L'école normale, l'école maternelle, deux expressions qui aujourd'hui m'interpellent!
D'où viennent-elles?
Qui a eu l'idée d'appeler ainsi une école professionnelle pour les hussards noirs de la République? Il y avait l'école normale supérieure qui existe toujours, réceptacle de l'élite de la nation et l'école normale primaire, (inférieure) dont le prestige se perd avant la guerre.
Dans les années 70, il ne restait plus dans les chefs lieux des départements, qu'une école normale, la moins dégradée et la moins vétuste. Chez moi, on avait conservé celle des filles, un espèce de grand bâtiment du début 20ème siècle, froid, aux murs peints en vert clair façon cuisine, aux fenêtres immenses et grises qui ouvraient sur un jardin avec parterre cerné de buis (un jardin de curé!!). A l'arrière, une immense cour et un vieux gymnase.
On en entrait à l'école normale après le bac comme on entre en religion, dans les petites villes sans université, cela signifiait quitter les copains-copines qui allaient, eux, s'éclater à Angers, Rennes ou Nantes. L'école comptait deux promos mixtes de 40 élèves, 20 filles et 20 garçons, les premières ayant eu 20 en dictée en 3ème, les seconds n'étant qu'une poignée à avoir atteint cette excellence.
On s'y emmerdait ferme avec des professeurs chenus qui ne nourrissaient pas vraiment ces futurs maîtres et maîtresses de 18 ans que nous étions, plongés très jeunes dans la vie professionnelle. Ils avaient vécu peinards, 30 ans à enseigner ce qu'ils ne savaient pas faire eux-mêmes devant des élèves. Leur ignorance suintait de l'ennui qui émanait de leur enseignement. La pire était une grosse prof de gym (l'appellation à l'époque ne faisait pas sauter en l'air les professionnels de l'effort physique) rousse, feignasse qui tirait à longueur de temps sur de longues clopes mentholées et dont le plaisir était de nous voir courir sur un terrain en nous foutant des baffes dans un vieux jeu collectif moyen-âgeux qu'elle avait remis à l'ordre du jour, la goule .... (ou quelque chose du genre). Je la haïssais moi qui me sentais nulle, je refusais de participer.
On allait en stage chez de vieux instituteurs, mentors, qui transmettaient leur savoir-faire, pratiques dont j'ai honte aujourd'hui, mais c'était la norme!
Le pire était pour moi de se retrouver à l'école maternelle, autre dénomination étonnante pour un métier pour lequel je n'étais absolument pas formée. Torcher à longueur de temps, une trentaine de bébés d'à peine trois ans .... à 18 ans, non merci, déprime garantie!
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