J'ai
adoré le dernier livre de Robert Bober. Il raconte une histoire des
années d'après guerre celle de sa mère et de ses pères, mais il comble
aussi les amoureux des rues de Paris qu'il décrit en pointillé. C'est
une oeuvre très subtile, impressionniste et profonde à la fois. Il
évoque notamment le cimetière du Père Lachaise et le mur des Fédérés.
J'aime particulièrement y emmener mes élèves, parce qu'il est un
symbole révolutionnaire. A proximité on y trouve les monuments
commémoratifs des différents camps de la mort, les tombes luxueuses et
staliniennes des pontes du PC, la France des années cinquante enterrées
sous le marbre cossu, noir et lustré. Cheminer dans le cimetière au
petit matin, terminer la matinée place de la République sont des
symboles forts.
Ce livre
conforte mon choix, parce qu'on traverse avec l'auteur ces quartiers
qui ont peu changé. On y trouve toujours de vieux bistrots au mobilier
de bois usé dont les pieds des chaises à la couleur marron
indéfinissable, au dossier raide mais accueillant, rayent le plancher
lorsqu'on les tire, les relents de tabac qui peinent à s'effacer, ces
zincs où quelques alcoloos viennent siroter leur premier blanc, le petit
noir qu'on déguste en regardant dehors par la vitre froide: les
enseignes pour matériel funéraire, les vieilles devantures cher à
Depardon et non pas ces boutiques franchisées ou ces bars aseptisés et
plastifiés.
Le livre donne parfois le sentiment d'être un peu le foutoir et pourtant, il a le charme des souvenirs heureux ou douloureux.
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