samedi 5 décembre 2015

Une bien belle!

Quand l'élève laisse exploser ses compétences et capacités artistiques! 


C'est avec un saut en arrière et un petit oups que Denise a préféré s'asseoir à la table de troisième rang plutôt que celle du deuxième! 
"Quoi? que se passe-t-il?" ai-je demandé surprise.
Du menton, elle a désigné le plateau qui affichait un superbe graffiti.
"Elle ne va pas vous manger!" ai-je argumenté, tandis que Georges commentait "C'est une bien belle bite!
Assurément, on avait affaire à un artiste, un obsessionnel, ayant passé son heure de cours sous les yeux de son professeur aveugle, à styliser l'engin: des petits triangles patiemment dessinés pour un effet boeuf! Coup de bol, me suis-je dit, il n'a pas sculpté le plateau, juste occupé son temps sur un support classique de potache. 
Le bougre n'en est pas à son premier coup d'essai. La classe, histoire des arts oblige, est tapissée d'affiches d'expositions où l'artiste a mis sa patte: ici un ange doté d'un braquemart fièrement dressé, là, une jeune oie blanche menacée par un homme en rut. Le dessinateur y a mis son grain de sel subtilement, de manière non ostentatoire mais éloquente, en fin connaisseur du tableau représenté,  il faut s'approcher afin de discerner l'obsession. Le petit jeune homme (je ne doute pas qu'il s'agisse d'un mâle en devenir) sait analyser, ajouter ce qui manque, personnaliser, en finesse, une peinture avec toute la fraîcheur qui convient à ses pulsions juvéniles. Je dois avouer que si mon collègue Y. ne m'avait pas montré les premières oeuvres, si discrètes, je n'aurais rien vu de l'année, je ne passe pas mon temps à mater les posters en tournant autour de la classe.  Etre un habitué des musées des Beaux arts permet de détecter le sacrilège au premier coup d'oeil! Y. pointait  d'un index rageur, mi goguenard mi scandalisé, les graffitis qui gâchaient ses affiches! "Mais ce n'est pas tout, regarde, là et là": sur chaque étiquette qui accompagne les prises électriques d'une rampe qui fait le tour de la salle à hauteur des yeux d'un élève assis, notre dessinateur y avait dressé un sexe, toujours le même au stylo bic bleu! L'affaire avait, en début d'année, fait grand bruit puisque notre proviseur s'était fendu d'un mail appelant à la vigilance (depuis nous sommes passés à la vigilance pirate et aux exercices de confinement). 

Des dégradations ont d'ores et déjà été constatées dans la salle 101:
- Dessins sur les tables, sur les posters
- Etiquettes de prises dégradées
Je vous remercie de faire preuve de vigilance pour que ces dégradations cessent. Vous voudrez bien nous signaler tout élève surpris à dégrader afin que nous puissions prendre les mesures qui s'imposent.
Je vous remercie d'avance pour votre implication.

Je ne suis pas certaine que les utilisateurs de la salle 101 se soient fortement impliqués. L'artiste facétieux a cessé toute atteinte au mobilier scolaire tout neuf. Les affiches n'ont pas été retirées et l'amoureux de la bite artistique est resté inconnu.
Lundi après-midi, en découvrant l'engin, je me suis dit que le bougre avait changé de braquet, il espérait la reconnaissance à travers la sanction. 
Paradoxalement, la semaine a passé sans scandale, ni mail furieux signalant le tag, appelant à la dénonciation, jusqu'à vendredi en salle de profs où quelques collègues s'interrogeaient sur l'origine du dessin! Il s'agissait de cerner précisément l'heure probable du sacrilège, la vie scolaire qui n'a rien à branler la plupart du temps (rires) menait l'enquête et attendait les détails, l'affaire prend enfin de l'ampleur, l'occasion, de bon matin, d'évoquer les fantasmes des uns et des autres entre courageux prêts à dégainer dès 8h. 
A suivre!

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