vendredi 22 mars 2013

Dans le jardin de la bête


Je ne suis pas très friande de livres d'histoire de vulgarisation encore moins de romans historiques à l'exception de ceux écrits par Françoise Chandernagor. Cependant, je recommande ce livre d'Erik Larson, dans le jardin de la bête.
Certes, j'ai du mal à le finir, lassée par cette écriture typiquement américaine qui sert à maintenir le lecteur en haleine et à faire durer le plaisir, et qui consiste à consacrer chronologiquement un personnage à chaque chapitre. Il est possible dès les premières lignes des dits chapitres de savoir ce qu'ils contiennent et de  lire uniquement, par exemple,  ce qui concerne Martha ou son père. L'auteur fait durer le plaisir autour de petits faits qui, à la longue, auraient pu être condensés.
Cependant, c'est un livre à lire. 
Ce n'est pas un roman, mais une enquête historique basée sur de vraies sources et d'excellentes références bibliographiques. Il rend à merveille l'atmosphère des années 1933 à 1937, en Allemagne, à travers ce qu'en ont vécu l'ambassadeur américain Dodd et sa famille. Notamment, il rend compte comment certains ont pu être fascinés par ce qu'ils pensaient voir dans le nazisme comme une révolution d'un nouveau genre, en cours, faisant fi des propos antisémites, racistes et outranciers entendus, de la réalité des camps, de la torture et des assassinats. 
A ceux-là et, notamment Martha, qui devient la maîtresse de plusieurs dignitaires nazis avant de tomber dans les bras d'un espion soviétique,  il faut plus d'un an avant de rejeter le régime et d'en voir ce qu'il a de plus tordu. Lorsque Ana Rath, qui veut épouser un Juif,  est violentée, en 1933, devant elle, par un groupe de nazis furieux, la fille de l'ambassadeur, exaltée,  continue à ne pas voir la réalité et à ne pas y croire. 
L'auteur nous fait saisir à merveille ce que j'appelle l'état de sidération dans lequel se trouve alors une majorité de personnes, y compris des Américains. Ceux qui, dès le début, dénoncent le régime ne sont pas vraiment entendus, souvent vilipendés, accusés d'aggraver les tensions. La majorité prône le consensus mou, l'attente alors que c'est ce qui va jouer définitivement en faveur des nazis.
Enfin, on prend réellement conscience du sort réservé aux Juifs, de leur exclusion de la société et de l'enfermement progressif qu'ils subissent, de l'antisémitisme global qui règne en Europe et aux Amériques, notamment.
Ce livre qui se lit comme un thriller est d'une grande richesse informative, concernant l'Allemagne, mais aussi les Etats-Unis et les milieux diplomatiques proches de Roosevelt. Il démonte les rouages des ambassades. Il donne en outre l'envie de visiter Berlin ou, en ce qui me concerne, d'y retourner.

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