mardi 29 janvier 2013

Les fonctionnaires.


Quand je pense aux fonctionnaires, je vois une armée de cafards, le dos rond, noirs comme du charbon, qui grouillent dans un couloir entre des cloisons sinistres. L'imagerie du XIXème siècle, née des livres de Balzac ou Zola, se mêlent aux caricatures plus récentes, aux lignes de Kafka, aux films où ils apparaissent parfois. 
Le fonctionnaire est un être haï par une partie de l'opinion publique, je ne sais dans quelle proportion mais qui n'a pas eu envie, au moins une fois dans sa vie, d'étrangler une guichetière bornée, maîtrisant à merveille le pouvoir dont elle dispose afin de vous envoyer paître, vous et vos certitudes, vos demandes urgentes pour lesquelles il s'agit de vie ou de mort?
J'ai l'honneur d'en être et de ne pas me renier! Plus de trente ans dans la fonction publique, je ne vais quand même pas cracher dans la soupe alors que je profite à plein du système ultra protégé dans lequel je vis. Je dirai même plus que j'en suis assez fière! 
Si l'on analyse notre motivation, elle est loin d'être cupide, que nenni, elle relève plutôt de la force intérieure, de la volonté propre, de la conscience professionnelle, et non point des quelques sous que l'on reçoit chaque mois. A cela il faut ajouter une certaine armure afin d'affronter toutes les critiques dont on nous assomme. En effet, nous serions responsables du déficit abyssal du budget de l'Etat, les salariés du privé payant les feignants qui regardent pousser l'herbe, le cul au chaud derrière leur bureau, dans leur salle de classe ou dans les allées du TGV Paris-Brest.
Je n'ai pas le sentiment de ne rien faire et plutôt celui de faire bien ce pourquoi je suis payée, du moins le mieux possible. Je pourrais, compte tenu de la sécurité de l'emploi, ne rien faire du tout, rien: être absente un jour sur deux, ou une matinée par ci par là, papoter en classe, ne pas faire d'évaluation, donner des photocopies de bouquins à apprendre, être en retard, finir tôt, bref, les possibilités que j'ai de coincer la bulle sont nombreuses. 
Il ne tient donc qu'à moi, à nous de travailler, et de cette volonté je suis très fière. 
Pas de carottes, pas de bâtons! Serions-nous les derniers feux d'un système utopique qui a fait long feu, justement?
En attendant, j'ai droit à une critique radicale tous les jours, je me demande même si je ne pourrais pas être collée contre un mur et passée par les armes? Bon, j'exagère comme toujours mais je vous assure il y a de quoi devenir parano!

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