mardi 15 décembre 2020

Les Roches du Diable.

La randonnée des Roches du Diable, lieu de légende de la bataille de Saint-Guénolé contre Lucifer, est une randonnée rurale, surtout l'hiver! 


Un village désert Locunolé, où l'on gare la voiture devant le monument aux morts,  des fermes dispersées, -Bodalec, Kerhuel, Grannec, Kerflatrès, Ty Danigou, Lonjou,- loin des grands axes bretons, des collines soulignées par des talus et des lambeaux de bois sur des sols granitiques qui surplombent les flots tumultueux de l'Ellé. La randonnée campagnarde dépayse! 


C'est une balade longue (18km), classée difficile, et très paysanne avec peu de routes goudronnées, beaucoup de chemins creux qui vont de moulins en fermes isolées. 

Après plusieurs jours de pluie, la terre est trempée, la gadoue règne en maître, aux abords des prés où sont conduites les vaches. Des centaines de sabots ont labouré les chemins, devenus quasi impraticables sans botte en caoutchouc. Il faut pourtant les traverser en prenant le risque de s'y enfoncer jusqu'aux chevilles.  L'astuce est de tenter une approche sur la crête de l'empreinte du sabot mais à ses risques et périls. Une fois sur deux, le pied ripe et s'enfonce profondément dans un jus épais et saumâtre de boue et de purin. La semelle "botte" comme à la neige mais la gangue de terre colle bien plus fort qu'un paquet de neige immaculée. La flotte pénètre la semelle et les mollets sont constellés de croutes terreuses, mâtinées de vert, voire de bouse de vache! 

Ce monde n'est pas vide, on a croisé un troupeau mené benoîtement par la fermière en blouse à carreaux sous un blouson anorak  beaucoup trop grand pour elle, au bleu improbable, terni par le soleil et le temps. Elle avançait en tête, au rythme des bêtes plus effrayées que nous et surtout très curieuses. C'est religieusement que nous nous sommes rangées sur le bas-côté en attendant que la procession termine, épatées de presque pouvoir les caresser sur le museau. Le fermier poussait aux fesses, les traînardes. La compagnie venait de quitter la stabulation pour de verts pâturages, on entendait pourtant le meuglement de celles qui n'iraient pas prendre l'air cette fois-ci. Dans un enclos particulier, quelques veaux tout propres pointaient vers nous un regard tout doux qu'on imagina suppliant. 
S'il n'y avait pas quelques pylônes à haute tension, d'immenses hangars, des engins de culture au repos le long des tas de paille en ensilage, des barbelés le long des chemins, on pourrait croire que rien n'a changé depuis des siècles. Mais immanquablement, la ferraille et le plastique nous rappellent la ville tout près (Quimperlé), le bruit et la fureur (comme je me la pète!). 
NB: Quimperlé est une aimable bourgade, un poil endormie qui vit au rythme de l'abattoir et des usines de fabrication d'aliments pour chien et chat. 

Croix de mission et murs moussus en granite des vieux bâtiments,  des "crèches à cochon", ponctuent toutefois la balade et font la joie des randonneurs. Le guide qu'il faut avoir afin de ne pas se perdre, les signale. 

Il manque la mer! Certes! A vol d'oiseaux elle est à 20km, mais on y est tranquille, voire perdu! L'hiver ou à l'automne, les gais randonneurs préfèrent le chemin des douaniers à la gadoue des chemins creux et leurs odeurs moussues de feuilles en putréfaction. 
Cependant l'expédition n'est pas sans danger puisque la campagne est  le paradis des chasseurs, autorisés à réguler la nature (qu'ils ont un peu aidée en nourrissant les sangliers afin qu'ils prolifèrent). Le lundi, ils sont bien présents sans vraiment se signaler, (panneaux "danger chasse en cours") armés jusqu'aux dents, maîtres des taillis et des fossés, franchement affolés qu'on puisse traverser leurs terrains de jeu alors qu'ils se pensaient peinards. Leur périmètre est toutefois restreint, ils sont bien une quinzaine à se marcher sur les pieds, à deux pas de leur voiture garée sur le bas côté des routes communales.
 
Novembre n'est pas le mois de l'épandage, coup de bol! Deux fois par an, la Bretagne sent la merde, le lisier que des machines dispersent sur les champs fraîchement labourés. 





Se garer place de l'église à Locunolé au nord de Quimperlé, balisage en jaune principalement et une partie GR 34E blanc et rouge le long de l'Ellé. 
Pour la légende, Saint-Guénolé, patron des occultistes,  est invoqué pour la quiétude des marins et la fertilité des femmes (trois en un): Quimperlé terre océane. 

1 commentaire:

  1. J'espère que tu as eu une pensée pour moi hein ? J'adore les Roches du Diable !! <3

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