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Bicyclette Le Globe, modèle touriste, 1914 entièrement restaurée! |
Redresser un cadre faussé coûte approximativement 3 à 5 francs en 1912 à la Manufacture française d’armes et de cycles de Saint-Etienne, de 8 à 12 francs pour remplacer un guidon, et de 3 à 10 francs pour un pignon. La manufacture s’engage également à réparer les marques étrangères.
En province, dans la Manche par exemple, lorsque l’on est modeste, en cas de coup dur pour son vélo, la solution est de s’adresser aux mécaniciens locaux, ou de faire les réparations soi-même.
D’après son carnet de comptes, Emile fait appel à un «professionnel ».
Prioult, mécanicien et distributeur de bicyclettes à Saint-Lô en a fait sa profession ou sa spécialité. En effet, ce métier de réparateurs de cycles émerge au début du siècle, afin de réparer des machines de plus en plus sophistiquées, remplaçant petit à petit les charrons ou les serruriers qui avaient l’habitude de redresser des pédales ou des cadres.
« Dévoiler une roue » c’est-à-dire redresser une jante voilée est un travail compliqué pour l’amateur, il est souvent nécessaire «après avoir démonté tous les rayons, de la faire repasser par les galets de la pièce à cintrer, ce qui nécessite du matériel particulier. Le charron se contente de la redresser sur le tas en la posant sur l’enclume et en la frappant au point voulu avec un maillet de bois». L’’opération s’avère risquée s'il s'agit de conserver la roue en bon état!
Le « mécanicien bicyclettes » ou « réparateur de vélos » se fait connaître dans les encarts publicitaires de la presse locale. L’organisation de courses ou le passage du tour de France permet de s’assurer une publicité et de faire reconnaître son professionnalisme. En 1911, en juillet lors du passage du tour de France à Coutances où se rend Emile, M.Danjou mécanicien, est chargé par le journal l’Auto de contrôler les cyclistes à leur passage au carrefour de Lessay.
Avec le développement de l’automobile, les garages, d’abord synonymes de parking, s’orientent vers le dépôt de carburant puis la réparation des cycles et des automobiles qui deviennent très vite prioritaires.
Les dépenses d’Emile pour son vélo sont importantes ce qui laisse supposer un usage fréquent.
- En 1910, 17,60 francs: pour un frein arrière 14 francs, un dévoilage de la roue arrière pour 1 francs, 2,60 pour un éclatement de pneus.
- En 1911, 20,20 francs: 2,50 francs pour une poignée et 1 franc pour le resserage du guidon, une chaîne à remplacer pour 4 francs, une selle d’occasion pour 4,50, le réglage de la direction et du pédalier pour 2 francs et le remplacement du moyeu avant pour 6,20. Le bilan de l’année est désastreux et justifie amplement qu’Emile revende son vélo et en achète un autre plus solide.
- De fait en 1912, à part quelques réglages de la roue arrière et du moyeu, il semble partir sur de bonnes bases avec son routier Le Globe, jusqu’à ce qu’il investisse dans un double tube Wolber pour 20 francs. Il s’agit d’un pneu fabriqué par l’usine Wolber, manufacture de caoutchouc et pneumatiques pour vélos, d’abord installée à Levallois-Perret puis à Vailly-sur-Aisne et en 1913 à Soissons. L’usine est longtemps leader du pneu de vélo (rachetée par Michelin en 1972 elle ferme définitivement en 1999 et licencie ses 451 salariés). Ces pneus performants remplacent ceux équipés en série sur la bécane d’Emile. Il s’agit véritablement d’un investissement pour un plus grand confort et plus de solidité.
Il n’hésite pas non plus à améliorer son vélo par l’achat de lanières pour les pédales ou de cale-pieds. Il entretient sa lanterne qui doit probablement fonctionner à l’acétylène.
Emile se réserve les petites réparations pour lesquelles il s’équipe: arrache-pneus, arrache-clous, burette d’huile «dissolution », pièces comme des clés diverses et autre nécessaire de réparation, le tout pouvant être rangé dans des sacs de cadre à plusieurs compartiments, un pour les outils, un pour le stockage des nécessaires de soins (gaze coton ) et le troisième pour des chaussettes et chemises de rechange. Emile opte pour un sac de guidon à 2,45 francs, plus petit et moins onéreux.
Chaque année Emile s’acquitte de la taxation sur son vélo, 3 francs.
La plaque est obligatoire ; la loi du 30 janvier 1907 établit les modalités de fixation. Elle se met sur le tube de direction, de manière à se présenter de face, sur le devant de la machine.
Ces plaques sont frappées à l’hôtel des monnaies et médailles et portent un poinçon spécial. On estime à 3% le nombre de cyclistes qui ne s’acquittent pas de la taxe. Celle-ci est abandonnée en 1959.
sources : Gallica, le journal de la Manche et de la Basse Normandie, Wikipédia, le blog de la maison Delys-Le Globe, la municipalité de Soissons pour les pneus Wolber.
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