Souvent, le dimanche matin, je vais nager à la piscine de Fouesnant.
Dimanche 13 décembre, café au Nautile. |
Les Balnéïdes, plus de 20 ans au compteur probablement, sont lumineuses car très ensoleillées. Ce matin là, j'étais seule en ligne d'eau. J'ai nagé longtemps, le crawl sans m'arrêter, goûtant au plaisir extraordinaire de sentir l'eau baigner mon visage et mon corps. Une sensation de douceur prégnante, réfléchir au contact, fluidité, enveloppement.
Confiance, apaisement. Joie de vivre à goûter un étonnant sentiment de liberté et de légèreté.
Répétition du même geste, tendre le bras, ramener l'eau vers soi avec de larges plaquettes faites pour des paluches de mec, les jambes immobiles qu'un pulboy maintiennent inactives. Longtemps, du bonheur de la répétition, du geste machinal et pourtant étudié afin de ne pas avoir mal, de ménager ce point dans le biceps que ma chute a laissé depuis la Toussaint et qui me rappelle mon saut!
Terminer sur une longue planche totalement immergée sauf le visage, nez, bouche, yeux... se laisser dériver les bras et les jambes en croix! Perdre le sens, sursauter en touchant le mur, s'oublier en écoutant la perte d'orientation.
Se dire que la vie est trop courte pour se l'empoisonner.
Plénitude toute simple après avoir vidé la tête en se concentrant sur le souffle, vider ses poumons.
Il y a souvent le père d'une de mes anciennes élèves, hyper baraqué, déterminé, qui vient avec ses prototypes en seconde peau et mousses, qu'il enfile sur ses jambes paralysées à l'issu d'un bête accident de ski (les accidents sont souvent bêtes). Il nage sans s'arrêter, longtemps, tuba et masque. Je suis épatée de tant de vigueur et de constance, il me met facilement plus de 100m dans la vue, perfectionnant son geste au crawl. Dommage qu'il ait une haleine de fennec pourrie par la clope, celle qui ne l'empêche nullement à la performance sportive.
Et parfois, perdue dans la ligne d'eau des stakhanovistes du crawl, des performeurs, venus comme moi, bouffer du carrelage, infiniment, une femme, nageant péniblement la brasse, la tête hors de l'eau afin de ne pas mouiller ses cheveux permanentés, respirant par le nez, les lèvres pincées pour ne pas boire la tasse, paniquée à notre passage, râlant parfois! Mais Dieu, que vient-elle faire là? Il n'y a rien de pire que de filer droit, dans un geste fluide et de sentir le brassage d'une égarée qui persiste à rester alors que partout ailleurs il y a boulevard sans bouchon. Dans les piscines de ville, les surveillants prennent le soin d'indiquer par des panneaux à qui sont réservées les lignes afin que personne ne se noie de trouille.
Ce dimanche matin, c'était juste parfait, il n'y avait pas un chat !
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