jeudi 28 février 2013

Combourg


Combourg est la terre de mes ancêtres du côté maternel. Ma mère et sa soeur sont les premières à être nées ailleurs que dans cette petite ville rurale, leurs parents ont migré d'une quarantaine de kilomètres plus à l'ouest, ils font partie probablement de la première génération à avoir quitté la terre qui jusqu'alors les avait tous nourris. J'ai la certitude que depuis plus de 250 ans, ils labouraient le même lopin, mais la guerre 14-18 est passée par là ainsi que la seconde révolution industrielle et le monde de la chimie. Je ne sais pas si mon grand-père est devenu préparateur en pharmacie car il avait été infirmier pendant la grande guerre ou si il avait déjà ces compétences avant le conflit!

Depuis, Combourg n'est plus rien pour moi, la famille s'étant rétrécie comme peau de chagrin, les liens s'étant très vite distendus faute de moyen de transport rapide et, probablement aussi, d'envie de revoir les uns et les autres. Il existe dans le bourg, dans les écoles ou le bottin,  les patronymes de ceux qui sont restés, compte tenu des fratries alors très nombreuses. En cherchant bien, je trouverai des cousins à la mode de Bretagne, on pourrait probablement organiser une  cousinade autour de la galette saucisse en parlant gallo, ce pâtois dont il me reste quelques mots, une berouette, tu es benèse, tantôt et... Je comprends à peu près les Tintins en gallo. 

Je ne sais pas vraiment ce que recouvre le métier d'agriculteur ou de cultivateur, j'ai toujours entendu dire qu'il correspondait à ouvrier agricole, plus probablement métayer, ce qui était pour le moins le plus bas dans l'échelle sociale qu'on puisse trouver en campagne.  Rien ne transparait dans les registres de ce qu'a pu être leur quotidien. Pour mes grands-parents, préparateur en pharmacie et repasseuse, c'était probablement un échelon social supérieur,  toujours est-il que, louant un meublé de deux pièces,  toute leur vie, j'ai toujours eu l'impression qu'ils étaient très pauvres. Leur seule richesse fut de donner une éducation à leurs filles, à l'école publique. Elles ont obtenu leur bac, tremplin vers un métier qui les rendait indépendante (ce qui dans la réalité est probablement une autre paire de manche) et les hissait au dessus du monde ouvrier et paysan, vers le milieu intellectuel. Dotées (j'emploie le terme en conscience) d'un baccalauréat, sésame incontestable d'une réelle réussite scolaire (ce qui n'empêche qu'aujourd'hui je milite pour sa suppression), toute leur vie, elles ont travaillé et probablement contribué à ce que nous sommes aujourd'hui . 

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