Depuis deux mille ans la foire Sainte-Croix s'installe sur la "Grand'Lande" de Lessay, chère à l'écrivain et poète normand Louis Beuve. Ayant raté la foire aux équidés (chevaux, poneys, ânes), le vendredi, je me réjouissais de voir, samedi, la foire aux bovins, ovins et caprins.
Après un footing urbain, (les premières vingts minutes étant le pire footing question paysage fait depuis 17 ans), nous sommes partis plein d'entrain vers la foire de Lessay. L'évènement s'annonçait dantesque puisque la route qui mène au bourg et qui est aussi celle de Cherbourg ne pouvait être empruntée que par les afficionados des bestiaux.
C'est sans problème que nous avons trouvé une place de parking entre un immense camp de manouches et le foirail, dans un vaste champ aux bouses de vaches encore fraîches, signe annonciateur, selon moi, d'un évènement de qualité.
J'allais enfin pouvoir toucher au plus près de l'arrière train, vivre en direct les comices agricoles des bouquins de Balzac ou de Maupassant. J'imaginais les maquignons en blouse, la casquette ou le chapeau vissés sur la tête, appuyés sur une canne ou un bâton, je rêvais de les voir peloter le cul des vaches, flatter les croupes, tailler le bout de gras et se taper, à la volée, des grandes claques dans le dos. Je voulais sentir le crottin, la bouse et les volailles.
Las.... j'ai bien vu quelques étables, trois ou quatre percherons, des moutons, des ânes et des brebis, mais j'ai dû chercher ...
La foire de Lessay, c'est un vaste déballage de merdasses en plastique made in China, de pulls en schmelpoff, de sacs en imitation cuir, de baraques à saucisses frites tous les 500 m qui fument et empestent, de bonimenteurs décrépis tellement habitués à bonimenter que leur micro semble greffé à leur cou, de buvettes qui distribuent la bière ou des gorgeons de rouge.
A se demander si le paysan y trouve son compte.
Entre un foirail à pleurer, car ridiculement petit, (la dizaine de chevaux de traits occupaient tout l'espace), quelques bien belles machines agricoles au pied desquels toutes les banques courtisaient le chaland, ce n'était qu'étalages tristes et mornes.
La bonne idée fut d'aller près du hangar baptisé festival de l'élevage.
C'est là que j'ai vu les plus belles vaches de ma vie, des coquettes aux poils lustrés ( j'avais le souvenir des vaches de mon enfance au cul maculé de merde survolé par des nuages de mouches vrombissantes), délicatement conduites par de jeunes filles en chemises blanches et jupes bleu marine ou de beaux gars fiers comme des artabans d'avoir à mener sur scène leur plus belle bête.
L'ado rebelle (que j'ai réussi à traîner dès potron-minet lui promettant que ce qu'elle verrait était unique et inoubliable, ne pouvant qu'enrichir son expérience des hommes et du commerce) et l'oncle urbain ont malheureusement refusé de traverser cette superbe étable où la vache alanguie sur une paille à faire envie attendait son tour de podium. L'ado restait le foulard collé sur le nez quant à l'oncle, il ne voulait pas déranger!
Bref, notre virée à Lessay a terminé sur cette image de vache laitière aux pis gonflés et roses ... A tout prendre je préfère les petits marchés du Poitou où le vendeur d'anguilles côtoie le marchand de poulets sans prétention.
Demain je vous parlerai du vide grenier de Virey.
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