jeudi 5 avril 2012

Le divan


Aller s'allonger sur un divan est une expérience unique au monde, une aventure intellectuelle passionnante, un luxe rare, une façon de régler ses rancunes sans faire de mal à personne, un endroit où vous pouvez pleurer, sans souci, sur l'histoire à la con que vous racontait votre mère parce que, à l'époque, vous n'auriez jamais osé lui dire que l'histoire en question vous foutait une trouille bleue, que vous n'aviez pas du tout envie de l'entendre et qu'elle vous hantait la nuit et a continué, longtemps, à hanter vos rêves et alimenter vos peurs. Et là, les flots lâchent, vous sanglotez tout votre soûl. Le pire ou le meilleur c'est qu'après, le traumatisme est réglé, et on se demande bien ce qui vous a pris de raconter une histoire pareille! C'est comme un ballon de baudruche qui, resté dans un coin après une fête,  s'est dégonflé tout doucement et a flétri  pour devenir une vulgaire crêpe de caoutchouc! Le souvenir existe mais à plat.
Si tout pouvait être aussi simple que cette histoire de la petite sirène qui me faisait peur, ça serait génial. Le problème est que c'est très lent, très lent ... et toutes les séances ne sont pas salvatrices. Rares sont celles où l'on sort sans pleurer, rares sont celles où vous vous dites, tiens quelque chose s'est passé, rares sont celles où vous n'avez pas une sensation étrange dans le corps. 
C'est la confusion des sentiments. La plupart du temps, quand je m'allonge, je me dis "c'est le gros bordel dans ma tête, par où je vais pouvoir commencer, quel thème aborder pour faire avancer le schmilblick et guérir ce pourquoi je suis venue.... " Ceux-ce qui me connaissent disent que j'ai changé, franchement, à part la coupe de cheveux, je ne vois pas très bien comment! 
J'ai encore moins de certitudes qu'avant, la bouillie que j'ai dans les yeux est toujours là et en couche épaisse. 
Damned! 
Je pense que la lobotomie serait probablement une solution plus efficace, indolore et rapide.

1 commentaire:

  1. Depuis 2010, je fais un passage 2 fois par semaine, dans une pièce qui ressemble beaucoup à celle de votre photo. Et oui c'est un voyage, qui n'est pas centré sur soi, qui permet de découvrir qui on est mais aussi qui sont les autres, les relations, la vie, le monde. Un voyage tranquille qui transforme peu à peu, lentement mais très doucement.
    Parfois moi aussi je me dis pourquoi c'est si long, pourquoi je change si peu, pourquoi je répète toujours les mêmes choses … Mais c'est pas vrai, c'est de plus en plus rarement les mêmes choses, je vois ça comme un lavage des blessures, qui s'allègent pour laisser place à l'ouverture, des couleurs beaucoup plus douces …
    Suis-je privilégiée ? Oui et non, je gagne assez bien ma vie mais c'est aussi un choix que j'ai fait, j'ai pas de voiture, je voyage pas, je vis simplement …
    Pour moi la vie est faite pour progresser,
    apprendre, comprendre, se relever et je vois que ça fonctionne donc finalement pourquoi arrêter ?
    Avant les gens allaient chaque dimanche, pendant toute leur vie, se libérer auprès d'un prêtre des tourments de la semaine et je suppose que si ce prêtre était bon, il les aidait et les faisait progresser, est-ce si différent … ?
    Corinne

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