Le nord du Poitou offre au regard des étendues immenses de champs de colza brûlés par la neige, les fossés encore remplis par les congères, des températures qui donnent des engelures et surtout un ciel gris, qui pèse lourdement sur un bâti en déshérence. Les arbres dénudés, noyers à l'ample ramure, qui offrent leur l'ombre bienfaisante l'été aux pesantes chaleurs, ne suffisent plus à égayer des paysages tristes et blancs à perte de vue.
La pierre blanche des fermes n'est plus, le gris verdâtre qui suinte l'humidité, grimpe le plus souvent jusqu'aux toits de tuiles couverts de lichen. Une maison sur deux ou presque est à vendre, les boutiques ont fermé mais les pharmacies se portent bien.
Les pépés à casquettes, la clope vissée au bec, le ventre proéminent, longent les vitrines délaissées. Les mémés ont d'improbables manteaux en schmelpoff, ceinturés à la taille, des bottines à petits talons et fourrures en collerette et des bonnets-bérets en laine tricotée, couleur jaune et vert façon feuilles mortes. C'est la France profonde et paisible.
Le seul restaurant correct du gros bourg fait le plein à midi pour une bonne quarantaine de couverts. Il y a fort à parier que ce n'est pas pour la salade frisée que le chef met en décor sur chaque plat, que les clients affluent mais pour la quantité! Y a pas, on en a pour notre argent, dans un cadre façon "vieille demeure bourgeoise" à haut plafond et poutres claires, apparentes. Touriste, si tu t'arrêtes à Loudun, je te conseille le Ricardeau, une valeur sure dans la région.
Je recommande aussi la visite de l'église et la rencontre avec son bedeau qui ne s'est jamais remis d'avoir joué deux mois avec Alice Sapritch dans Marie Besnard. Il nous en fait le récit avec forces détails. Il a gardé de cette époque la teinture impeccable noir jais et le fond de teint discret qui fait qu'on ne lui donne pas d'âge!
Il veille aux grains de la messe ("du service avec les abbés et l'évêque", sic) et de l'intégrité du bâtiment qui a grandement souffert avec les fortes gelées de ces derniers jours. Ce n'était pas de l'eau bénite qui tombait du toit mais de la neige fondue.
Demain la suite de mes aventures dans la diagonale du vide, le désert français ... enfin pas si désert.
Demain la suite de mes aventures dans la diagonale du vide, le désert français ... enfin pas si désert.
Nos campagnes se meurent? Y'a qu'à faire comme en Allemagne! Ils ont sûrement trouvé la solution à ça aussi.
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