Laurent est en voyage en Lituanie, il nous raconte son
séjour.
Première nuit à Vilnius, aux marges de l'empire. Reste à savoir lequel. Demain, c'est la fête de l'indépendance lituanienne.
Un premier aperçu de la ville sous un triste ciel d'hiver de février, avec une neige en grande partie fondue. Les gens sont agréables. Nous sommes installés à l'hôtel, dans un espèce de cube occidental posé au milieu d'une ville encore en grande partie dans son jus du passé soviétique. Nous avons déjeuné dans un restaurant arménien old school, qui rappelle que l'URSS se faisait gloire des nationalités. Pour ma part, j'ai dégusté une excellente truite grillée, accompagnée de riz et d'épices, (met définitivement impossible à trouver à Angers) sur une musique d'Erevan. Michaël m'impressionne, il passe les commandes en lituanien. Il est compris et il comprend ce qu'on lui répond ! A la gare, aussi une maquette du système ferroviaire, qui montre que la Lituanie n'est qu'un petit bout de territoire coincé entre la Lettonie, La Russie, la Biélorussie, la Pologne et l'enclave russe de l'ancienne Kaliningrad. En dehors, de l'axe Vilnius, Kaunas et de Kleipeda, on ne peut pas bouger beaucoup sans se retrouver chez le voisin, ami ou hostile !
Deuxième jour à Vilnius.
Vers midi, nous avons déjeuné dans un restaurant trouvé par hasard et qui s'est avéré fréquenté et tenu par des Français. J'ai commandé une soupe de poulet façon thaï et à nouveau une truite. Le tout était excellent. Et, la truite n'avait rien à voir avec celle grillée à l'arménienne. Ici pas de sauce ou d'épices pour corser le plat, j'ai retrouvé le parfum des truites de mon enfance, c'est-à-dire un vague goût de rivière : le chef de "La moutarde" sait choisir ses produits. Et, la tarte tatin était aussi unique, je n'en ai vue nulle part de pareille et d'aussi savoureuse. Deux menus : 42 euros y compris les bières et les cafés, je dis ça, je dis rien.
Ensuite, nous avons, à nouveau, affronté le froid sous le soleil. Notre promenade nous a fait découvrir le palais des ducs de Lituanie, de style assez prussien ou polonais, bref un style de l'Est! Les rues et certaines voitures sont ornées du drapeau lituanien pour la fête de l'indépendance. Jaune pour les blés dorés, vert pour les champs et rouge pour le sang versé pour la Lituanie. Nous sommes arrivés ensuite devant la cathédrale et son beffroi, qui donne au tout, un air de Florence et ici, j'ai eu un grand moment d'émotion. Une chorale emmitouflée dans des doudounes blanches s'est mise à chanter l'hymne national, tandis qu'une foule a déboulé quasiment en cortège à travers la place, venant d'un point A et allant vers un point B dont j'ignore tout. Certains avaient le drapeau à la main - une femme avec un bonnet tricoté vert en forme de colline, surmonté d'une tour et du drapeau, qui correspondent à la tour de Gedeminas en haut de la colline (gedeminnio pilies bakstas). Le soleil, le bleu du ciel, le calme de ces gens m'auraient tiré une larme. On voyait le peuple qui avait fait une farandole à travers les pays baltes afin d'obtenir pacifiquement son indépendance.
Finalement nous avons suivi la foule à travers l'avenue Gedeminas, où des amas de bois réguliers présagent des feux de joies pour ce soir.
Nous sommes rentrés à l'hôtel en faisant un léger détour pour chercher la synagogue. C'est un puissant édifice de 1903, qui domine un quartier de son dôme. Le fronton de la façade est surmonté des tables de la loi. Une pancarte informe que Vilnius était surnommé la Jérusalem du Nord et possédait plus de cent synagogues. Il n'en reste qu'une. Et, la pancarte ne fait pas d'autres commentaires. L'édifice est fermé par des chaînes.
Ce soir, nous allons au gala du philharmonique. Nous avons réussi à acheter deux billets à un homme qui voulait les revendre. La présidente Dalia Grybauskaite (née en 1956, tout un symbole) sera là. On se souviendra que le premier président la Lituanie, Lansbergis, était un musicien de cette philharmonie.
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