Le temps est exceptionnel pour une virée à Belle-île, la bien nommée: goélands, cyprès, mer bleue, petites maisons de couleur, ce qui est la mode, probablement mais pas celle de la Bretagne plutôt habituée aux pignons blancs sur toits gris!
La première fois que je suis allée à Belle-île, ce fut avec mes parents. J’avais 10 ans probablement, l’âge où on leur fait totalement confiance, mais où cette confiance n’a pas besoin de grand chose pour vaciller! Nous sommes partis avec des amis de Vannes sur un tout petit rafiot de rien du tout, afin de profiter pleinement de la croisière, et vogue la galère!
Ben oui, galère, ce fut!
Ayant passé, l’entrée du golfe du Morbihan, le phare de Port-Navalo, la pleine mer nous a cueillis dans des vagues à faire peur, ma mère s’est mise à brailler comme un âne, mon frère également. J’étais malade à crever, nous avons vécu la traversée sous la pluie dans l’encoignure de la porte d'accès à la salle passagers puant le gasoil et le vomi, là où le vent et le grand frais calment les envies de gerber, ton repas et tes boyaux! Mon père stoïque tenait contre lui mon frère, blanc comme un linge. Ma mère pensait mourir, le disait haut et fort, reprochant à mon père cette idée stupide de vouloir vivre vers les îles une aventure exaltante! Il s’est avéré, comme elle l’avait prédit, que rien ne servait d’explorer d’autres terres puisque de toute façon on risquait notre peau! Une fois au sol, le miracle s’est produit, à peine le pied posé sur le plancher des vaches, le mal de mer a stoppé net comme il était venu! Le temps s’est levé, comme souvent en Bretagne. Dès le milieu de l’après midi, nous sommes revenus sur le continent avec un énorme navire par Quiberon, et il y a fort à parier que le taxi qui nous a ramenés à Vannes sains et saufs, a dû nous coûter un bras! Cette virée fut l’occasion de réaliser que les parents ne sont pas des dieux, peuvent être anxiogènes ; la virée à Belle-île constitue le même souvenir fondateur que la montée du clocher de Saint-Pol de Léon, expédition qui a flingué le dos de ma mère pour de longues années, qu’elle a ressassée maintes et maintes fois, reprochant à mon père l’ascension terrible!
Depuis, je n'y suis allée qu’une autre fois, faisant l’expérience du vélo, en bonne compagnie! Je me souviens m’être gavée d’huîtres comme jamais, le midi au pique-nique avant de rentrer sur Sauzon! Depuis, plus jamais, alors ce matin, Belle-île a un goût de revenez-y, sous le soleil, sur une mer d’huile mais par températures glaciales!
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