mardi 20 novembre 2012

Hélène


Ma grand-mère s'appelait Hélène ou Marie, je ne sais pas trop au juste, je ne l'ai jamais connue. Elle est morte il y a très longtemps, en se suicidant avec un fusil dont elle avait mis le canon dans sa bouche. Enfin je crois. Je crois pour la façon de mourir, mais pour le suicide j'en suis sure. 
Mon père avait 15 ans. La version officielle qui me fut transmise par ma mère, et uniquement par elle, est que son mari la trompait.
Est-ce une raison suffisante?
Je me suis toujours demandée comment on pouvait mettre fin à ses jours pour le non-amour d'un homme alors que deux enfants, toujours jeunes, vivaient encore dans la famille. Je me suis interrogée sur le fait que le "mari et  père" ne soit rendu compte de rien, trop absorbé qu'il devait être par la maîtresse.
Mon frère dirait que c'était l'air du temps et qu'on ne se préoccupait alors pas trop des sentiments des uns et des autres. Que la vie était à marche ou crève.
Ma mère en tirait une conclusion de cause à effet, il fallait toujours "coucher" avec son époux sous peine de le voir aller ailleurs! J'ai compris cette formulation tardivement lorsque j'ai lu, Jeanne et les siens. Ce livre m'a éclairée sur les moyens de contraception efficaces à 100% que finissaient par adopter les couples lorsqu'un enfant naissait chaque année: faire chambre à part. Si la femme semblait alors se contenter de pouponner, si elle pouvait trouver refuge dans son métier et l'amour de ses enfants, le mari, lui ne pouvait s'en satisfaire et partait courir le "guilledoux". Rien de plus normal! 

Alors le suicide?
Je me suis demandée ensuite si la tentation du suicide était héréditaire, si la dépression qui en était à l'origine au point de créer une rupture soudaine dans l'état d'équilibre, se transmettait de génération en génération, si quelque part en moi il n'y avait pas ce sentiment d'impuissance qui mène à la mort?
Bof, questionnement à la con, sans doute....
Je ne suis pas vraiment d'humeur très gaie. 
Il n'y avait donc pas de secret de famille, rien que du cru, bien étalé, mais j'en tirai une certaine gloire comme si on pouvait être fière d'avoir eu une grand-mère assez courageuse pour se flinguer! C'était quand même plus héroïque que de mourir tout connement dans son lit de la tuberculose!
Une autre histoire me faisait fantasmer, celle d'un arrière grand-père trop petit pour partir à la guerre, qui était mort des suites d'un coup de pied de cheval!
De titre de gloire, il n'y en a pas dans la famille, si ce n'est que mon grand-père du côté maternel n'est pas mort à Verdun, qu'il a tenu 4 ans dans les tranchées, qu'il était au trou lors d'une grande offensive sur le front  et qu'il n'a même pas attrapé la grippe espagnole qui faisait des ravages car il carburait à l'aspirine alors qu'infirmier il côtoyait des soldats contaminés.

1 commentaire:

  1. Bon... Heureusement qu'il y a quelque chose de bien ce soir à la télé ! :-)

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