Lire le terrain avec lucidité et
intelligence reste la revendication de deux excellents randonneurs qui
ont partagé notre semaine à la montagne!
Un
matin, nous avons décidé de rompre avec nos habitudes et de tenter
l'ascension du sommet qui surplombe notre gîte. Nous l'avions fait il y a
maintenant 12 ans alors que les enfants étaient petits. Marcel (paix à
son âme) nous y avait emmenés afin de nous montrer le glacier où les
porteurs de glace du patelin s'y alimentaient afin de livrer le casino
et les nombreux hôtels qui avaient fait la réputation de la station! Les
pauvres bougres revenaient chargés comme des mulets, portant sur leur
dos, des pains de près de vingt kilos pour satisfaire les buveurs de
pastis de la vallée, riches toulousains venus soigner leur maladie
honteuse, (les eaux locales avaient la réputation de guérir la
syphilis). Karstique ou pour faire plus simple, truffé de trous, le mont
conservait encore jusqu'à peu quelques lambeaux du glacier pourvoyeur
de glaçons. Aujourd'hui il n'y a plus rien, hormis de l'eau croupie où
fermentent des cadavres de moutons, pauvres bêtes noyées par le stress,
incapables de s'extraire de la gangue nauséabonde afin de regagner l'air
libre.
Arrivés de bon matin, nous n'avons guère pris le temps de chercher les repères qui marquaient l'entrée du chemin et c'est à la trash
que nous sommes partis sur le versant. Au diable, les lacets paresseux
d'une petite sente à mouton, nous avons opté pour la directissime. En
clair on vise le sommet au prétexte que tous les chemins mènent à Rome
et qu'on finira bien par croiser le vrai, celui marqué par les balises,
rouges et blanches, celui qu'on repère difficilement avec les cairns ou
la simple pierre posée en évidence sur le rocher.
La
directissime fait la joie des aventuriers, on connaît ainsi
l'exaltation de l'essoufflement, les griffures des branches, les cris du
type "ça y est, je suis sur le chemin" mais surtout les
commentaires de nos deux schtroumpfs râleurs, dont un qui ne supporte
pas l'inconnu en milieu hostile. Quand il ne fait pas demi-tour en nous
envoyant paître, il rote et pète de stress puis arrivé au sommet n'en
bouge plus et ne retrouve la joie de vivre qu'après avoir été dument
nourri à la becquée. Cette année il a reçu le soutien de celui qui
souhaite lire le terrain avec lucidité et intelligence!
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