A Coutances il y a une cathédrale que les
Américains ont épargnée pendant la guerre. Elle sonne les messes, tous les
jours (mâtine et vêpres) s’en donne à cœur joie le dimanche et carillonne pour
les enterrements. Aujourd’hui, c’est le deuxième de la journée dans la quiétude
estivale et étouffante de l’après midi. Chez nous, en Bretagne sud, nous
n’entendons plus les cloches, elles se sont tues depuis une bonne décennie,
d’ailleurs il n’y a plus de curé, et la plupart du temps les cultes sont dits
par des laïcs notamment des femmes.
Mais ce n’est pas mon propos, je
voulais vous parler de Blainville, et notamment de la cale sur la commune du
même nom. Ce matin j’y suis allée courir au départ du Passous, jour de marché,
et me suis aventurée à l’entrée de la passe. Cette dernière était ridicule il y
a quelques années mais la dernière tempête a balayé la dune emportant un des
restaurants, les maisonnettes ou plutôt cabanons qui fièrement affrontaient
depuis plusieurs décennies, les embruns. Il y en a un prochainement sur la
liste, récemment acheté par un parisien envers et contre tous les
avertissements, un bout de pointe suspendue au dessus du sable à peine maintenu
par les oyats.
Certains soirs, nous allons dîner
à la cale. Le patron, Rémi, a adopté le système danois, on fait sa commande
soi-même sur un papier et on va chercher l’essentiel au comptoir, le vin et le
pain. Il lui reste à perfectionner le service des plats en investissant dans
des petits boîtiers que les convives verraient biper afin d’aller chercher, les
huîtres, les moules, les bulots (excellents) les praires farcies, la saucisse purée (naturelle) et la
tourgoule, dessert genre bouillie à la cannelle très recherché pour son côté
Madeleine de Proust je présume. La cantine n’est pas donnée (71 euros avec le
vin pour deux …ça fait cher la saucisse purée) mais le site est remarquable et
magique, l’ambiance granguignolesque et festive lorsqu’un petit jeune se met au
piano parfois accompagné d’un saxo ou d’une clarinette. Le patron beugle les
numéros de table afin de livrer la marchandise, parfois les serveurs s’y
mettent aussi, il a bien essayé de mettre un plan de salle mais les clients
n’en font qu’à leur tête et choisissent le galet au numéro qui leur plaît.
La mer est belle, chaude, elle
monte vite et redescend aussi vite entraînant avec elle le ballet des
tracteurs. La région est ostréicole et conchylicole. Elle n’a rien à envier à
la Bretagne, les huîtres sont charnues comme je les aime. Il n’y a que là que les bulots sont parfaits !
Les vacances, quoi !
* Le point bleu, c'est moi sur la photo ..La carte présente l'espace à marée haute, il faut imaginer qu'il n'y a plus d'eau puisque la mer se retire très très loin, les marnages sont immenses.
** Pour ce qui est d'être au bord de la mer, c'est le moins qu'on puisse dire!
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