samedi 27 août 2016

Le bistrot

Hommage aux bistrots!

Quand je vais à Paris, j'aime tout particulièrement prendre un verre à l'Etoile manquante (rue vieille du Temple) dans le Marais. L'hiver on y a chaud, l'été, avec un peu de chance et malgré la petitesse de la terrasse qui occupe juste le trottoir, on y prend l'air! C'est un des derniers bars traditionnels de ce quartier populaire devenu un quartier de magasins de fringues! Face à la rue en enfilade, le consommateur mate  les passants en goguette, quelques voitures s'y risquent encore, souvent de gros véhicules Uber, noirs, aux vitres teintées. Les passants déambulent, souvent cherchent leur route, flânent. Il me semble qu'il reste encore deux bars de ce type un peu plus haut dans le quartier, ceux dans lesquels j'aime entrer afin de boire un café au comptoir, le matin. Le Marais se momifiera davantage quand ils auront disparu, heureusement les autres quartiers de Paris ne manquent pas de zincs, il n'est pas rare d'y sentir encore les relents de tabac froid! 
Ailleurs ma foi, je fréquente moins, je n'en ai guère l'occasion, prendre un café ou boire une bière à la fraîche nécessite une ambiance particulière, un week-end en goguette ou une randonnée qui s'achève. 
Ces petits bars sont le sel de ma jeunesse, on y passait des heures à lire Libération, fumer des gauloises (beurk) sans filtre devant un café serré. J'ai le souvenir de salles sombres, façon fumoir, bruyantes tout en étant à l'atmosphère feutrée, elles nous protégeaient de la pluie, des regards, on se sentait grands, matures, libres! Bien mieux que les abris-bus ou les foyers de jeune qui ont alors commencé à fleurir afin de canaliser cette jeunesse post-soixante-huitarde qui faisait encore peur mais n'avait en réalité plus très envie de bagarrer. On entrait alors en pleine crise, le mot chômage est devenu un leitmotiv! On rêvait encore de Yvan Illitch, de révolutions mais bien moins.  
Chez moi, on allait au bar de l'Univers toujours ouvert aujourd'hui, rue de la gare, ou au Pélican en haut de la place de la Trémoille près de la porte Beucheresse (tout un programme non?). Le bar de l'Univers n'a pas vraiment changé, il s'est ouvert sur l'avenue, s'est doté d'une terrasse, il subit la concurrence de ses voisins mais rien de trop. Passant devant, j'ai eu le souvenir de A. me regardant, tous les deux assis face à face, au fond du bistrot, bien moins sombre aujourd'hui! En passant, je nous ai cherchés du regard, me penchant afin de scruter le fond, en vain, n'en croyant pas mes yeux, qu'après si longtemps, des lieux de ma jeunesse (folle forcément) puissent encore exister. 
J'ai eu quelques instants, un sentiment très fort d'avoir encore 16 ans et d'y chercher mon rendez-vous! Presque à suffoquer! 
Faut-il être bête!

1 commentaire:

  1. Personnellement, j'aurais plutôt mis le “beurk !” après Libération que derrière les gauloises…

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