Il y a des livres pour lesquels je n'accroche pas mais qui pourtant m'intéressent. Je mets des semaines à les finir, ne voulant pas consacrer plus que ce petit moment du soir où je me glisse entre les draps afin de lire quelques pages. Ils sont un excellent moyen pour me plonger vite fait dans le sommeil le plus profond.
Pourtant je persévère gardant, pour la bonne bouche, ceux qui sont la promesse d'un temps volé sur le travail, le rangement ou la tonte de la pelouse! Ils attendent au pied du lit, je passe en les caressant du regard, parfois de la main. Ces confiseries littéraires sont des promesses d'évasion, aussi délectables que le chocolat noir à la fleur de sel! Ils me mettent littéralement l'eau à la bouche.
Il me faut, avant tout, achever ce best seller allemand, acheté au hasard de musardages dans les rayons poches de la librairie Dialogues à Brest: Quand la lumière décline d'Eugen Ruge ( 448 pages, 10/18). La construction à la manière américaine, un chapitre = une date + un personnage, a probablement le don de m'endormir au delà de trois pages, mais la tristesse de ces vieillards qui peuplent le bouquin, leurs regrets, le sentiment d'inutilité qui se dégage de l'écriture, remarquable à cet égard, me désespèrent un peu.
Cependant, le roman éclaire, de manière intéressante, la vie en Allemagne de l'est, sur quatre générations, d'une famille plongée dans les rets du communisme, non pas victime mais consentante et adhérente. Le titre est très bien choisi puisqu'on y lit la grisaille, la mort des idéaux et des héros, l'ennui, la ruine d'une Allemagne broyée, étriquée, très loin de l'Ostalgie.