Andrée, je te connaissais depuis si
longtemps!
L’impression que tu es dans ce lycée
depuis autant de temps que moi et, nous, les quelques uns, bientôt futurs
retraités, les vieux de la vieille.
Je m’étais imaginée faire ton
discours d’adieu à la vie professionnelle, mais jamais à celui de ta mort,
brutale et injuste, forcément!
Andrée, tu vas nous manquer!
J’aimais te suivre, entrant au lycée, marchant de ta démarche si particulière, que tu gardais, refusant l’opération pour continuer à monter tes chers chevaux!
Je finissais toujours par te
rejoindre, nous évoquions alors mes enfants que tu as eus en classe et qui
conservent de toi un souvenir marquant.
Aujourd’hui, ils pensent bien à toi et à ton époux qu’ils ont également
connu et dont nous sommes aujourd’hui les compagnons d’infortune et de chagrin.
Tu fais partie de ces professeurs
qu’on n’oublie jamais, parce que tu as marqué les élèves d’une façon ou d’une
autre, ceux qui aimaient tes cours, ton franc-parler, tes colères, et ceux qui
ne les aimaient pas!
Nous conserverons de toi
-
ton écriture si particulière lorsque tu es
passée de la main droite à la main gauche
-
tes souvenirs du Maroc dont tu gardais les
expressions,
-
l’arabe que tu parlais (extrait non
garanti) : tatouine, Tchilouké, béboune, Inch Allah, les boudjatines
-
ton déhanchement,
-
ton sourire
-
ton franc-parler dont je vous livre juste un
extrait de 2008 répertorié par Charles aujourd’hui médecin: crétins des Alpes,
bachibouzouk, crétinus, ce bantou, abomination abominable, papous, hérétiques,
pignouf, gnagnagna les bilous, « si c’est un blabla qui n’est pas un
blabla c’est plus grave », « si je te dis que c’est mieux, c’est que
c’est mieux, arrête de contredire ton prof toi » … jolis mots doux à l’adresse de nos élèves
que nous ne nous autorisons plus aujourd’hui mais qui marquaient l’empathie et le souci d’eux que tu avais.
-
ton rire, tes exclamations, ton ton bougon, tes
râleries, tes envies.
-
tes remarques
goguenardes ou offusquées en conseil de classe,
- ton plaisir le jour des résultats du bac
lorsque, tout fiers, ils venaient te montrer les bonnes notes obtenues, sans
rancune parce que tu les avais parfois un peu secoués!
-
le contentement que tu avais de savoir nos
élèves heureux et ayant réussi.
De ta vie personnelle nous ne savions
pas grand chose sinon l’attention pour ton époux et cet amour exclusif et
intense que tu portais à tes chevaux.
Monte bien aujourd’hui ceux du ciel si tant est qu’ils existent,
mais comme tu aimais à le dire, « dieu n’existe pas vous savez
bien »
Au nom de tous mes camarades et
collègues, nous te faisons un adieu très particulier.
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