mardi 5 mai 2015

Gadins!

Il est coutume de prendre de sévères gadins en courant sur le chemin côtier: racines, lapins, chiens, inattentions, rêveries diverses. 



Nous avons une vie aventureuse. Les chemins côtiers sont semés d'embûches en tout genre, mares de boues, mares de flotte, racines traîtresses qui affleurent la terre battue, crottes de chien, chiens, animaux sauvages et oiseaux rares.  Ainsi un dimanche matin que nous courrions benoîtement, le chien encore vert de notre copine, chien de compagnie, un golden retriever, fut pris d'une folie  chasseresse, instinct probablement inscrit dans ses gênes qui, alors, semblaient totalement annihilés par des années de croquettes en sachet (Ces chiens d'origine britannique sont des rapporteurs de volaille). Voilà t'y pas que la bête totalement cinglée débusque une bestiole sauvage, des ajoncs qui bordent le sentier. Cette dernière, habituée à vivre peinarde, complètement affolée, fait brusquement demi tour sur l'étroit chemin et fonce comme un dératé vers une improbable sortie de secours. Ma copine qui n'avait rien demandé à personne se prend alors un  coup de lapin (boule de fourrure compacte, lancée à pleine vitesse, les oreilles rabattues, le corps crispé martelant le sol comme un buldozer) dans le tibia qui lui laisse durablement un bleu et une douleur persistante pendant un bon mois. Ce matin, elle s'en souvenait encore avec nostalgie, ce sont certes des expériences inoubliables qu'on ne peut connaître sur les bords de Seine ou dans les rues toutes cracra du marais au petit matin. Se "prendre un coup de lapin dans le devant de la jambe", au sens propre, quelle aventure exaltante et à nulle autre pareille (j'aime bien l'expression).
Les gadins sont une autre expérience douloureuse habituelle chez les joggeurs.
J'ai une fois décoré mon genou comme quand j'étais petite, explosant le caleçon super douillet que j'utilise l'hiver. La plaie ( le bobo, gnagna...) a mis des semaines à guérir collant au pyjama pendant la nuit. J'ai des souvenirs pénibles du maudit tissu que ma mère, le première fois, a arraché d'un coup sec en bonne sadique qu'elle était.
Ce matin, c'est à deux que nous sommes tombées, la copine à côté de qui je courrais effectuant un vol plané, suivi d'une glissade du plus bel effet, m'entraînant par un savant croche-pied sur elle. Ses seins tels deux airbags ont largement amorti la chute. En tombant comme au ralenti, je l'imaginais le nez explosé, les dents arrachées et pétées, sans compter un genou ou les deux, bousillés. Rien au final, deux écorchures aux poignets, les seins maculés de boue, et moi rien non plus, son corps ayant servi de matelas! 
Ouf! 
C'était pourtant la journée, deux autres ont ensuite failli s'affaler ....
Le gris du ciel nous a dissuadées de prendre un bain, le seul mâle dominant a osé s'immerger dans une flotte à 12° mais ça n'a pas fait fondre son gras du bide.
Courir sur le littoral constitue une aventure unique, que je vous recommande tant le paysage resplendit et encore plus lorsque le vent est à décorner les boeufs, la houle puissante, l'écume toute blanche en crête sur le bleu des vagues! En bref, le bonheur! 

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