J'aime les livres de Nicolas Werth, j'en apprécie le style simple et la rigueur historique. Dans son dernier ouvrage, il sacrifie à la mode de faire de l'histoire tout en rédigeant son journal de bord sur les traces des forçats du goulag.
Mode certes mais il ne brade pas la rigueur scientifique et n'y étale pas ses états d'âme. Il reste dans le récit de ce qu'il voit et le procédé me plaît. Il témoigne des lieux et son ouvrage constituera probablement une source.
Cet éminent spécialiste de l'URSS nous comble. Pour qui a lu ses précédents ouvrages dont l'île des cannibales, le récit de la Kolyma de Chalamov ou les livres d'Euguénia Guinzbourg, la route de la Kolyma témoigne de l'effacement des traces. Quelle mémoire aura-t-on de ces millions de prisonniers disparus au goulag? Quelle histoire peut-on en faire si tout disparaît sous la rigueur extrême du climat de la région, de la désespérance des descendants de zeks restés sur place sans pouvoir vivre décemment? La Kolyma aujourd'hui, à 9h de vol de Moscou, en Sibérie orientale, n'est plus rentable, ceux qui y vivent sont souvent sans moyen de la quitter.
Les villes sont abandonnées, les camps multiples, autrefois mobiles disparaissent, ne restent plus que la rouille ; cimetières et fosses communes ne sont pas répertoriés, les témoins meurent. Bientôt il n'y aura plus rien des victimes du stalinisme.
Les villes sont abandonnées, les camps multiples, autrefois mobiles disparaissent, ne restent plus que la rouille ; cimetières et fosses communes ne sont pas répertoriés, les témoins meurent. Bientôt il n'y aura plus rien des victimes du stalinisme.
Dans la mesure, précisément, où nous disposons des livres de Chalamov (œuvre littéraire admirable, que ses Récits de la Kolyma) et de Guinzbourg, plus quelques autres encore, à quoi point s'embarrasser de celui d'un historien français contemporain ?
RépondreSupprimerA quoi BON, et non à quoi point…
RépondreSupprimerManifestement, le propos de cette historien n'est pas le même. Et le récit d'un témoin n'est pas un travail d'historien, aussi lucide ou talentueux, qu'il puisse être tel Chalamov.
RépondreSupprimerVous n'avez pas tort, évidemment. Cela dit, si Evguenia Guinzbourg livre en effet un témoignage, il en va tout autrement de Chalamov, dont l'œuvre est d'un ordre tout autre. Mais, c'est vrai, il n'est nullement historien, et n'avait de toute façon pas la possibilité de l'être. Mais il y a tout de même L'Archipel du Goulag…
SupprimerEn dehors de ça, je me demande si votre Nicolas est de la famille de Léon Werth, dont le roman Clavel soldat est l'un des meilleurs que je connaisse sur la guerre de 14 vue par les soldats qui l'ont faite, et dont le journal d'Occupation (1940 – 1944), Déposition est également remarquable : les deux sont disponibles chez Viviane Hamy.
Il n'est pas fils de Léon, mais d'Alexander!
RépondreSupprimerJe vais m'intéresser à votre Léon Werth … Merci pour le renseignement.