lundi 3 septembre 2012

Les cochons d'Inde


Quand j'étais institutrice, j'élevais un couple de cochons d'Inde. Les pédagogues, alors encore inspirés par la méthode Freinet (mais à la marge)  en conseillaient l'élevage afin de donner le goût de l'écriture et de la lecture, d'étudier leur mode de vie, leur alimentation et la reproduction.
Ainsi, mes élèves de cours préparatoire écrivaient le journal de bord de ces animaux familiers dont on prenait, tous les matins,  des nouvelles. Je suppose qu'aujourd'hui, c'est interdit.
C'est moi qui les gardais pendant les vacances scolaires.
En regardant, Fourchettes et sac à dos sur la 5 dont je suis fan, je me suis souvenue des nombreux élevages que je pratiquais alors, mais c'est pourtant, sans état d'âme, que j'ai assisté, à la télévision,  à la préparation du plat national péruvien, le cochon d'Inde grillé.  D'un grand crac énergique, l'éleveur  tort le cou d'une bestiole grasse comme un loukoum, la rase comme un cochon, la farcit d'herbes et  la grille en brochette sur le feu ... Julie, gentille présentatrice toute douce (elle a trouvé un chouette filon),  fait sa vierge effarouchée tandis que le caméraman nous épargne plus ou moins la torsade rapide et efficace de l'éleveur (on entend le bruit brusque et sec des os qui craquent), elle s'offusque assez vite mais  ne s'en régale pas moins.

Mes cochons d'Inde se baladaient en liberté dans l'appartement, cependant,  la plupart du temps je les laissais dans une caisse en bois. Je me suis lassée car le dernier, magnifique angora blanc,  avait ses crottes qui lui collaient au cul, le long des poils, et je devais le passer à la douche ... J'ai donc fait ensuite dans le  hamster moins facile à dresser, mais  un peu plus propre (le hamster urine toujours dans le même coin).
Un été,  j'ai lâché ma première  bestiole sur la terrasse, elle a fini par élire domicile dans un pot de fleur, garni de tout ce qu'on avait pu lui donner à manger. Elle y avait creusé une longue galerie, on ne la voyait plus le jour, on l'entendait la nuit. Un matin je l'ai retrouvée paralysée de l'arrière-train, je n'ai jamais vraiment compris ce qui avait pu lui arriver.
Je finissais toujours par les donner à des élèves intéressés et l'année suivante j'investissais dans un nouveau spécimen, plus blond, ou plus brun, ou à poils plus longs (quoique un peu échaudée par l'expérience des crottes collées au poil ...). Je les ai toujours lâchés afin qu'ils puissent connaître la vie exaltée et sauvage (de l'appartement) jusqu'au jour où, un a disparu  dans un trou du plancher ...Je ne l'ai jamais revu. Je l'imaginais la nuit, vivant une nuit folle d'expériences sauvages et exaltantes ou revenant, en douce, pour se venger de l'avoir négligé.

J'ai ensuite cédé aux désirs des enfants, désirs vite assouvis, puisque ils oubliaient rapidement de s'en occuper et je devais  assurer l'intendance.
Pour leur faire plaisir, j'ai  quand même entrepris un élevage de hamsters, on a eu 11 bébés qui ont choppé une maladie qui leur faisait perdre leurs poils: une horreur, les bestioles grouillaient, tout nus,  dans une cage dégueulasse car je n'osais plus y toucher de peur d'être contaminée. J'ai fini par tout porter chez le véto qui a dû les piquer, du moins j'espère. J'imaginais les deux gros doigts boudinés du spécialiste, les saisissant par la peau lisse et les piquant un à un ... j'ai fini par me dire qu'il avait dû s'y prendre d'une manière plus économique afin de les liquider ...
Lors de cette expérience mémorable, j'avais  séparé les couples afin de mettre le holà sur les nuits de fornication, j'ai mis malheureusement deux mâles ensemble (ne sachant pas identifier les femelles), au matin, le fils avait tué le père, sans doute est-ce dans l'ordre de la nature.
Je ne regrette pas ces expériences  puisque mes enfants, à 20 ans sont guéris à jamais de toute velléité d'élevage... Ce qui n'est pas le cas du fils de mes amis à qui j'avais, à l'époque, proposé un couple de hamsters afin de satisfaire l'héritier qui  réclamait à corps et à cris d'avoir lui aussi des bébés animaux.
Parents réfléchissez bien avant de refuser! 
Afin d'assouvir sa passion, puisque frustré à 9 ans, il  a acheté des rats de luxe (payés un bras) qu'il élevait dans son studio parisien, la cage (de luxe elle aussi) occupant la moitié de sa salle de bain (les rats vivent la nuit), posée entre la douche et le WC, collée au lavabo....
Aujourd'hui, appelé vers de nouveaux horizons étrangers, les rats sont chez les parents qui s'étaient pourtant jurés de ne jamais les accueillir ... Mais, c'était soi les prendre, soit les lâcher dans les égoûts de Paris où ils n'auraient pas survécu plus de 24h..
Vous pensez  des rats de luxe habitués à péter dans la soie!

3 commentaires:

  1. Et au Pérou, et dans les autres as andins, les cochons d'Inde s'appelent "cuy" (cuyes au pluriel), ce qui est fort amusant. J'ai tout un bouquin sur l'élevage des cuy, qui s'appele "cuy, alimento popular", qui inclut non seulement tout un tas de conseils pour l'élevage et la reproduction, mais aussi de savoureuses recettes dont "cuy en fricassée" qui semble des plus gouleyantes. Prévoir 2 cuyes par personne.

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  2. vous il faut vous interdire d avoir des animaux, le cochon d inde paralysé c est dû à une carence en vitamine C, et les autres animaux ont tous mal finis, vous êtes contente de raconter ça, ce ne sont pas des jouets !!! achetez vous des peluches ainsi qu à vos enfants irresponsables la prochaine fois!

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    1. Toutes les bestioles sont mortes de leur belle mort ! Pas de soucis ....

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