constaté ni bruit ni grignotage intempestif...
Chouette, me suis-je dit, elle a quitté les lieux pour d'autres aventures plus gourmandes, profitant de la porte ouverte un jour ensoleillé. Mais la chair est bonne dans ma cuisine! Il suffit d'attendre l'extinction des feux afin de se gaver des miettes et autres délectances abandonnées par négligence. Ayant quand même quelques doutes, j'ai pris chaque jour mes précautions afin de ne rien laisser traîner, je n'aurais pas aimé partager mes microbes avec ceux de l'armée supposée avoir élu domicile sous les meubles de cuisine.
Hier soir, après une soirée festive entre filles, j'ai rangé un peu vers deux heures du matin, quand j'ai vu débouler de derrière le piano, une énorme souris, grasse comme un loukoum, hésitant face à moi à se diriger vers la cuisine. C'était probablement son heure mais elle ne devait pas compter sur ma présence. Elle a eu un instant d'hésitation avant de retourner se planquer, me laissant la vague impression que je ne lui faisais pas peur et qu'elle avait pris des habitudes d'animal domestique. Cinq minutes passées, elle a refait une tentative toujours aussi surprise par ma présence.
J'ai donc pris les décisions qui s'imposent et armé mes tapettes de deux énormes bouts de fromage de chèvre, excellents. Ma volonté d'éradiquer valait bien ce petit sacrifice.
Je suis montée me coucher redoutant qu'en pleine nuit, elle ne me suive et vienne brouter sur mon visage, que j'ai enfoui sous la couette.
Pas que j'ai peur des rongeurs, je ne monte pas sur une chaise en poussant des cris de vierge effarouchée, mais la perspective de les savoir bons grimpeurs, prêts à tout pour arriver à leur faim fin, ne m'enchante guère. Je m'imagine la nuit, l'objet de leur reniflage.
Je n'ai pas entendu le piège se refermer sur sa tête, le second, pas le premier qui n'a pas fait son office meurtrier. Au moins, a-t-elle eu le temps de s'en mettre plein la panse. Au matin, son petit corps gisait sur le sol de la cuisine.
Armée d'une pelle à bourriers, j'ai évacué le cadavre du fauve sur la terrasse, faisant corps avec la tapette. Il me faudra le décrocher. J'attends un peu dans l'espoir qu'une bête plus grosse, affamée, vienne m'en débarrasser. Le renard qui a l'outrecuidance de traverser le jardin sous mes fenêtres, tous les soirs, la queue basse? Il a fait, hier, la joie de mes copines épatées par sa nonchalance.
Il me reste également à nettoyer derrière le piano, au cas où elle aurait mis bas, afin de vérifier les dégâts parmi les cartons à dessins, éradiquer les crottes accumulées après quinze jours de bombance.
Je suis en mode feignasse, j'y pense!
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